Mooney: Ne croyez pas Warren Buffett

Publié le 03/03/2013 à 20:01, mis à jour le 04/03/2013 à 06:48

Mooney: Ne croyez pas Warren Buffett

Publié le 03/03/2013 à 20:01, mis à jour le 04/03/2013 à 06:48

Warren Buffett affirme ne pas avoir battu le marché. De la fausse modestie, selon Bernard Mooney. Photo: Bloomberg

BLOGUE. Le rapport annuel et les résultats financiers de Berkshire Hathaway ont défrayé les manchettes ce week-end, en particulier le fait que Warren Buffett ait décrit sa performance comme étant «subpar». J’ai regardé attentivement les résultats du conglomérat du légendaire investisseur et laissez-moi vous dire qu’il fait preuve de fausse modestie.

Les résultats de Berkshire Hathaway sont excellents!

D’abord, M. Buffett évalue sa performance par la croissance de sa valeur comptable par action par rapport à la performance du S&P 500. En 2012, la valeur comptable de Berkshire a progressé de 14,4% à 114 214$US (environ 76$US par action B). Or, c’est inférieur au rendement total du S&P 500 qui a atteint 16%.

C’est pourquoi Warren Buffett a déclaré que sa performance était «subpar», qu’on peut traduire par «médiocre».

C’est la neuvième fois en 48 ans que Berkshire fait moins bien que le S&P 500 et dans huit fois sur neuf, l’indice américain a progressé d’au moins 15%. Comme le dit le président de Berkshire, il a tendance à mieux faire lorsque la Bourse fait moins bien.

Comme je l’ai dit, après étude, à mon avis, les résultats, autant sur une base absolue que relative, sont superbes. En effet, accroître sa valeur comptable de 14,4% alors que l’avoir des actionnaires frôle les 200 milliards de dollars (G$) US est remarquable.

De plus, plusieurs éléments comptables spéciaux et non reliés aux activités ont déprimé la performance de Berkshire Hathaway. Par exemple, GEICO, active dans l’assurance auto, a dû prendre une charge de 410 M$US avant impôts en raison d’un changement dans une norme comptable. Une autre charge de 700M$US reliée à la hausse de la participation de Berkshire dans Marmon, a charcuté l’avoir d’autant.

Par ailleurs, l’ouragan Sandy a coûté 1,1G$US à Berkshire dont 490M$US pour GEICO.

En ne tenant pas compte de ces éléments, la performance de Berkshire passe à environ 15,3%, pas mal proche su S&P 500. Il ne faut pas oublier non plus qu’en vertu des règles comptables, les résultats de Berkshire ne comprennent pas les bénéfices des sociétés dans lesquelles elle a des participations importantes (comme Coca-Cola, American Express, etc.). Seulement les dividendes sont inclus dans ses revenus. On parle toute de même de 2,8G$US!

Tout cela pour dire que Warren Buffett est sévère avec lui-même lorsqu’il décrit sa performance, comme il l’est toujours.

Pour l’actionnaire, le plus important c’est que Berkshire Hathaway continue d’accroître sa valeur intrinsèque et continue de semer les graines pour poursuivre sa croissance longtemps. Depuis 2008, Warren Buffett a démontré qu’il n’a pas perdu sa touche, malgré son âge.

Par exemple, en 2010, il a acheté le chemin de fer Burlington Northern, au coût de 26,5G$US et plusieurs à l’époque l’ont critiqué, mentionnant qu’il payait trop cher. Or, en 2011 et 2012, Burlington a généré au total 10G$US en bénéfices avant impôts et ses perspectives demeurent excellentes.

Au 31 décembre, Berkshire avait plus de 40G$US en encaisse pour faire d’autres placements. Et c’est ce qu’elle a fait récemment, investissant 12G$US dans la transaction menant à la privatisation de Heinz.

La société générant plus de 1G$US par mois, Warren Buffett demeure à la recherche d’autres occasions pour faire croître sa société. C’est à suivre...

Bernard Mooney

P.S. La lettre aux actionnaires écrite par Warren Buffett est plus intéressante que jamais! BM

 

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