Pouliot - CSeries: et maintenant, l'étape ultime

Publié le 17/09/2013 à 09:07, mis à jour le 17/09/2013 à 15:14

Pouliot - CSeries: et maintenant, l'étape ultime

Publié le 17/09/2013 à 09:07, mis à jour le 17/09/2013 à 15:14

BLOGUE. Il y avait une belle atmosphère, lundi matin, aux installations de Bombardier à Mirabel. Sans avertissement, le CSeries a soudainement mis les gaz et s'est silencieusement envolé. Les acclamations ont aussitôt fusé. C'est un grand jour pour l'avionneur québécois et ses employés. Reste maintenant l'étape ultime: certifier la performance promise et signer des commandes à bon prix.

Le nouvel appareil s'est promené dans les airs pendant plus de deux heures, mais il faudra encore quelques mois pour évaluer si la performance promise est au rendez-vous.

Ces derniers temps, un certain nombre d'inquiétudes ont flotté sur les marchés financiers.

Bombardier a 177 commandes fermes pour le CSeries, et souhaite en avoir 300 à pareille date l'an prochain. Les derniers mois n'ont cependant pas vu beaucoup de commandes entrer. Aucune n'est par exemple venue au Bourget, alors que les versions améliorée d'Airbus et Boeing en ont décroché plusieurs.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

Une récente recension de CIBC Marchés mondiaux révèle que pour son nouvel appareil Neo 320, Airbus a déjà au carnet 1719 appareils, et Boeing en a plus de 1200.

Il faut cependant se méfier de ces chiffres. Le A320 et le 737 de Boeing sont des plus gros porteurs que le CSeries et ciblent le marché du 150 passagers et plus. Les deux modèles de Bombardier (CS100 et CS 300) ciblent plutôt le 100-149 passagers. Chez Airbus, c'est le Neo A319 qui est prévu pour ce marché et chez Boeing, le 737-Max7, deux versions dérivées des plus gros porteurs. La récolte de commandes de ce côté est nettement plus faible: 45 pour Airbus et 30 pour Boeing.

Avec ses 177 commandes fermes, le CSeries est donc nettement toujours en avance.

Deux ou trois questions demeurent tout de même dans les esprits.

Le marché est-il aussi important que prévu?

Bombardier voit un marché de 6900 appareils dans les 20 prochaines années pour le créneau du 100-149 passagers. Et elle espère que le CSeries s'accaparera de 50% de ce marché.

Il est toujours difficile d'évaluer un marché, mais le pronostic semble avoir pris de la force dans la dernière année, puisqu'il n'y a pas si longtemps encore, l'entreprise parlait plutôt d'un marché de 6500 appareils.

Bombardier peut-elle prendre 50% de marché?

Une très grande question.

Il faudra d'abord qu'elle fasse la démonstration que son appareil est effectivement plus économe que tout ce qui se trouve sur le marché. En théorie, le CSeries devrait être 15% plus économique que les porteurs actuels.

Les futurs appareils améliorés d'Airbus et Boeing offriront de meilleurs résultats, mais il est pratiquement impossible que le CSeries ne leur soit pas toujours supérieur. Des améliorations à de vieux appareils, conçus et dessinés pour une plus grande quantité de passagers (160 passagers et plus), peuvent difficilement espérer rivaliser.

Oui, mais, si Airbus et Boeing coupent les prix comme le fait actuellement Embraer avec les jets régionaux?, dites-vous. Ils pourront maintenir leurs parts de marché.

Bombardier pourrait aussi couper les prix et toujours aller chercher cette part de 50%. Il se trouve cependant effectivement ici un risque, pour l'actionnaire, que les retombées ne soient plus les mêmes.

Quel est le potentiel de création de valeur du CSeries?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?