Blogue. La Banque du Canada a clairement laissé savoir qu’elle se préparait à hausser les taux d’intérêt directeurs dès juin. Je me demande si les événements récents, en particulier la crise en Europe, ne la forceront pas à attendre.

Quel rapport peut-il y avoir entre les problèmes en Europe et les taux au Canada ? La relation est indirecte.

En apparence, il n’y a pas de lien entre le fait que la communauté européenne tente de sortir la Grèce du merdier tout en protégeant l’intégrité de sa devise.

Par contre, cela crée une grande instabilité dans les marchés financiers. Dans un contexte de plus grande incertitude, les investisseurs se réfugient dans les valeurs sûres. Ils vendent ainsi l’euro pour acheter des dollars US, juste en attendant d’y voir plus clair.

Le dollar canadien dans cet environnement perd de la valeur par rapport à la devise américaine. Et comme notre dollar est beaucoup moins liquide, cette perte se fait de façon brutale.

Je dis souvent qu’en ce genre de période, le capital spéculatif retourne au centre, soit les obligations gouvernementales américaines. Une fois le calme relatif revenu, l’argent spéculatif se déploiera en périphérie en fonctions des occasions perçues.

La conséquence pratique c’est que la tempête financière fragilise (et oui, encore !) la reprise économique. Autant aux Etats-Unis qu’au Canada, les autorités monétaires feront preuve de prudence.

Il ne faut pas oublier non plus que la Chine tente de ralentir son économie (ce qui aurait des impacts négatifs pour notre économie).

De plus, les plus récentes données concernant l’inflation au Canada ne sont pas suffisantes pour augmenter les taux. Il est vrai qu’à 1,8%, le taux d’inflation des 12 derniers mois en date d’avril s’approche de la limite visée par la Banque du Canada de 2 %. Par contre, si la croissance économique dérape, l’inflation sera le cadet de nos soucis.

Tous ces facteurs pourraient faire en sorte de repousser à plus tard la hausse annoncée des taux d’intérêt.

Bernard Mooney