« On considère que les maires ne peuvent travailler qu’à l’échelle où ils sont élus. Le monde a changé. » Anne Hidalgo, maire de Paris

« Qui augmente le salaire minimum quand le gouvernement fédéral ne le fait pas? Les maires. Qui implante des programmes de logements sociaux quand trop de citoyens n’ont pas de résidence? Les maires. Qui s’attaque à l’exclusion et aux inégalités? Les maires » Muriel Bowser, mairesse de Washington

Madame Hidalgo et Madame Bowser étaient toutes invitées ce midi à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) dans le cadre du sommet « Vivre Ensemble ». Ce sommet de deux jours vise à reconnaître le rôle et le pouvoir des villes.

C’est très tendance de parler du pouvoir des villes. Toutes les conférences internationales auxquelles j’ai assisté au cours des derniers mois comportaient un volet sur les villes. Au Skoll World Forum on Social Entrepreneurship, le politologue Benjamin Barber ( vous pouvez visionner ici sa conférence TED, "Why mayors should rule the world") nous a rappelé que le niveau de confiance envers les gouvernements nationaux oscille entre 30% et 40% alors que celui envers les municipalités varie plutôt entre 60% et 70 %. « Les gouvernements nationaux nous ont déçus, a-t-il souligné. Les citoyens se tournent donc vers leur gouvernement municipal. » Et il a ajouté, « Il n’y a aucune raison que les villes ne puissent pas s’attaquer aux grands enjeux. Ceux-ci les affectent autant que les gouvernements nationaux. Aujourd’hui, il n’y a pas d’enjeux municipaux. Le réchauffement climatique, les inégalités, le chômage, l’itinérance, etc, ce sont des enjeux globaux. »

La maire de Paris a tenu le même discours ce midi. Les gouvernements municipaux ont la légitimité de s’attaquer aux grands enjeux du 21 e siècle. « Nous avons une responsabilité à l’échelle globale, dit-elle. Le rôle des maires n’est ni accessoire ni périphérique."

Quel est l’enjeu majeur du 21e siècle ? Les inégalités. On reconnaît de plus en plus qu’elles ont un impact non pas uniquement sur les exclus, mais sur tout le monde. La croissance des inégalités freine la croissance et le développement économique. « L’inégalité sur les territoires n’est pas une question philosophique, c’est une réalité terrain », insiste Anne Hidalgo. Et le gouvernement municipal, par son statut de gouvernement de proximité, a la légitimité d’intervenir, conclut-elle.

Une suggestion pour les maires du monde entier

Ce midi, madame Hidalgo a beaucoup parlé du défi de l’inclusion des populations diverses des grandes cités. Voici ce que David Lubell, fondateur de l’OBNL « Welcoming America » propose à madame Hidalgo et à tous les maires de la planète : « Aujourd’hui, toutes les villes importantes ont un département de développement économique. C’est devenu un acquis. Comme si ça avait toujours existé. Pourtant, ce ne fut pas toujours le cas. On a créé ces départements le jour où l’on a réalisé que les villes avaient besoin d’un plan de développement économique cohérent. Il serait temps de créer un département d’inclusion des immigrants. »

Une bonne idée issue de la mairie de Paris

Paris a lancé la plateforme https://jemengage.paris.fr/ pour catalyser l’énergie de ses citoyens. Les Parisiens qui ont envie de donner de leur temps et de leurs compétences peuvent trouver des projets à la recherche de volontaires. On y trouve des besoins aussi variés que l’aide aux devoirs, les événements, les collectes et la distribution d’articles, les conseils juridiques, des chantiers de rénovation, des projets d’environnement, des activités artistiques et sportives.