Nous dirigeons-nous réellement vers une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée ?
Au cours des quatre prochaines années, 750 000 postes devront être pourvus au Québec. Pour les deux tiers, il s'agit d'ouvertures créées par les départs à la retraite, et pour le reste, il s'agit de nouveaux emplois. Comment parvenir à répondre à cette demande ? C'est l'aspect quantitatif du phénomène, qui se double d'un aspect qualitatif : encore faudra-t-il trouver les gens capables de bien faire le travail. La démographie joue contre nous. Il existe des solutions : faire appel aux travailleurs âgés, aux prestataires d'aide sociale, aux immigrants, mais dans tous les cas, la clé demeure le développement et la reconnaissance des compétences.
Comment arrive-t-on à faire face à ce défi ailleurs dans le monde ?
Tous les pays de l'OCDE vivent le même problème et tentent de le résoudre. La France offre un exemple intéressant. On y a mis en place un système appelé VAE, soit la validation des acquis de l'expérience. Le mécanisme permet à une personne qui acquiert de nouvelles compétences de les faire reconnaître, même si elle ne les a pas acquises à l'école. Si elle réussit à démontrer qu'elle les maîtrise, elle reçoit un certificat qui valide ses acquis. Depuis la mise sur pied de cette formule en 2002, plus de 100 000 personnes ont reçu ce genre de certificat.
Le Québec peut-il s'inspirer de cette expérience ?
Nous le faisons déjà. La Commission des partenaires du marché du travail a mis en place un programme qui s'appelle La reconnaissance et le développement des compétences, en collaboration avec 30 comités sectoriels, comme le CAMAQ, en aérospatiale, et TechnoCompétences, dans les technologies de l'information. Jusqu'ici, 40 000 personnes ont reçu un certificat qui reconnaît leurs acquis. Comme en France, ce certificat n'a pas de valeur formelle, mais il atteste la maîtrise des compétences en question. De façon plus large, il y va de notre avenir. En pleine mondialisation, alors que les États sont en concurrence, pouvoir compter sur un nombre suffisant de travailleurs qualifiés est une condition préalable à la croissance économique de notre société.
( CV )
Nom: Jean-Luc Trahan
Âge: 57 ans
Fonction: Président
Entreprise: Commission des partenaires du marché du travail
Ce diplômé de HEC Montréal et haut fonctionnaire de carrière était auparavant pdg des Manufacturiers et exportateurs du Québec.
rene.vezina@transcontinental.ca
