La Chine est le plus important risque boursier

Publié le 03/03/2012 à 00:00

La Chine est le plus important risque boursier

Publié le 03/03/2012 à 00:00

Le plus gros nuage dans le ciel financier n'est pas le problème de dettes de l'Europe ni la croissance de l'économie américaine. C'est plutôt la Chine, qu'on doit surveiller de près, car un ralentissement sensible de sa croissance pourrait avoir des répercussions importantes sur nous.

L'économie chinoise, malgré le rythme élevé de sa progression, a ralenti en 2011. Au quatrième trimestre, la croissance a été de 8,9 %, la plus faible depuis la première moitié de 2009, lors de la crise financière.

La perte de vitesse s'explique en partie par les actions du gouvernement central. Pour contenir l'inflation, les autorités ont resserré leur politique monétaire et fiscale.

Le ralentissement a frappé le secteur au centre de l'expansion chinoise, l'immobilier. La construction représente plus de 13 % du PIB de la Chine, selon le National Bureau of Statistics of China (NBS) par rapport à 3 % en 1999. Si on tient compte de l'apport direct et indirect de l'immobilier, ce secteur représente 20 % de l'économie chinoise.

Bulle crevée

En janvier, le prix des maisons a reculé pour un cinquième mois consécutif, selon les données publiées par le NBS. Ainsi, les prix des maisons neuves ont reculé dans 48 des 70 plus importantes villes par rapport au mois précédent et sont restés stables dans les 28 autres. Autrement dit, les prix n'ont augmenté dans aucun marché !

La bulle immobilière semble crevée. Par exemple, dans la région de Shanghai, les prix moyens ont baissé d'environ 40 % depuis leur sommet atteint au milieu de 2009. Une maison de 1 000 pieds carrés se vend maintenant environ 176 000 $.

À Beijing, l'inventaire de maisons invendues atteindrait deux ans, ce qui expliquerait la baisse de 35 % des prix en novembre par rapport au mois précédent.

Ces données sont bien accueillies en partie, car tout le monde craignait la fièvre spéculative immobilière qui s'était emparée de la Chine. Le problème, c'est que ce genre de correction se fait rarement en douceur. Elle est mineure au début et a le don de muter en spirale baissière majeure, comme cela s'est passé aux États-Unis. Au début, la baisse des coûts immobiliers chez nos voisins du Sud a été perçue comme salutaire. Lorsque cette baisse s'est accentuée, elle s'est muée en crise nationale et, cinq ans plus tard, nous sommes à peine certains que le creux soit atteint.

C'est ce qui pourrait arriver en Chine. La baisse des prix immobiliers pourrait avoir un effet boule de neige, les prix plus bas provoquant une liquidation dans un marché comptant peu d'acheteurs, ce qui mènerait à des prix encore plus bas et à une diminution importante de l'activité.

La Chine a plusieurs atouts que les États-Unis n'ont pas. Selon les chiffres officiels, le pays est encore en forte croissance. Les risques qu'un écroulement immobilier pousse l'économie chinoise en récession sont minces. Toutefois, la poursuite du ralentissement assombrirait les perspectives.

En effet, la Chine est déjà touchée par la faible croissance économique ailleurs dans le monde. Par exemple, en novembre, selon l'indice chinois des directeurs d'achat, le secteur manufacturier chinois s'est contracté pour un deuxième mois consécutif.

En décembre, l'indice manufacturier a remonté au dessus de 50 à 50,3, par rapport à 49 le mois précédent. En janvier, cet indice atteignait 50,5, performant un peu mieux que prévu. L'économiste Zhang Zhiwei de Nomura Holdings, située à Hong Kong, souligne que le rebond est trop faible pour prétendre à la relance du secteur. «La croissance sera encore faible pendant le trimestre», dit l'analyste.

Inflation en baisse

La bonne nouvelle pour le gouvernement chinois, c'est que le ralentissement a provoqué une baisse des pressions inflationnistes. En décembre, l'indice des prix à la consommation en Chine a été de 4,1 %, le plus faible taux en 15 mois avant de remonter à 4,5 % en janvier.

L'inflation a baissé pendant cinq des six derniers mois, mais demeure au-dessus de l'objectif officiel établi à 4 %.

Cet apaisement donne la latitude aux autorités chinoises d'intervenir, de façon à tenter de relancer l'économie.

Le 20 février, la banque centrale chinoise a annoncé une réduction de 0,5 % du taux de réserves, ce qui signifie que les plus importants prêteurs doivent conserver 20,5 % de leurs dépôts de réserve au lieu de 21 %.

Les autorités chinoises tentent de favoriser la croissance tout en restant vigilantes face à l'inflation. C'est un travail délicat, car une grande partie de la croissance des dernières années est venue de l'immobilier et des exportations, deux segments en panne.

Selon l'analyste Albert Edwards, de la Société Générale, à Londres, les investisseurs sous-estiment le risque que la croissance de l'économie chinoise ne reprenne pas. Ce scénario pourrait changer toutes les perspectives boursières et financières, les plus grands perdants étant les économies qui dépendent des matières premières. Comme le Canada.

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