Carney mérite-t-il le statut de vedette?

Publié le 29/11/2012 à 09:24

Carney mérite-t-il le statut de vedette?

Publié le 29/11/2012 à 09:24

BLOGUE. La nomination de Mark Carney comme grand patron de la banque centrale britannique est une grande surprise en elle-même. On voit rarement (jamais en fait) un pays embaucher le dirigeant d’une banque centrale d’un autre pays.

Toutefois, ce qui me surprend encore davantage c’est le traitement accordé à cette nouvelle et surtout à M. Carney lui-même, cet ancien financier de Goldman Sachs de 47 ans . Certes, ce dernier a fait un bon travail depuis sa nomination à la direction de la Banque du Canada en 2008. Surtout, il a bien réagi lors de la crise financière de 2008-09.

Cependant, il ne faut pas non plus se raconter des histoires. Mark Carney a surtout suivi la Federal Reserve, la banque centrale américaine, qui a réagi rapidement et agressivement. C’est cette dernière qui a été le grand leader, fournissant toute la liquidité nécessaire et rapidement. Il ne faut pas oublier non plus que le système bancaire canadien, outrageusement dominé par six grosses banques, est pas plus simple à gérer que la plupart des autres systèmes dans le monde.

De plus, M. Carney semble quitter au moment idéal pour lui, alors que son étoile dans le firmament international brille au plus fort et alors que le contexte économique au Canada se corse. La croissance ralentit, le secteur immobilier se dégonfle pendant que les consommateurs canadiens sont endettés comme jamais. Pas évident, mais cela sera le défi de son remplaçant.

Le nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre aura toutefois tout un défi. L’économie de ce pays est loin de voguer à pleine vitesse dans un contexte européen très négatif.

Bien des observateurs pourraient ainsi être déçus lorsqu’ils constateront que Mark Carney ne marche pas sur l’eau. Pour vous donner une idée des attentes, dans son communiqué, la banque centrale britannique a mentionné qu’il était «le meilleur, le plus expérimenté et la personne la plus qualifiée dans le monde pour faire le travail».

Un média américain a salué sa nomination en disant que c’était une percée qui pourrait aider à sauver l’économie mondiale. Un autre a mentionné que la Banque d’Angleterre avait réussi tout un coup en embauchant un des six meilleurs banquiers du monde.

C’est tout un tapis rouge précédant son arrivée.

Par ailleurs, la Banque d’Angleterre crée un précédent pour le moins intéressant. En payant le gros prix (on parle d’un salaire d’un million de dollars) pour aller chercher une «vedette» bancaire d’un autre pays, elle ouvre la porte à d’autres pays qui voudront peut-être tenter de relancer leur économie en allant chercher les Ben Bernanke de ce monde.

À ce niveau, les plus grands et riches pays ont un avantage compétitif. On pourrait même voir des dirigeants de banque centrale embaucher un agent pour aller vendre leurs services aux pays les plus offrant!

Enfin, il ne faudrait pas se surprendre que le règne des dirigeants de banque centrale réservés, conservateurs et fuyants les médias soient terminés.

Tout cela me laisse perplexe.

Bernard Mooney

P.S. Le message de la Banque d’Angleterre aux économistes britanniques : vous n’êtes pas assez compétents pour le travail!

 

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