Remboursez maintenant, respirez plus tard

Offert par Les affaires plus


Édition de Mars 2018

Remboursez maintenant, respirez plus tard

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Édition de Mars 2018

J’ai toujours été agacé par cette manière de galvauder les statistiques sur l’endettement, convaincu qu’on exagérait l’affaire. Le ratio d’endettement des ­Québécois, comme des autres ­Canadiens, est certes en hausse depuis plusieurs années, mais il ne faut pas y voir le symptôme d’une consommation débridée. Il reflète surtout la hausse des prix de l’immobilier et l’augmentation du taux de propriété. L’attrait pour les maisons et l’augmentation de leur valeur ont été stimulés par des taux d’intérêt qui n’ont jamais été aussi bas aussi longtemps. Alors ­faut-il s’en plaindre ?

C’est vrai que nous devons assumer aujourd’hui des dettes importantes, mais nous n’avons pas de mal à les rembourser, le taux de défaillance n’a jamais été un sujet de préoccupation. Non seulement le crédit est peu cher, mais les indices d’une économie pimpante sont partout : le taux de chômage touche à des creux historiques, la confiance des consommateurs est élevée, les grands projets se multiplient, ­Québec engrange des surplus… ­Rappelez-vous les années 1990. On se réjouissait du faible taux de chômage en deçà de 8 %, ­Montréal était au neutre, ­Québec virait les fonctionnaires à la pelle pour boucler son budget, sans y arriver. Ah, mais nous étions moins endettés !

Alors pourquoi donc s’inquiéter ?

S’il n’y a pas lieu de paniquer, il ne faut pas moins demeurer sur ses gardes. L’optimisme donne des ailes, mais à l’excès, il peut se révéler coûteux. On peut apercevoir des signes ici et là. Les marges de crédit hypothécaires sont populaires et ne servent pas toujours de bonnes causes ; de plus en plus de ménages cèdent à l’envie d’acheter des voitures plus grosses financées grâce au crédit auto sur six ou sept ans (au lieu de quatre ou cinq ans).

Le moment est pourtant propice pour nous blinder un peu, en réduisant nos dettes et en nous constituant un coussin pour absorber les chocs. Aux ­États-Unis, le spectre de l’inflation a refait surface, et cela pourrait bientôt être le cas ici aussi. Les taux d’intérêt ont recommencé à monter, un phénomène auquel nous n’étions plus habitués. La vaste majorité des propriétaires peut encaisser une augmentation du coût du crédit, mais la situation serait différente si cela devait se produire au moment d’une dégradation persistante du marché de l’emploi.

On a du mal à l’imaginer, mais ­rappelons-nous que l’économie est cyclique. Ce sont dans des circonstances comme maintenant que nous devons prévoir les temps plus difficiles.

Alors, remboursons maintenant ! ­On pourra continuer à respirer plus tard.

Daniel Germain
Chef de publication
daniel.germain@tc.tc

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.