Gentilly 2 menace de faire gonfler la dette

Publié le 28/09/2012 à 09:12, mis à jour le 28/09/2012 à 09:12

Gentilly 2 menace de faire gonfler la dette

Publié le 28/09/2012 à 09:12, mis à jour le 28/09/2012 à 09:12

Photo : Hydro-Québec

BLOGUE. Il n'y a pas que la question de l'impôt des riches qui doit donner des maux de tête au ministre des finances Nicolas Marceau ces jours-ci. Avec le démantèlement de Gentilly 2, l'atteindre de l'équilibre budgétaire l'an prochain apparaît désormais fort questionnable. Et même si on l'atteint, on devra fort probablement pousser 1,5 G$ de plus que prévu à la dette du Québec.

La chaîne Argent publiait il y a quelques jours les passifs prévus au dernier rapport annuel d'Hydro-Québec concernant Gentilly 2. L'occasion pour nous de constater comment la peur est installée chez Hydro-Québec. La société d'état refuse d'expliquer la signification de ses notes financières, ce qui est inacceptable de la part d'une société publique.

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Mais ne nous écartons pas.

Il ressort du rapport annuel 2011 d'Hydro que la fermeture de Gentilly 2 pourrait générer un passif supplémentaire de 1,5 G$. Parce que l'évaluation a été faîte à une époque où l'on pensait davantage à relancer la centrale, on ne serait pas étonné de voir ce montant gonfler prochainement. Pauline Marois a sans doute eu la même intuition en demandant à Hydro de lui produire un rapport exhaustif sur le coût de déclassement. Cela dit, restons pour l'instant à 1,5 G$.

Où ira ce 1,5 G$?

Il n'y a pas de certitude absolue, mais une majorité d'experts à qui l'on cause expliquent que lorsqu'une obligation financière future devient certaine, la règle est normalement de la faire passer l'année même à l'état des résultats.

Pour faire une histoire courte, c'est dire qu'une charge extraordinaire de 1,5 G$ pourrait devoir être prise aux états financiers d'Hydro cette année (d'ici le 31 mars) ou l'an prochain. Et conséquemment se répercuter dans les états financiers de la province.

Le dernier budget prévoit que l'on finira l'exercice 2012-13 (31 mars) avec un déficit de 589 M$. Pour l'an prochain, il est prévu que le gouvernement affiche un surplus de 1,041 G$.

Dans l'état actuel des choses, il semble que l'État ait deux options: décider d'adopter le décret de déclassement avant le 31 mars, et faire descendre la perte dans les résultats de cette année; l'adopter après, et la faire descendre dans ceux de l'an prochain.

C'est un choix embêtant pour un gouvernement minoritaire. Déjà la pente à remonter pour atteindre la cible budgétaire de cette année est ardue. Quelques éléments n'étaient pas prévus au cadre financier du PQ dans ses mesures compensatoires pour l'abolition des frais de scolarité et le programme de garderie. Il y a ainsi apparemment pour 800 M$ de dépassements dans les dépenses et une croissance économique plus faible que prévu (200-300 M$ de moins). Si l'on doit abandonner la rétroactivité sur l'impôt des plus riches et le gain en capital, tout en abolissant la taxe santé, le déficit risque d'être passablement plus lourd que 589 M$ cette année. On sera sans doute hésitant à l'alourdir davantage avec Gentilly.

L'an prochain est plus tentant, alors qu'il se trouve un coussin de 1G$ pour amortir le choc. Mais pour pouvoir transporter la dépense à l'an prochain, il faut vraisemblablement un décret au lendemain du 31 mars 2012 (fin de l'exercice financier). Malheureusement se rendre au 31 mars nécessite d'avoir déposé un budget qui ne soit pas battu. Vous voyez le portrait: il vaut peut-être mieux s'assurer d'adopter le décret dans l'année en cours, sinon on risque de ne jamais pouvoir l'adopter.

 Dans un cas comme dans l'autre, il apparaît de plus en plus certain que la province n'aura de toute façon pas les moyens de renflouer ce 1,5 G$ et devra l'ajouter à la dette.

Danger chez les agences de notation?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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