Intelligence artificielle : transformez vos données en actions concrètes

Publié le 14/05/2018 à 10:21

Intelligence artificielle : transformez vos données en actions concrètes

Publié le 14/05/2018 à 10:21

Comme disait l’humoriste Yvon Deschamps : « On ne veut pas savoère, on veut voère ». Une expression qui illustre bien l’attitude de nombreuses entreprises face au concept de l’intelligence artificielle (IA), qui semble si tangible et si abstrait à la fois. Or, plus les entreprises partageront leurs expériences concluantes en IA, plus il y en aura d’autres qui voudront, elles aussi, profiter de cette avancée technologique.

La décision de L’Oréal Canada de placer les multiples données provenant de ses 38 marques au cœur de sa transformation est justement un exemple qui peut en inspirer plusieurs. Depuis 2014, cette société utilise ses métadonnées et l’intelligence artificielle afin de créer de la valeur auprès de ses consommateurs.

« Le marché de la beauté vit, en ce moment, une période de changement incroyable. Nous assistons à l’arrivée de marques indépendantes, la présence d’Amazon, la fragmentation des médias… bref, nous sommes dans ce que nous appelons un «VUCA World ». Nous devons composer avec de la volatilité (volatility), de l’incertitude (uncertainly), de la complexité (complexity) et de l’ambigüité (ambiguity) », a indiqué Martin Aubut, chef de la direction numérique, division marketing chez L’Oréal Canada. M. Aubut était l’un des invités à la conférence Intelligence artificielle présentée par les Événements Les Affaires, le 8 mai dernier, à Montréal.

Testez, apprenez, tombez et recommencez

« Nous sommes encore qu’au tout début du processus. On teste, on apprend, on tombe et on recommence. Néanmoins, nos premiers tests démontrent déjà que ces croisements de données ont permis d’augmenter de 18% les revenus par visite sur nos sites web ecommerce », a souligné M. Aubut.

Ce travail qui s’effectue avec le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM) est même devenu un projet porteur au sein du groupe mondial L’Oréal, a-t-il fièrement mentionné. « L’IA nous permet de recommander les bons produits et contenus au bon consommateur, dans le bon contexte, dans le bon temps, et ce, avec une valeur perçue positivement », a indiqué le conférencier.

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Quand l’IA permet de mieux assurer

Chez le Groupe Co-Operators, qui gère plus de 35 G$ d’actifs au pays, l’intelligence artificielle permet non seulement d’améliorer l’offre de services, elle permet à cette coopérative canadienne du secteur de l’assurance d’innover dans son domaine depuis 2015.

« Chez nous, l’intelligence artificielle n’est pas perçue comme un agent disrupteur. C’est davantage notre modèle d’affaires, bouleversé par ce nouvel outil, qui est disrupteur à nos yeux », a fait savoir Carl Lambert, vice-président intelligence d’affaires et chef des données et de l’analytique chez Co-Operators. 

L’IA, a-t-il souligné, n’est vraiment pas un outil « plug & play ». « Pour que ça fonctionne, a-t-il dit, l’humain doit absolument faire partie de l’équation. » L’exercice, mené par l’assureur afin de modéliser les risques d’inondation à travers tout le pays, en a d’ailleurs fait la démonstration.

« Au départ, on utilisait un outil qui permettait d’évaluer l’élévation du terrain. On a vite constaté que le système ne percevait pas la différence entre la réelle élévation du sol et celle des arbres, particulièrement dans les villes. Ce qui donnait des résultats invraisemblables. Nous aurions ainsi sous-tarifé des clients plus à risque et surchargé d’autres qui l’étaient moins », a raconté François Godbout, directeur principal, recherche et innovation analytique chez Groupe Co-Operators.

Il a donc fallu à l’équipe de M. Godbout rassembler plusieurs autres sources de données pour déterminer les zones plus à risque. L’entreprise a également fait appel à des chercheurs universitaires pour faciliter la modélisation.

« Emballé par l’obtention de résultats encore plus précis, nous avons par la suite intégré les données provenant des océans, des mouvements des marées, y compris des images des plaques tectoniques. Ce qui nous permet aujourd’hui d’offrir un produit adapté aux propriétaires côtiers de la Colombie-Britannique et de la Nouvelle-Écosse. Ce qui n’était pas possible avant », a souligné M. Godbout.

L’entreprise est ainsi devenue le premier assureur au pays en 2015 à pouvoir desservir des clients face aux risques d’inondation. Elle est devenue la première à assurer des clients en zone côtière en 2018, ont tenu à signaler les deux conférenciers du Groupe Co-Operators, « Et d’ici la fin de l’année, Co-Operators pourra offrir ce produit à l’ensemble des citoyens du pays. La modélisation des zones inondables du Québec et des autres provinces maritimes sera complétée », a indiqué François Godbout.

Remarquez, Co-Operators n’a pas fini de partager ses bons résultats en IA. L’entreprise lancera à la fin du mois de mai la nouvelle Chaire Co-Operators en analyse de risques actuariels en partenariat avec l’UQAM.