Mooney: Que le doute soit avec vous

Publié le 14/05/2013 à 10:05, mis à jour le 14/05/2013 à 11:27

Mooney: Que le doute soit avec vous

Publié le 14/05/2013 à 10:05, mis à jour le 14/05/2013 à 11:27

Photo: Bloomberg

BLOGUE. L’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, s’est très bien passée. Selon tous les témoignages publiés, M. Buffett et son partenaire Charles Munger ont répondu avec brio aux questions des actionnaires et des journalistes sélectionnés.

Il y avait toutefois du nouveau cette année car M. Buffett avait invité Doug Kass à poser les questions qu’il voulait. M. Kass est un gestionnaire qui a ouvertement déclaré qu’il vendait à découvert le titre de Berkshire Hathaway. De toute évidence, M. Buffett voulait ajouter du piquant.

Or, ce piquant était fort peu épicé, les questions de M. Kass n’étant pas très corsées selon moi. Charles Munger a lui-même rétorqué à un certain moment qu’il pouvait être plus négatif que lui !

Sauf qu’après réflexion, je me suis dit qu’encore là le comportement de Warren Buffett jure avec celui du monde financier et des affaires en général. Oui, je suis conscient qu’à plus de 80 ans, multimilliardaire et en plein contrôle de son entreprise, M. Buffett ne courrait pas grand risque face à un vendeur à découvert.

Toutefois, en connaissez-vous bien des présidents d’entreprises qui invitent des gestionnaires ou des investisseurs qui sont ouvertement négatifs et qui vendent leurs actions à découvert ?

Il y a plusieurs années, j’ai écrit un texte soulignant que le titre d’une société québécoise était trop cher à plus de 30 fois les profits, après avoir pris bien soin d’expliquer qu’il s’agissait d’une superbe entreprise. C’était juste le prix qui était trop élevé.

Oups, dès le lendemain, la direction a répliqué avec ses gros sabots, en menaçant de poursuites, en ajoutant qu’elle ne comprenait pas qu’on puisse écrire de telles choses, etc. etc.

Cela vous donne une idée de l’attitude de la grande majorité des dirigeants d’entreprises. Et c’est pourquoi celle de M. Buffett jure tant.

D’ailleurs, en tant qu’investisseur, il est important d’imiter cette attitude en cherchant des avis différents de nos croyances et convictions. C’est surtout vrai lorsque tout semble aller à merveille. C’est le temps de s’ouvrir à quelqu’un qui croit que vous avez tort !

Il ne s’agit pas de chercher de façon morbide à détruire ses propres convictions. Non. Il s’agit, lorsque vous êtes convaincu qu’un titre est un achat, de vous mettre dans la peau d’un vendeur à découvert pendant quelques minutes. Et demandez-vous sérieusement toutes les raisons qu’il aurait de vendre le titre.

Il est évidemment préférable de faire cet exercice avec un ami par exemple qui est convaincu que vous faites une erreur en achetant ce titre.

Lorsque deux personnes qui se respectent échangent des points de vue opposés, il y a une grande richesse. Les deux en sortent gagnants.

Et cela ne veut pas dire que vous changerez d’idée. Par contre, vous aurez certainement approfondi votre histoire et augmenté la maitrise de votre dossier.

Comme le disait un religieux du temps de ma jeunesse, le doute est une des composantes de la foi. À la Bourse, on pourrait dire que le doute mène à de meilleures décisions.

Bernard Mooney

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