Les provinces maritimes avec Hydro-Québec : au plus vite !

Publié le 07/11/2009 à 00:00

Les provinces maritimes avec Hydro-Québec : au plus vite !

Publié le 07/11/2009 à 00:00

La Nouvelle-Écosse (900 000 habitants) produit davantage d'électricité d'origine thermique (à partir de charbon ou de pétrole), que le Québec, pourtant presque 10 fois plus populeux. Logique : l'île du Cap-Breton compte les plus importants gisements de charbon à l'est de la Saskatchewan. Et c'est un charbon " sale ", imprégné de soufre, dont l'utilisation a progressivement baissé lorsqu'on a commencé à comprendre les ravages qu'il causait à la qualité de l'air. Aussi bien dire que la mise au rancart des centrales au charbon - et au pétrole - constituerait un net progrès dans la lutte à la pollution atmosphérique et aux changements climatiques.

Vivement qu'on puisse leur substituer l'électricité propre à la québécoise !

Ce n'est là qu'un des enjeux liés à l'offensive qu'Hydro-Québec vient de déclencher dans les provinces de l'Atlantique. On en a peu parlé -, il a surtout été question de l'accès accru au marché américain qui résultera de la prise de contrôle par Hydro de l'essentiel des éléments d'actif d'Énergie Nouveau-Brunswick (ENB) -, mais le match qui se dessine est beaucoup plus complexe. Et peu importe les jérémiades du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, les rapprochements apparaissent profitables pour toutes les parties en cause.

Pour le Nouveau- Brunswick - et éventuellement pour la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard - les avantages sont énormes, car Hydro-Québec est en mesure d'offrir de l'électricité plus propre à meilleur coût.

On l'a noté, les consommateurs industriels du Nouveau-Brunswick verront leur facture d'électricité diminuer de 30 % au cours des cinq prochaines années. Par la suite, l'ensemble du bloc patrimonial (c'est-à-dire le volume de leur consommation actuelle) suivra l'inflation. Les consommateurs résidentiels et commerciaux bénéficieront d'un gel des tarifs durant la même période. En cette époque où la reprise de l'économie va entraîner une hausse de la demande, donc une pression sur les prix, ce n'est pas négligeable.

D'autant plus que plusieurs centrales du Nouveau- Brunswick sont vieilles et polluantes. Les coûts de modernisation périodiques pèseraient lourd sur les finances de la province. À elle seule, la facture de réfection du plus gros complexe de la province, la centrale nucléaire de Point Lepreau, risque d'atteindre 1,6 milliard de dollars, titrait le journal L'Acadie nouvelle le 20 octobre. ENB devra s'entendre avec Énergie atomique du Canada pour savoir qui paiera quelle part des travaux avant qu'Hydro-Québec n'entre en scène. Mais il est certain qu'à terme, la remise en état du parc énergétique de la province grèverait les finances publiques. Hydro-Québec n'aura pas à assumer ces coûts, car l'entente de principe conclue avec ENB prévoit la fermeture progressive des installations désuètes.

Vue du Québec, la transaction offre également un beau potentiel et va bien au-delà de l'accès accru au marché américain grâce aux interconnexions actuelles entre le Nouveau-Brunswick et le Maine.

Pour l'instant, Hydro-Québec augmenterait son bassin de clientèle d'environ 10 % : avec (un jour) la Nouvelle-Écosse, la proportion ferait plus que doubler. Tous ces consommateurs paient bien plus cher que les Québécois. Hydro-Québec encaissera ainsi un joli bénéfice - pour autant que les coûts de revient de la production n'explosent pas.

Mais il y a plus. L'hydroélectricité à la québécoise jouit d'un immense avantage. Elle peut être entreposée. Les grands réservoirs d'eau constituent de formidables réserves d'énergie. Il suffit d'ouvrir les vannes pour activer les turbines. Ce n'est pas le cas pour les centrales hydroélectriques du Nouveau-Brunswick, situées au fil de l'eau sur la rivière Saint-Jean, ni pour les centrales thermiques des Maritimes, dont on ne peut interrompre la production, parce que les arrêts et mises en marche sont trop longs et trop coûteux.

Autrement dit, Hydro-Québec disposera maintenant d'un autre atout dans son jeu. Elle pourra moduler sa production, expédiant plus d'énergie à ses clients des Maritimes si le débit de la Saint-Jean baisse et augmentant le niveau de ses réservoirs lorsque ces centrales fonctionneront à pleine capacité.

Danny Williams est fâché ? C'est son problème. Il lui suffit de s'entendre avec le Québec pour faire transiter l'électricité du Labrador sur le réseau d'Hydro-Québec. Il en a le droit, comme le Québec a le droit de lui facturer les coûts qui en résultent. Une fois encore, les sensibilités politiques devraient s'effacer devant les impératifs économiques.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Le dilemme du ministre Raymond Bachand

Le service de la dette constitue déjà le troisième poste budgétaire, après la santé et l'éducation. Ce que nous payons de plus à nos créanciers, nous nous en privons collectivement. Si vous étiez le ministre des Finances, Raymond Bachand, que feriez-vous ?

Vos réactions

" Aucune augmentation dans le secteur public. C'est la médecine qu'on nous sert dans le privé. Quand ça va mal, on n'augmente pas ses dépenses pour rien. Deuxièmement : hausser la TVQ de 1 %. Enfin, augmenter les tarifs d'électricité. "

- Antarès

" Une nouvelle taxe sur l'essence pour faire payer les bozos qui se promènent seuls dans leur auto pour aller travailler, au lieu de faire du covoiturage. Mais aussi une taxe de 25 % sur la malbouffe, les boissons gazeuses, les chips, le chocolat, etc. "

- Y. Bertrand

" Couper dans les services : congés parentaux, garderie à 7 $, assurance médicaments etc. Il faut se donner les services qu'on a les moyens de payer. "

- Yvon

rene.vezina@transcontinental.ca

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