Un signal à écouter: Vanguard ferme son fonds de dividendes, trop populaire

Publié le 28/07/2016 à 15:47

Un signal à écouter: Vanguard ferme son fonds de dividendes, trop populaire

Publié le 28/07/2016 à 15:47

(Photo: Bloomberg)

Fondée après l’un des pires marchés baissiers de l’histoire en 1975, Vanguard a toujours été à l’avant-garde de son industrie.

Vanguard a notamment été la pionnière des fonds négociés en Bourse dont les frais réduits poussent encore aujourd’hui ses concurrents à revoir les leurs à la baisse.

Sa culture axée sur le client d’abord en fait donc un exemple à suivre, car le fournisseur de fonds aime se placer en avant de la vague, à l’image du navire qui orne son logo.

Or, le géant des placements de la Pennsylvanie vient encore une fois de poser un geste révélateur en fermant aux nouveaux investisseurs son fonds Vanguard Dividend Growth Fund, nous apprend le Wall Street Journal.

Fort d’un actif de 30 milliards de dollars américains et de ses 24 ans d’existence, le fonds est devenu trop populaire auprès des investisseurs qui l’utilisent comme solution de rechange aux rendements anémiques que procurent les obligations.

Le fonds a en effet reçu rien de moins que 3 milliards de dollars américains d’argent frais depuis six mois. Son actif a presque doublé en trois ans.

«Vanguard prend proactivement des mesures pour ralentir les entrées d’argent afin de s’assurer que la capacité du gestionnaire (Wellington Management) à produire des rendements adéquats à long terme ne soit pas compromise», explique le président de Vanguard, Bill McNabb, par voie de communiqué.

Les porteurs existants du fonds peuvent toutefois continuer à y investir.

En d’autres mots, tout cet argent frais à réinvestir oblige le fonds à acheter des payeurs de dividendes croissants au moment où leur évaluation excessive, diront certains, limite leur rendement futur. Et si le fonds conservait en encaisse l'argent reçu des investisseurs, son rendement pourrait tirer de l'arrière aussi, par rapport à son indice de référence.

Et dans l'éventualité d'une remontée des taux, ce sont des pertes auxquelles s'exposent les investisseurs.

C’est dire à quel point l’appétit des rendements, en cette ère de taux-zéro, nourrit un engouement inégalé pour tout titre qui verse des revenus réguliers, des payeurs de dividendes, aux obligations de sociétés.

Même si nombreux sont ceux qui croient que les dividendes resteront populaires encore longtemps étant donné les énormes besoins de revenus des «baby-boomers», la décision de Vanguard est tout de même un bon signal que les «substituts» aux titres à revenu fixe sont chers et risquent de rater les rendements que leurs partisans espèrent justement obtenir.

Des évaluations excessives au Canada aussi

Le Canada n’échappe pas à cette fièvre pour les «substituts aux revenus fixes» (bond proxies) puisque les taux à long terme ont encore baissé cette année, contre toute attente.

Jugez par vous-mêmes. Depuis le début de l’année, les fournisseurs d’électricité ont bondi de 16,7%, les fournisseurs de services de télécommunications de 17,6% et les fonds de placement immobilier à capital fermé (FPI ou Reits), de 10,3%.

Vince Valentini, de TD Valeurs mobilières, admet que l’évaluation des titres de télécommunications est «excessive», mais il les recommande toujours, car il prévoit que les faibles taux persisteront.

Mark Rothschild, de Canaccord Genuity, signale à son tour que les multiples d’évaluation des FPI se rapprochent de sommets historiques.

Malgré tout, cet analyste croit aussi que ces titres resteront populaires puisque le rendement que procure leur distribution est de 4,7% supérieur à celui qu’offre une obligation canadienne de 10 ans, un écart jamais vu en carrière.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
Sujets liés

Économie , Bourse

Blogues similaires

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

19/04/2024 | Denis Lalonde

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Verizon, le nouveau défi de Manon Brouillette

Édition du 16 Juin 2021 | Stéphane Rolland

ANALYSE. La notoriété a une dimension régionale. La nomination de Manon Brouillette à la ...