Le problème n'est pas le système capitaliste, mais sa corruption.

Publié le 08/06/2010 à 00:30

Le problème n'est pas le système capitaliste, mais sa corruption.

Publié le 08/06/2010 à 00:30

Par Paul Dontigny Jr

Voici ma réponse à mlalonde, un lecteur qui apporte de très bons points dans un commentaire à mon article blogue précédent.

Cher mlalonde, je suis violemment en désaccord avec une partie de ce que vous dites : "le capitalisme est basé sur la croissance perpétuelle des profits des entreprises ...".   Je suis d'accord que cette obsession de croissance ets un des problèmes qui a créé la crise, mais ce n'est pas à cause du système capitaliste en soi.

Ce n'est pas mon interprétation à moi du capitalisme ... mais c'est effectivement ce qu'on nous enseigne à l'école et ce que les syndicats, les employeurs et la majorité de la population semblent vouloir croire aussi.  Hé bien ils ont raison si on analyse l'interprétation américaine du capitalisme.  Et c’est pourquoi nous sommes aussi endettés, dans cette poursuite effrénée du profit et du plaisir à court terme.

Mais cette poursuite n’est pas véritablement Le Capitalisme.

Ce n’est pas ce que Adam Smith (United Kingdom 1723-1790) avait proposé dans son livre An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations.  Par exemple, dans le capitalisme de Smith, connu comme étant le Père du capitalisme, la notion de profit inclut de remettre l'environnement dans un état propre et utilisable, le plus près possible de l'état précédant l'utilisation de cet environnement (extraction de matières premières ou pollution...). 

La définition de Smith satisfait les demandes du développement durable ... mais pour savoir ce fait, j'ai dû retourner lire le livre originel de Smith.  Personne ne nous a enseigné ça dans le Bac en finance, la M.Sc. en finance ou dans le programme CFA ...  L’enseignement Nord-Américain est … triste et limitée, enfermée dans ses oeuillères.

On s’en limite habituellement à la notion d’argent ou de profit comme but de la vie économique d’un individu, et l’objectif ultime de chaque entité économique est apparemment de maximiser le profit à tout prix.  Ce n’est pourtant pas là le véritable dessein du capitalisme en ses fondements. 

Encore une fois, certains lecteurs verront-ils en mes propos un optimisme inégalé, une confiance aveugle en la nature humaine ?  Possiblement.

Donc, le problème n'est pas le capitalisme lui-même, mais plutôt l'interprétation qu'en a fait le peuple le plus puissant sur la terre.  Le but ultime du capitalisme est d'atteindre ultimement le même objectif que le communisme, soit une équivalence économique entre chaque être humain.  Dans le communisme ou socialisme, un gouvernement dicte le processus qui permettra d’atteindre l’objectif.  Et dans le capitalisme, l’objectif peut être atteint par un processus de compétition parfaite. 

Dans de telles conditions de compétition parfaite, personne ne fait de profits excessifs et personne ne contrôle les autres à outrance.  Chacun offre les services qu’il peut offrir à la société.  La main invisible est le processus de compétition qui force les gens à performer et à participer honnêtement à la création de richesse de la société en se faisant payer par ceux qui désirent bénéficier des biens ou services offerts.

Le but du capitalisme est donc de tendre vers cet équilibre (la compétition parfaite) qui ne serait en pratique jamais atteint.  Le combat qui permet de tendre vers cet objectif est par sa nature un mécanisme d’égalisation des richesses à long terme.  À très long terme.  Nous sommes tout de même mieux qu’il y a 500 ans … ou 300 ans, ou 100 ans.

Mais le processus est très cyclique et les polarisations des richesses et du pouvoir aussi.  Certains de ces cycles peuvent durer le temps d’une vie, ou au moins d’une vie utile, créant ainsi la perception que le capitalisme ne fonctionne pas.

Ce sont les excès à l’intérieur du système qui causent les cycles.  Et c'est plutôt la corruption du système politique que les excès de profit qui détruisent le capitalisme lui-même présentement.  Ce n’est pas un système qui s’autodétruit de par sa nature. 

