Le rebond des petites entreprises est fragile

Publié le 11/04/2009 à 00:00

Le rebond des petites entreprises est fragile

Publié le 11/04/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Les investisseurs devraient se méfier du rebond prononcé des titres de sociétés à petite capitalisation depuis le début de mars, jugent deux stratèges américains.

Depuis 1926, les titres qui ont le plus écopé lors de marchés baissiers sont aussi ceux qui ont rebondi avec le plus de vigueur lorsque la Bourse s'est redressée. Mais leur remontée est parfois éphémère, souligne Steven G. DeSanctis, stratège des titres à faible capitalisation chez Merrill Lynch.

Les investisseurs professionnels qui parient sur une reprise misent sur les segments les plus volatils de la Bourse, donc les plus susceptibles de rebondir, tels que les titres à faible capitalisation et ceux des marchés émergents.

L'indice américain le plus représentatif des titres à faible capitalisation, le Russell 2000, a bondi de 29 % depuis que le indices américains ont touché leur plus bas niveau en 12 ans, le 9 mars. Au cours de la même période, le S&P 500 s'est apprécié de 23 %.

Les sociétés du Russell 2000 affichent en moyenne une valeur boursière de 764 millions de dollars américains.

Cinq indicateurs à suivre

M. DeSanctis croit que le rebond des petites sociétés s'essoufflera, parce que ses cinq indicateurs de reprise ne montrent pas une amélioration suffisante.

Premièrement, l'écart de 17 % entre les taux des obligations à rendement élevé des entreprises et celles du gouvernement se maintient près d'un niveau record.

Deuxièmement, seulement cinq entreprises ont émis pour 1,6 milliard de dollars américains (G$ US) d'obligations à rendement élevé en mars, alors que la moyenne mensuelle depuis 1993 est de 7 G$ US. " Cela indique que les petites entreprises ont encore de la difficulté à se financer. Or, l'accès au capital est essentiel à une reprise durable des titres à petite capitalisation ", écrit M. DeSanctis.

Troisièmement, il considère que la Bourse reste trop volatile. Depuis le début de l'année, l'indice Russell 2000 a varié de plus de 5 % au cours d'une séance, une journée sur cinq.

" La volatilité doit diminuer pour que les investisseurs reprennent goût au risque et reviennent plus nombreux aux titres à faible capitalisation ", précise M. DeSanctis.

Quatrièmement, les résultats du premier trimestre de 2009 détermineront également si le rebond boursier peut durer. Or, pour la première fois depuis six trimestres, les bénéfices des plus grandes entreprises baisseront moins que ceux des plus petites sociétés.

De plus, les prévisions de bénéfice des petites sociétés pour le premier trimestre n'ont jamais autant baissé, soit de 10 % en mars, souligne le stratège de Merrill Lynch.

Enfin, les titres à petite capitalisation de l'indice Russell 2000 sont encore plus chèrement évalués que ceux de leurs grands cousins de l'indice Russell 1000.

Coincées dans un couloir

Si le marché du crédit s'améliore et que les prévisions de bénéfice fournies par les petites sociétés sont plus élevées que prévu, le rebond actuel pourrait se prolonger.

M. DeSanctis s'attend plutôt à ce qu'au cours des prochains trimestres, les titres à petite capitalisation ne dépasseront pas dans l'ensemble le dernier sommet du Russell 2000, atteint le 3 avril, mais resteront néanmoins au-dessus de son plancher du 9 mars.

Pour sa part, Jason Todd, de Morgan Stanley, croit que la conjoncture désavantage les petites sociétés.

Leurs revenus dépendent davantage de la santé financière du consommateur américain, qui dépensera moins au cours des prochaines années, afin de se désendetter et d'épargner pour sa retraite.

Les petites sociétés souffrent aussi davantage lorsque les banques prêtent moins et que leurs critères d'emprunt sont plus rigoureux.

Et comme les petites sociétés exportent moins que les grandes, elles bénéficieront moins de la baisse prévue du dollar américain.

dominique.beauchamp@transcontinental.ca

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