Bourses: le manque de conviction et la méfiance dominent

Publié le 29/02/2016 à 19:00, mis à jour le 01/03/2016 à 14:16

Bourses: le manque de conviction et la méfiance dominent

Publié le 29/02/2016 à 19:00, mis à jour le 01/03/2016 à 14:16

Photo: Shutterstock

Après le pire début d’année de l’histoire en janvier, voilà que les gains engrangés en février s’étiolent.

Le S&P 500 américain s’essouffle après avoir rebondi de 6,5%, dans la foulée du creux du 11 février.

L’indice phare américain a perdu 0,4%, en février, ce qui marque trois mois de reculs, soit sa pire performance depuis la tempête de 2011. Le Nasdaq bât en retraite depuis trois mois aussi.

Par contre, le Dow Jones connaît son premier mois de gain, de 0,3%, depuis novembre.

L’indice mondial MSCI de tous les pays recule aussi depuis quatre mois, ce qui constitue sa pire succession de déclins, depuis 2009.

Les investisseurs restent indécis deux semaines avant la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine(Fed), qui donnera un nouvel aperçu de la trajectoire des taux, au moment où l’inflation pointe le bout de son nez.

Si les investisseurs craignent moins une récession américaine qu’en janvier, grâce à une série de données rassurantes, une autre hausse des taux par la Fed pourrait redonner du tonus au dollar américain, lequel nuirait à nouveau aux bénéfices des multinationales américaines.

L’indicateur GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta pointe vers une croissance de 2,1% de l’économie américaine au premier trimestre, le double de la progression d’un pourcent, du quatrième trimestre.

La Chine et le pétrole: des influenceurs au jour le jour

Le pétrole a cessé de chuter, mais les investisseurs restent méfiants concernant les tractations entre les producteurs de pétrole, étant donné leurs intérêts divergents.

Par exemple, les producteurs américains de pétrole de shale ferment plusieurs puits, mais peuvent les ré-ouvrir rapidement si les cours remontaient près de 40$US le baril, surtout que plusieurs d’entre eux ont déjà vendu leur future production à des cours supérieurs au prix comptant actuel, grâce aux contrats à terme.

En Russie, la chute du rouble compense en partie la perte de revenus des producteurs, qui reçoivent des dollars américains et des euros pour leur carburant. Quant à l'Iran, le pays a bien l'intention de retrouver la production de 2 millions de barils qu'il avait avant l'embargo américain.

Demain, la Chine dévoilera aussi la version finale de ses deux indicateurs d’activité économique PMI pour le mois de février, et Barclays s’attend à ce qu’ils confirment une détérioration des nouvelles commandes et de la production.

En revanche, si la Fed ne bouge pas le 16 mars et que le yuan chinois reste stable, cela ouvrira la porte à de nouvelles baisses du taux directeur de la Banque centrale chinoise, plus stimulantes que les récentes diminutions des réserves des banques, prévoit d’ailleurs Barclays.

Dans l’indécision, les investisseurs se laissent bercer par le pouls technique à court terme. L’incapacité du S&P 500 à se maintenir au-dessus de sa moyenne mobile de 50 jours lundi, a probablement incité les négociateurs à encaisser leurs gains récents.

Le manque de conviction des investisseurs se reflète aussi dans le plus faible volume de négociation depuis le début de l’année.

Le volume de la dernière séance de février a été de 31% inférieur à sa moyenne depuis un mois, précise l’agence Bloomberg.

En attendant le coup de pouce de la Fed et du dollar

Les investisseurs voient peu de raisons de revenir en force aux actions et se contentent d’acheter lorsque le S&P 500 flanche.

Comme la cadence de l’économie mondiale, qui oscille autour de 3% depuis quatre ans, le S&P 500 vivote depuis la fin du troisième programme de rachat d’obligations par la Fed en octobre 2014 et reste 10% sous le sommet atteint, en mai 2015, fait remarquer Martin Roberge, de Canaccord Genuity.

Le stratège quantitatif est de ceux qui croient que l’économie mondiale a besoin d’un dollar américain moins fort pour stimuler le secteur manufacturier, redonner du tonus aux cours des ressources naturelles et à leurs producteurs, dont les pays émergents, et pour raviver la croissance des bénéfices américains.

«Les taux d’intérêt réels sont redevenus négatifs aux États-Unis, ce qui devrait favoriser l’emprunt, la consommation et l’appétit du risque et éviter une récession et un marché baissier aux États-Unis. Toutefois, la Bourse américaine continuera d’aller nulle part tant que la dépréciation du dollar américain ne mettra pas un terme à la récession des profits plus tard en 2016», croit le stratège.

Si la Fed persiste à vouloir hausser ses taux et que les banques centrales de l’Europe et du Japon persistent aussi à dévaluer leur propre monnaie, l’économie mondiale restera anémique, jusqu’à ce que les gouvernements soient contraints d’instaurer des mesures fiscales comme le recommandent déjà le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), soutient M. Roberge.

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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