Il est crucial que la règlementation et le gouvernement, tout comme les syndicats et les associations de protection des consommateurs ou autres fassent partie intégrante du processus de compétition du capitalisme.  Les trop grandes polarisations de richesses doivent être stoppées ou ralenties et le pouvoir doit être dispersé. 

Et c’est là le plus grave problème : Ce sont les modifications de quelques lois qui ont été changées depuis 1999, incluant l’annulation du « Glass Steagle act de 1932, afin de dérèglementer les institutions financières.  Ces institutions capitalistes se comportaient relativement bien auparavant, mais après ce changement de lois sous Clinton et quelques autres sous Bush (notamment sur les marges des swaps) ces institutions ont créé la bulle de presque 1 000$ milliards de produits dérivés qui mettent aujourd’hui en danger le système économique mondial.  Ces dirigeants et institutions n’ont pas agi en capitalistes.  Ils ont agi en dictateurs et en pilleurs. 

On peut tout réduire à ce fait : ce sont les lois changées pour libéraliser les institutions financières ( et autres corporations) qui ont créé une bulle d'une proportion difficile à s'imaginer.  De plus, ces corporations publiques (listées en bourse donc détenues par le secteur privé) ont bénéficié du support financier du gouvernement et de divers organismes paragouvernementaux (ex. Fannie Mae, Freddie Mac, FDIC, etc) pour financer une vague de spéculations sans précédent. 

La cause de ces comportements n’est pas le système capitaliste.  Le système n’a pas été bâti dans le but de créer ou d’encourager de tels comportements.  Ce sont divers changements de lois et d’encadrement qui ont convergé pour permettre ces excès, probablement en partie parce qu’il y avait une volonté de compétitionner les autres pays et régions.  Mais le système n’est pas bâti dans le but de créer de telles situations. 

Le système capitaliste prévoit que les gens fassent leur part de surveillance et de protestation.  Une des méthodes de protestation est dans l’utilisation de ses $$$ dollars comme vote de confiance envers les producteurs de biens et services. 

On s’entend que ce n’est pas si simple et qu’il y a des compagnies et industries qui ont trop de pouvoir pour que ce genre de vote soit efficace.  Mais avec le temps, à moins de règlementations protectionnistes, si le profit est excessif la compétition apparaîtra.  Il demeure donc que le capitalisme, s’il est bien encadré dans un régime de lois établies pour effectivement soutenir et faire la promotion d’un système capitaliste, c’est le meilleur système pour encourager la liberté individuelle de chacun et le niveau de vie de tous.

Les problèmes majeurs apparaissent justement quand la condition de base du capitalisme est mise en jeu et cette condition de base est la liberté de compétitionner pour offrir ses biens et services.  La corruption politique met des barrières à l’entrée de diverses industries et favorise certains groupes dont le pouvoir s’accroit continuellement.  La structure du système n’est pas la cause ultime des problèmes, la corruption l’est.  La corruption est souvent illustrée par le diction : où il  a de l’homme il y a de l’hommerie … L’Hommerie aussi est cyclique et nous venons de vive une des pires périodes de dégradation à ce sujet.

C’est pour cette raison que les lois que j’ai brièvement décrites plus haut ont détruit la notion de compétition.  Elles ont favorisé un petit groupe qui a pu ainsi s’accaparer une grande partie du capital du pays, voire du globe.  Une autre raison probable expliquant pourquoi on a permis ce processus de polarisation est le prétexte de la compétitivité internationale. 

Nous oscillons continuellement entre l’idée de compétition à petite échelle pour favoriser chaque individu, et la compétition globale pour favoriser la nation.  Mais encore ici, c’est la corruption du pouvoir politique et non le processus économique qui bloque l’efficacité du système capitaliste.  Autrement dit, si cette corruption n’est pas adressée, la population sera exploitée sous n’importe quel régime politique ou économique, pas plus ou pas moins que sous le régime capitaliste. 

