Bourse: le pire début d'année de tous les temps

Publié le 08/01/2016 à 17:37

Bourse: le pire début d'année de tous les temps

Publié le 08/01/2016 à 17:37

Aucun enthousiasme n’a accueilli la meilleure création d’emplois que prévu aux États-Unis pour décembre et la révision à la hausse des deux mois précédents.

Les indices américains ont encore perdu 1% vendredi portant à 6% leur perte de la semaine, soit le pire début d’année jamais vu pour le S&P 500 et le Dow Jones.

Les observateurs ébranlés par la chute des cours et les craintes chinoises, se sont concentrés sur la hausse anémique des salaires, la stagnation des heures travaillées et le taux de chômage inchangé. Leur méfiance s’explique aussi par le temps doux de décembre qui a gonflé l’emploi dans le secteur de la construction.

Pourtant, le taux de chômage stable reflète surtout le retour de 466000 personnes sur le marché de l’emploi, le plus depuis 21 mois, ce qui signale que les Américains ont meilleur espoir de décrocher un boulot.

Puisque les données sur l’emploi sont un indicateur rétrospectif, les prévisionnistes s’attendent déjà à ce que le marché de l’emploi se détériore de concert avec la cadence économique, au cours des prochains mois.

Le pire début d’année pour diverses Bourses n’a pas de quoi inspirer confiance non plus tant chez les investisseurs que les dirigeants d’entreprises.

Il est aussi facile de tomber dans la déprime lorsque de grands financiers, tels que Georges Soros, font des parallèles entre la crise de croissance de la Chine et la crise financière de 2008. Il avait aussi sonné l’alarme au pire de la crise de la dette européenne en 2011, qui s’est finalement résorbée.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a aussi utilisé des termes forts comme « changement séismique » pour décrire la fin du cycle haussier des ressources dont les répercussions canadiennes s’étaleront « sur plusieurs années », malgré le coup de pouce du huard faible. 

D’importants dommages derrière les indices

Les investisseurs mondiaux ne sont pas d’humeur à acheter après avoir vu s’évaporer 2 300 milliards de dollars américains depuis le début de l’année.

En fait, depuis la fin du troisième programme de rachat d’obligations de la Fed, en octobre 2014, l’action médiane de l’indice Morgan Stanley All-Country a perdu 21%; le tiers de 2491 actions mondiales ont perdu plus de 30% de leur valeur et 53% d’entre elles plus de 20%, précise le stratège en chef Michael Hartnett, de Bank of America Merrill Lynch.

Et même si les indices américains ont limité leurs dégâts pour l’instant à une correction classique d’environ 10%, le titre moyen dans l’indice S&P 1500 avait déjà chuté de 24% de son sommet, le 6 janvier, selon Bespoke Investment Group.

Plusieurs commentateurs ont aussi répété à tour de rôle que sans que sans les Nifty Nine - neuf coqueluches boursières américaines (Facebook, Amazon, Netflix, Alphapet-Google, soit le FANG, ainsi que les titres Microsoft, Salesforce, eBay, Priceline et Starbucks) - le S&P 500 aurait perdu environ 3% en 2015 au lieu de surnager de 0,7%. 

Le pessimisme : un signal de rebond technique à court terme

Techniquement, plusieurs indicateurs envoient des signaux d’achat à court terme, estime M. Hartnett.

Quelque 88% des Bourses mondiales se négocient en effet sous leurs moyennes mobiles des 200 et des 50 derniers jours.

Le niveau de pessimisme des investisseurs a aussi atteint un niveau qui prépare historiquement le terrain pour un rebond technique, dit aussi M. Hartnett.

Un rebond plus durable devra toutefois attendre que les indices d’activité manufacturière aux États-Unis et en Chine (PMI) repassent au-dessus du seuil de croissance de 50 et que le pétrole et le yuan chinois se stabilisent.

Le pétrole a perdu 10% cette semaine. Les cours du baril Brent et West Texas sont les plus bas depuis 2004.

Un dollar américain moins fort serait aussi perçu comme un signal que le plan de hausses des taux de la Fed prend une pause, croit M. Hartnett.

Autrement dit, les marchés n’ont probablement pas fini de s’ajuster à la modération économique mondiale et aux moins bons profits des entreprises en 2016.

En octobre, les analystes prévoyaient une hausse de 1% des bénéfices des entreprises du S&P 500 au quatrième trimestre. Ils prédisent désormais un recul de 4,2% des bénéfices, rapporte Thomson Reuters.

Le fabricant d’aluminium Alcoa ouvre le bal des résultats américains du quatrième trimestre, dès lundi. Plusieurs banques américaines rapporteront aussi leurs résultats jeudi vendredi dont JP Morgan Chase & Co., Citigroup, US Bancorp et Wells Fargo.

«Le S&P 500 reste sujet à des replis jusqu’à ce que les indices PMI s’améliorent et que le pétrole et le yuan chinois trouvent leur point d’équilibre», indique le stratège américain.

Le creux de 1870 atteint au mois d’août par le S&P 500 est redevenu le point d’appui à surveiller, à court terme.

La dépréciation du yuan : pas une menace

La dépréciation du yuan chinois, qui vient de faire son entrée dans le panier des devises de référence, fait aussi craindre que l’économie chinoise est bien plus mal en point que les données officielles ne le laissent entendre.

D’autres experts redoutent une dévaluation compétitive des autres monnaies de la région pour que leurs exportations restent concurrentielles.

Selon Andrew Kunningham, économiste mondial de Capital Economics, il faut plutôt voir dans le recul modeste du yuan un autre effort par la Chine de s’intégrer davantage aux marchés financiers, en établissant la valeur de sa monnaie en fonction d’un panier de devises, au lieu du dollar américain.

Après tout, plusieurs jugeaient que la monnaie chinoise était artificiellement surévaluée par rapport au billet vert auquel sa valeur était auparavant fixée.

«Le pays a amplement de ressources, des réserves de 3 300 milliards de dollars et un surplus commercial, pour soutenir sa monnaie par rapport à celles de ses partenaires commerciaux. Ce n’est pas le début d’une guerre des devises qui exporterait une nouvelle vague de déflation partout dans le monde», assure-t-il.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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