Pouliot- Finances publiques: l'étonnante déclaration de Philippe Couillard

Publié le 21/11/2013 à 09:47, mis à jour le 21/11/2013 à 09:47

Pouliot- Finances publiques: l'étonnante déclaration de Philippe Couillard

Publié le 21/11/2013 à 09:47, mis à jour le 21/11/2013 à 09:47

BLOGUE. Le chef du Parti Libéral, Philippe Couillard, semble prêt à attendre encore 3 ou 4 ans avant que le Québec ne revienne à l'équilibre budgétaire.

C'est du moins ce que plusieurs comprennent de sa déclaration de mercredi.

Selon les échos de presse qui parviennent de l'Assemblée nationale, monsieur Couillard a d'abord indiqué que l'état des finances publiques était inquiétant pour l'année en cours et la suivante. Il a ensuite précisé que les libéraux ne feraient pas du retour à l'équilibre une condition de leur appui au prochain budget.

Jusqu'ici, c'est plus ou moins surprenant. Les libéraux s'étaient montrés hésitants à faire du retour à l'équilibre en 2013-14 une condition sine qua non à leur appui au budget. Histoire de ne pas nuire à l'économie.

Ce qu'ajoute le chef de l'opposition est cependant plus surprenant.

«Dans l'année en cours je pense que ce n'est pas réaliste, avec 2,3 milliards $ de déficit, personne ne s'attend à ce qu'on puisse équilibrer le budget pour l'année. Pour l'année prochaine on doit s'approcher le plus possible de l'équilibre et avoir un plan pour les deux ou trois années suivantes qui nous amènent vers un équilibre solide, vers un plan crédible.»

Que veut dire le chef de l'opposition?

Monsieur Couillard semble douter de la croissance économique à venir et voir le budget non pas dans une impasse cyclique, mais dans une impasse structurelle. Dit autrement, sur un horizon de temps de quelques années, les cycles porteurs ne suffiront pas à renflouer les coffres pour les cycles de ralentissement.

Il nous faut donc ajouter des revenus, ou couper dans les dépenses, de manière à ce que l'équilibre soit suffisamment solide pour que l'on ne passe jamais sous le déficit zéro, même quand ça va mal. En théorie, la loi impose déjà cette obligation, mais le chef libéral semble redouter que cette loi ne soit sans cesse amendée. D'où la demande pour un plan crédible.

Un plan crédible de quoi? Ça aussi ce n'est pas très clair.

Sans doute un plan crédible de création de richesse. De manière à ne pas ajouter trop de fardeau sur les épaules des contribuables.

Sachant qu'il a des chances de prendre le pouvoir aux prochaines élections, il recherche peut-être à se donner un peu d'espace de manœuvre pour pouvoir mettre en œuvre quelques chantiers. Ces chantiers ont généralement des coûts initiaux avant de porter fruits, d'où une probable hésitation à réclamer un retour trop rapide à l'équilibre.

C'est une approche qui pourrait se défendre, mais on a personnellement des doutes. Le Québec est dans une situation budgétaire où il n'a malheureusement plus les moyens de s'engager dans des politiques qui puissent influencer son économie significativement.

Si nous sommes structurellement en déséquilibre, tôt ou tard, il faudra donner un nouveau tour de manivelle dans les dépenses. Attendre fait augmenter le risque d'une diminution de la marge de manoeuvre dans l'avenir (en faisant augmenter la dette). Ça aussi, monsieur Couillard semble curieusement en être conscient, puisqu'il demande que l'on s'approche le plus possible de l'équilibre pour l'an prochain.

Bien hâte qu'il précise sa vision, de même que le gouvernement.

On devrait mieux comprendre dans quelques jours, lors de la mise à jour économique.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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