Mooney: L'incroyable bulle japonaise

Publié le 24/03/2011 à 10:13

Mooney: L'incroyable bulle japonaise

Publié le 24/03/2011 à 10:13

Blogue. C’était quelque part en 1989. Je sortais d’une réunion avec un spécialiste du Japon. Sa présentation, dans une petite salle du journal Les Affaires (situé à l’époque dans le vieux Montréal), avait eu tout un impact sur les journalistes présents.

Selon Kenneth Courtis (un nom que je n’oublierai jamais), le Japon allait dominer le monde dans la prochaine décennie et surpasser les Etats-Unis. Ce n’était pas une question de « si », mais de « quand ».

Quelques jours plus tard, j’ai revu M. Courtis, mais cette fois à la télévision, à l’excellente émission The Nightly Business Report, à PBS. Même discours, même certitude.

Vous savez maintenant le reste de l’histoire : l’indice Nikkei 225 a atteint en 1989 un sommet à environ 39000 points. Aujourd’hui, il est à 9435, une baisse de 75% en plus de 20 ans.

En lisant hier soir sur cette bulle, j’ai réalisé que bien des lecteurs ne savent pas jusqu’à quel point la situation au Japon était ridicule. Par exemple, l’immobilier japonais à la fin de 1989 valait quatre fois celui de tous les Etats-Unis, pays pourtant 25 fois plus grand.

En 1990, une société japonaise a acheté le terrain de golf Pebble Beach pour 831M$US.

Les Japonais ont aussi fait exploser les prix des œuvres d’art. Par exemple, le président de Daishowa Paper a payé plus de 82M$US pour un Van Gogh et plus de 78M$US pour un Renoir.

À la Bourse, au début de 1990, la Bourse nippone valait plus que la Bourse américaine même si cette dernière avait une économie deux fois plus grosse. Un exemple de folie : NTT, la société de téléphonie nationale, valait à son sommet 300 milliards de dollars US. C’était en 1987 !

Ce genre d’évaluation s’expliquait entre autres par le fait que les entreprises possédaient des terrains et immeubles dont la valeur explosait année après année. Ce qui fait que par exemple une ligne aérienne comme All Nippon Airways s’est vendue 1 200 fois les profits et Japan Airlines à 400 fois (cette dernière ayant moins de terrains).

Le plus incroyable c’est que pendant que tous ces excès se déroulaient devant nos yeux, la plupart des spécialistes et experts, comme M. Courtis, étaient convaincus que cette fois, c’était vraiment différent !

Bernard Mooney

 

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