Pouliot - Ça chauffe en Océanie, Saputo doit-elle dire adieu à l'Asie?

Publié le 18/10/2013 à 14:48, mis à jour le 18/10/2013 à 16:04

Pouliot - Ça chauffe en Océanie, Saputo doit-elle dire adieu à l'Asie?

Publié le 18/10/2013 à 14:48, mis à jour le 18/10/2013 à 16:04

BLOGUE. Alors que l'industrie fromagère canadienne est focalisée sur les conséquences de la nouvelle entente de libre-échange avec l'Europe, ce n'est pas tout à fait de ce dont on discute dans les bureaux de la montréalaise Saputo. Ça chauffe de plus en plus en Australie. Une arrivée inattendue sur le champ de bataille, vient de semer le doute quant à l'offre d'acquisition de Warrnambool et sa tentative de positionnement en Asie-Pacifique.

On croyait initialement que Saputo réussirait à coiffer assez aisément le transformateur laitier Bega Cheese, avec une offre d'acquisition à 7$ en argent.

Les choses se sont cependant compliquées dans les dernières heures, avec l'arrivée d'un troisième acteur, la coopérative locale Murray Goulburn, qui surenchérit à 7,50$ par action.

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Saputo est donc désormais en course contre l'actionnaire numéro 1 (Bega, avec 18% du capital) et l'actionnaire numéro deux (Murray, avec 17%), et doit maintenant décider si elle majore son offre.

Déjà, Saputo n'offrait pas faible prix pour l'acquisition de Warrnambool. La direction de la société australienne estime que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) devrait se situer entre 45 et 50 M$ en 2014, ce qui signifiait une offre à un multiple de 9 ou 10 fois le BAIIA. À ce niveau, la transaction pouvait encore néanmoins ajouter au bénéfice de Saputo.

Si elle surenchérit, la société québécoise n'obtiendra cette fois aucun rendement court ou moyen terme sur son investissement.

Saputo surenchérira-t-elle?

Quelque chose nous dit que oui.

Warrnambool est réputée être le quatrième transformateur laitier en Australie (fromage, beurre, lait, crème), avec une part de marché de 10%. La croissance de ce marché est fort modeste alors que, selon Dairy Australia, la consommation de lait n'a augmenté que de 1% par année dans les derniers sept ans.

"Pourquoi donc Saputo voudrait-elle entrer à perte (de rendement) sur un marché qui n'offre pratiquement pas de perspective de croissance?", dîtes-vous.

La raison est assez simple: ce n'est pas ce marché qui est visé, et c'est le long terme que la direction a à l'esprit.

L'Australie est l'un des rares pays qui produit du lait au-delà de ses besoins intérieurs. BMO Marchés des capitaux calcule que l'Océanie ne représente que 4% de la production mondiale de produits laitiers, mais que ses exportations représentent 39% du total des exportations mondiales.

Le prix du lait varie en fonction de la demande mondiale, et y est généralement accessible à bon coût. Warrnambool est réputé être un producteur à faibles coûts. C'est la cible idéale pour établir une base de production destinée à exporter en Asie-Pacifique.

Bien que plusieurs Asiatiques soient allergiques au lactose, l'accroissement des revenus des ménages en Chine devrait, avec le temps, amener une augmentation intéressante des volumes de consommation de produits laitiers.

Voilà pourquoi l'on guerroie ferme autour de Warrnambool, et pourquoi Saputo devrait surenchérir.

Qui l'emportera?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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