Pouliot - Bombardier + Cascades: la rente de longévité est maintenant en péril

Publié le 22/08/2013 à 09:42, mis à jour le 22/08/2013 à 09:42

Pouliot - Bombardier + Cascades: la rente de longévité est maintenant en péril

Publié le 22/08/2013 à 09:42, mis à jour le 22/08/2013 à 09:42

La pomme de discorde est majeure

La pomme de discorde est majeure. Mis à part les syndicats, la seule entité corporative à avoir jusqu'à maintenant endossé la rente de longévité est Desjardins. Ce qui, étant donné la paternité du rapport, n'est pas un appui qui pèse beaucoup.

Le Conseil du patronat s'est lui aussi en journée dit contre la rente dans sa forme actuelle.

Le principal problème auquel fait face le projet réside dans la compétitivité des entreprises québécoise si jamais la hausse est mise en œuvre.

Le député Alain Therrien a amené un fort intéressant échange avec l'économiste du Conseil, Norma Kozhaya. Le député a fait remarquer que, si les charges sociales étaient plus élevées au Québec, les salaires étaient aussi moins élevés qu'en Ontario, et qu'en additionnant les deux, même avec la rente de longévité, le coût de la main-d'œuvre québécoise demeurerait moins élevé.

Madame Kozhaya n'a pas nié. Elle a cependant expliqué que si une augmentation des charges sociales avait généralement pour effet de se traduire par une baisse des salaires, celle-ci ne se produisait que sur une période de 7 ou 8 ans, et que dans l'intérim il faudrait encaisser le choc.

Quelques minutes auparavant, le président de Cascades avait pour sa part indiqué que même si le Canada adoptait aussi la rente de longévité, la concurrence à laquelle il faisait face depuis la remontée du dollar canadien venait principalement des États-Unis.

La situation est aujourd'hui la suivante. Pour obtenir l'adhésion d'une partie de Québec inc. à la rente, il faudrait forcer les salariés des grandes entreprises à accepter que l'employeur abaisse de 1,6% sa cotisation actuelle aux régimes de retraite.

Ce qui ne peut pas vraiment se faire. Agir ainsi reviendrait pour l'État à avantager les grandes entreprises par rapport aux plus petites. Une petite entreprise, avec un bilan généralement plus fragile, devrait cotiser le 1,6% supplémentaire alors que la plus grande, à qui elle tente de prendre du marché, n'aurait pas à le faire. Il est erroné de croire que les marchés des grandes et des petites entreprises sont différents. Ils sont bien souvent les mêmes. Une grande entreprise n'est très souvent qu'une consolidation de petites.

Il sera intéressant de voir comment se positionneront les partis politiques dans les prochaines semaines. Pour l'instant, chacun semble étudier la situation.

L'enjeu est simple. Quelqu'un devra un jour payer pour la pauvreté de plusieurs centaines de milliers de Québécois. La question l'est moins: capitalise-t-on aujourd'hui significativement pour demain alors que la pyramide démographique le permet encore, ou attend-on à demain?

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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