États-Unis: les banques paient les délinquants hypothécaires pour qu'ils vendent à perte

Publié le 07/02/2012 à 10:19, mis à jour le 07/02/2012 à 10:46

États-Unis: les banques paient les délinquants hypothécaires pour qu'ils vendent à perte

Publié le 07/02/2012 à 10:19, mis à jour le 07/02/2012 à 10:46

Par Diane Bérard

BLOGUE. Vous n’avez pas payé votre hypothèque depuis un an. Un beau matin, vous recevez une lettre de votre banquier. Vous vous attendez au pire. Pas du tout! Votre sympathique prêteur vous informe que, même si vous lui devez encore 792 000$, il vous “permet” de vendre votre maison pour 592 000$ ( bien en-deça de sa valeur). Si vous acceptez, il vous donne 30 000$ en argent sonnant. Ce qui couvrira vos frais de déménagement ainsi qu’un dépôt sur votre prochain appartement.

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Ceci n’est pas un scénario de fiction. C’est ce qui se déroule présentement aux États-Unis. Les banques veulent nettoyer leurs bilans. Et elles ont découvert qu’il leur en coûtait moins cher de laisser les mauvais payeurs vendre à perte que de reprendre leur maison et la vendre elles-mêmes. Mieux encore, même lorsque les banques donnent des montants en argent en plus – ces sommes varient entre 3000$ et 48 000$ - pour que les mauvais payeurs débarassent le plancher au plus vite, elles s’en tirent mieux que si elles reprenaient simplement la maison. En fait, avec cette méthode, les institutions perdent 15% de moins que si elles reprennent la maison.

Je résume: vous vendez votre maison, vous effacez votre hypothèque ( peu importe le montant de la vente) et vous recevez un boni en argent. Tout cela parce que vous êtes un mauvais payeur.

Ce nouveau type de transaction a compté pour 33% des transactions immobilières “en difficulté” de novembre 2011, un accroissement de 24% par rapport à l’an dernier. Elles ont aussi compté pour 9% de toutes les transactions immobilières américaines de novembre, une augmentation de 2% par rapport à l'an dernier.

Près de 14 M de résidences américaines sont en attente de reprise, en délinquance de paiements hypothécaires ou leurs propriétaires doivent davantage que ce que vaut la maison.

Ces 14M retardent la reprise du marché immobilier et, par extension, la reprise au sens plus large.

Cette nouvelle stratégie des banques est une décision économique. Elle réduit les pertes et assainit le bilan plus rapidement. Si les banques affichent des bilans plus sains, le gouvernement n’aura pas besoin d’utiliser l’argent des citoyens pour venir à leur rescousse. Cet argent pourra être consacré à des fins plus constructives, il sera mis au service du bien commun. Enfin, c'est ce que l'on souhaite.

On peut donc en conclure que cette stratégie est avantageuse pour tous: les emprunteurs, les banques, les contribuables.

En anglais, un dicton dit “ desperate times call for desperate mesures”. On parle de mesures d’exception en temps de crise. C’est ce que cette mesure doit être. Si elle devient autre chose, un mode de vie, une fuite en avant, ce sera que cette crise n’aura pas été assez douloureuse.

Lire ma chronique précèdente portant sur l’émasculation de Wall Street.

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