Nous vivons dans une complexité économique qui dépasse les limites de nos capacités intellectuelles.  Mais la population ressent très bien que quelque chose ne tourne pas rond …

Elle a bien raison.  Nous verrons de plus en plus de manifestations dans la rue, dans des pays et des villes où nous n’aurions pas imaginé des problèmes assez graves pour soulever les foules.

Et alors, attention !  Les foules (au sens psychologique d’un groupe qui perd son jugement et se met à croire en une cause ou une illusion) qui épousaient l’idée de croissance infinie et de richesse facilement acquise par l’investissement de capital dans le marché Bull, pourraient bien devenir des ennemis du système qui leur aura fait perdre l’accumulation du travail d’une vie dans un marché Bear.

L’humain recherche toujours un ennemi externe.  Le système capitaliste risque fort de devenir l’ennemi parfait.  Espérons que nous nous limiterons à identifier, punir et dénuder de leur pouvoir uniquement les véritables ennemis du système capitaliste, ceux qui ont mis le système en danger dans l’unique but de profiter personnellement aux dépends directs et identifiables de d’autres moins informés.  Notamment, tous ceux qui n’auront pas respecté leur devoir fiduciaire envers leurs propres clients. 

Notez qu’il est très important de différencier les erreurs, des actes commis avec l’évidente intention de profiter sur le dos de quelqu’un, d’une cible choisie.

Et du côté de ceux qui se sont fait floués … il faut tout de même admettre que certains d’entre eux ayant les capacités de comprendre les produits et transactions auraient dû savoir que dans le capitalisme réel, le profit n’est pas facile et se trouve à force de travail, de douleur, de persévérance, de l’utilisation de la  prudence du bon père de famille (ou mère) qui protège et nourrit sa famille, et qui choisi les risques qui valent la peine d’être encourus.

Dans le capitalisme, la facilité n’est qu’illusion.  Nos problèmes ont été créés parce que les surveillants du système (la population) et les travailleurs rêvaient de facilité et ils ont laissé agir en toute confiance ceux qui recherchaient le pouvoir par la corruption du système, en espérant qu’ils recevraient une cote du profit.

Les deux groupes ont agi uniquement par avidité et les deux groupes ont agi comme de véritables cancers, dévorant et tuant le corps qui leur procure la vie.

Grâce à tous les mécanismes et à tous les fonds de capitaux qui existent dans notre système, il est encore possible de le sauver à condition que tous acceptent une part des pertes.  Comme le G-20 l’a bien démontré … la nature humaine ne semble pas avoir cette modestie…

C’est ce processus de véritable guerre économique, de guerre psychologique que j’analyse depuis des années et qui m’a permis de voir venir cette désastreuse crise.  Même en l’ayant décrite à mesure qu’elle se produisait depuis plus de 10 ans, force est d’admettre qu’il est impossible de prédire le futur ou la synchronisation des évènements, et encore moins la synchronisation des rendements des divers actifs à court terme.  Il est toutefois possible de gérer le risque des portefeuilles d’investissement en fonction des scénarios économiques possibles et probables. 

Si on n’enferme pas le gestionnaire dans des contraintes basées sur des croyances populaires ou strictement statistiques, alors il pourra réagir à un environnement particuliers come celui que nous avons vé.cu et que nous continuerons à vivre pour plusieurs années à mon avis.

Dans cet esprit, je propose, et c’est ce que je ferai moi-même, d’analyser les scénarios économiques possibles afin de tenter de trouver des investissements à risque raisonnable offrant un rendement potentiel élevé.  Vous devez réaliser que la gestion de portefeuilles est effectivement une gestion du risque et une gestion des probabilités que divers scénarios se réalisent.  Le choix des titres en portefeuilles dépend de leurs gains ou pertes dans les divers scénarios.

Entretemps, ça risque fort d’aller plus mal avant d’aller mieux alors, PRUDENCE EXTRÊME recommandée … encore et encore !

Paul Dontigny Jr, M.Sc., CFA

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