Bourse : 10 thèmes à explorer pour 2016

Publié le 08/12/2015 à 14:03

Bourse : 10 thèmes à explorer pour 2016

Publié le 08/12/2015 à 14:03

Vincent Delisle, stratège de Banque Scotia, mise aussi sur un rebond des ressources grâce à un dollar américain moins fort.

En pleine tourmente pour les ressources, Vincent Delisle, stratège de Banque Scotia, se plie à son tour à l’ingrat exercice des prédictions pour 2016.

Le portrait qu’il dresse tranche avec l’anxiété que provoque la rechute du pétrole sur les marchés du monde.

Le rallye habituel de fin d’année est en effet court-circuité par le plongeon du cours du pétrole sous 38$US le baril aux États-Unis.

Ce nouveau ressac, qui prend des allures de capitulation technique de la part de pros qui étaient positionnés pour l’inverse, attise tout de même les craintes de déflation et celles d’un effet de contagion qui se propagerait des ressources aux banques, par le truchement des prêts à l’industrie des ressources.

Les fonds spéculatifs font la pluie et le beau temps en se déplaçant activement d'un placement à l'autre lorsque les marchés déjouent leurs prévisions.

Malgré la tempête du moment, le stratège de Banque Scotia, prévoit toujours une année rentable en Bourse l’an prochain, ponctuée de renversements inattendus.

Avec 10% d’encaisse en portefeuille, le stratège est encore plus alerte que d’habitude pour modifier tactiquement ses placements et sauter sur des occasions que la volatilité apportera.

Le nœud de sa stratégie repose sur une reprise mondiale mieux synchronisée et surtout sur un recul du dollar américain, dont l’appréciation a amplifié le recul des cours des matières premières.

Pour que les ressources rebondissent, l’économie chinoise devra évidemment coopérer. À cet égard. les mesures de relance du gouvernement devraient freiner le déclin manufacturier et de la production d’électricité qui hantent les cours des ressources, croit M. Delisle.

«Chaque spasme dans les marchés sera une occasion tactique de faire plus de place en portefeuille aux actions canadiennes et à celles des marchés émergents. En dollars américains, le S&P 500 ne conservera pas son leadership parmi les Bourses nord-américaines», écrit-il.

Il prévoit donc lui aussi que la Bourse de Toronto surpassera sa cousine américaine pour la première fois en six ans, pour un gain potentiel de 10% (à 14200), par rapport à son cours actuel.

Le S&P 500 s’appréciera aussi, mais de 7% (à 2200).

Les secteurs les plus performants depuis 2014 (la consommation, la technologie et la santé) devraient aussi passer le flambeau à ceux qui bénéficient d’un dollar moins fort, soit l’énergie, les matériaux, le secteur industriel et les institutions financières.

Pour simplifier l’interaction parfois complexe entre les facteurs macroéconomiques et la Bourse, M. Delisle, découpe ses perspectives en dix thèmes, pour une septième année consécutive.

Les voici : 

1- La croissance mondiale prendra du mieux

Les conditions monétaires demeurent accommodantes globalement. La demande interne aux États-Unis est solide et nourrit les importations de ses partenaires commerciaux. L’indice mondial d’activité des directeurs d’achat, le PMI, pourrait d’ailleurs connaître sa première amélioration annuelle depuis 2013.

 

2- L'Impact de la divergence monétaire de la Fed et de la BCE tire à sa fin

Il y a un bon moment que M. Delisle est positionné pour un dollar fort et un euro faible, mais la fenêtre pour profiter de la divergence monétaire des deux banques centrales se referme. Le stratège se prépare à ramer à contresens du consensus qui mise encore sur une appréciation soutenue du dollar américain. Un dollar moins vigoureux offrirait un répit aux cours des matières premières, du huard, du real brésilien et des Bourses des pays émergents.

 

3- Un peu plus d’inflation et une année baissière pour les obligations

Le portrait de l’inflation pourrait changer en 2016 puisque l’effet statistique du recul du prix de l’essence et du dollar fort se dissipera sur les données annuelles. En plus, la hausse des salaires s’est accélérée à 2,5% au quatrième trimestre de 2015, un sommet en six ans. Si les attentes inflationnistes passaient de 1,6% à 2%, les taux américains de dix ans augmenteraient au-dessus de la barre des 2,5%, ce qui se soldera par une année déficitaire pour les obligations.

 

4- Les écarts de crédit sont à surveiller

Les écarts de taux entre les obligations de sociétés et les obligations gouvernementales s’élargissent depuis plusieurs mois, signe des craintes entourant la capacité des producteurs de ressources et de leurs fournisseurs de faire face à leurs engagements financiers. Si cette détérioration se propageait à d’autres secteurs de l’économie, ce serait un drapeau jaune pour M. Delisle qui l’inciterait à revoir à la baisse sa prévision d’une hausse de 6% des bénéfices américains l’an prochain.

 

5 – Au tour des titres-sous-évalués de briller

L’achat de sociétés en croissance a été la stratégie la plus rentable chaque année depuis 2009, pendant tout le cycle de détente des taux de la banque centrale américaine. Le changement de régime par la Fed et la remontée des taux à long terme devraient faire briller à nouveau les titres sous-évalués. Les institutions financières devraient mener la charge de ce changement de leadership.

 

6 – L’évaluation des secteurs populaires se contractera

Les secteurs et les titres les plus aimés des dernières années, soit la consommation discrétionnaire et de base ainsi que la technologie, risquent de voir leur généreux multiple d’évaluation se comprimer, à mesure que les taux remonteront.

 

 7- Les ressources n’ont pas besoin d’un super-cycle pour rebondir

Le retour au neutre de l’indice de l’activité manufacturière en Chine, c’est-à-dire au seuil de 50 au lieu de la moyenne de 47,8 de la deuxième moitié de 2015, est suffisant pour faire rebondir les matières premières de leur cours déprimés. Il n’est pas question ici d’un nouveau cycle haussier des ressources, mais plutôt d’un mouvement de récupération. Pour ce qui est du cours du pétrole, sa reprise surviendra lorsque les investisseurs auront la preuve que la production américaine diminue.

 

8- Caterpillar et Maersk, deux bons repères à suivre

Aux investisseurs à la recherche de repères pour prendre le pouls de l’économie mondiale, M. Delisle suggère de suivre les titres de l’équipementier Caterpillar(NY, CAT) et du géant du transport maritime AP Moller-Maersk. Si le comportement technique de ces deux titres s’améliorait, il enverrait le signal aux pros qu’il est temps de revenir aux secteurs cycliques boudés.

 

9- Le pouls technique peu révélateur

La lecture technique des indices confirme que le S&P 500 a du mal à passer la barre des 2100 points, tandis que le S&P/TSX s’enlise. Pour la première fois en quatre ans,le S&P 500 termine l’année coincé entre deux bornes, de 1860 à 2100. Le S&P/TSX a défoncé sa fourchette de 13000 à 13700. Seulement 40% des titres de l’indice torontois s’échangent au-dessus de leur moyenne mobile de 50 jours. Seul le secteur de la technologie montre un peu trop signes d’engouement.

 

10- Les grandes sociétés auront encore l’avantage

Les grandes sociétés continueront de surpasser les plus petites pour une troisième année, en 2016. Les multinationales devraient bénéficier de la meilleure cadence de l’économie mondiale et d’un dollar américain moins fort. En revanche, la hausse des coûts d’emprunt nuira davantage aux plus petites sociétés. Au Canada, la récupération des ressources pourrait donner un coup de pouce aux nombreux titres a faible capitalisation de cette industrie.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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