PUR Vodka veut garder la clé de son indépendance

Publié le 03/12/2011 à 00:00

PUR Vodka veut garder la clé de son indépendance

Publié le 03/12/2011 à 00:00

Nicolas Duvernois ne connaissait pas grand-chose au milieu des affaires ni à la fabrication de vodka avant de lancer sa marque, PUR Vodka. Aujourd'hui, ses bouteilles se vendent comme des petits pains chauds et il doit trouver des solutions de financement pour assurer la croissance de sa PME. Un beau défi pour cet ancien propriétaire de bar de 25 ans qui n'avait jusque-là jamais eu besoin de demander de l'argent à une banque ou à des investisseurs.

«Nous sommes toujours dans une phase de forte croissance. La vente de nos produits dans les SAQ ne date que d'octobre dernier et nous sommes déjà en rupture de stock», affirme l'entrepreneur, qui assure avoir déjà triplé ses objectifs de ventes. Après avoir produit un premier lot de 10 800 bouteilles en 2010 et trois fois plus en 2011, l'entreprise emploie désormais quatre personnes.

Sa priorité est désormais de développer la production à l'année et de commencer l'exportation au début de 2012. Des discussions sont en cours avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine et la France. «D'importants investissements restent à venir. Pour cela, il nous faudra revoir notre image de marque pour l'internationaliser davantage et bâtir notre propre distillerie à plus long terme.»

Garder le contrôle

Deux étapes incontournables pour lesquelles il lui faudra trouver du financement. Et Nicolas Duvernois souhaite rester le plus indépendant possible. «Nous avons déjà reçu des propositions d'investisseurs privés, mais nous préférons nous autofinancer le plus possible pour garder le contrôle. Le fait que d'autres personnes peuvent avoir un mot à dire dans la gestion de notre entreprise peut changer la dynamique de travail et créer des conflits et des tensions», dit-il.

Pour lui, la seule chose qui justifierait une entrée dans le capital de l'entreprise serait de mettre la main sur un actionnaire qui apporte «une aide concrète, c'est-à-dire pas seulement du capital, mais aussi un réseau de distribution et une grande connaissance du milieu.»

Financement bancaire et aide à l'exportation

L'entrepreneur étudie la possibilité d'approcher les banques, mais avec prudence. «Il faut faire attention à ne pas se laisser piéger par des taux d'intérêt exorbitants et se retrouver coincé si le développement de l'entreprise n'est pas fidèle à ce que l'on attendait», indique-t-il.

Les programmes d'aide gouvernementale, notamment l'aide à l'exportation, pourraient aussi faire partie du montage financier. «En plus d'offrir du financement, cette aide permet de bénéficier de conseils de professionnels pour faire des études de marché, par exemple», estime-t-il.

Nicolas Duvernois a investi plusieurs milliers de dollars de fonds personnels dans l'aventure avec son associé, Christopher Lecky, un ancien client de son bar spécialisé en développement des affaires. «Au départ, on travaillait le jour pour gagner notre croûte et on planchait sur notre projet le soir», raconte-t-il.

Vodka primée

Lancée en 2009, sa vodka élaborée à Rougemont avec du maïs et de l'eau du Québec a été désignée meilleure du monde à deux reprises lors de la compétition internationale des vins et spiritueux de Londres.

Si l'heure est encore aux calculs, Nicolas Duvernois se montre confiant. «Je prends la pression comme une source de motivation. Le fait d'être bien préparé, de savoir de quoi on parle et de connaître son milieu aide à gérer ces étapes au quotidien. Le plus difficile est de faire vivre cette pression aux personnes qui nous entourent et qui n'ont pas choisi de se lancer en affaires, car on leur fait vivre notre stress par ricochet.»

L'OBJECTIF

Financer l'exportation de ses produits, au début de 2012, ainsi que la mise sur pied d'une distillerie maison.

LE DÉFI

Trouver de nouveaux modes de financement tout en conservant son indépendance et sa liberté de création.

LE CONSEIL

Trop souvent, les dirigeants s'adressent aux investisseurs lorsqu'il leur faut de l'argent : ils sont alors en position de faiblesse. Mieux vaut les rencontrer bien avant d'avoir besoin d'eux, selon Micheline Renault, de l'ESG UQAM.

QUATRE SOURCES DE FINANCEMENT : LES POUR ET LES CONTRE

Les banques, le premier réflexe

Les PME Québécoises restent souvent dans des modes de financement très conventionnels et passent surtout par les banques, en particulier par le financement sur actif, ou par des garanties de prêts offertes par Investissement Québec, précise Micheline Renault, professeur au département de sciences comptables de l'ESG UQAM. Les banques constituent aussi une source de financement très encadrée. Avec des intérêts payables dès le mois suivant, ces prêts sont associés aux garanties personnelles fournies par les sociétés et restent plafonnés à certains ratios établis en fonction de l'endettement d'une compagnie ou de ses comptes clients, indique Mme Renault.

Le capital-risque

«Tous les entrepreneurs ne sont pas prêts à partager la gestion de leur entreprise, même s'il existe des règles et des conditions qui peuvent encadrer ces partenariats», estime Micheline Renault. «Certains décident même d'aller en Bourse pour accroître leur capital financier et leur réputation, mais il s'agit là de la forme de financement qui éloigne le plus l'entrepreneur du contrôle de son entreprise», explique Claude Marcotte, professeur au département de management de l'Université Concordia. Il rappelle que toutes les entreprises inscrites en Bourse doivent se soumettre à un examen public.

Les financements «mezzanines»

Ils combinent le financement par emprunt et le financement par action. «Cependant, l'entreprise devra payer un taux d'intérêt plus élevé que le taux hypothécaire, en fonction du risque inhérent à ce type de financement : les prêteurs garantis l'emportent en effet sur l'institution qui accorde le prêt mezzanine», affirme M. Marcotte

Les anges financiers

Ils peuvent permettre de lever des fonds importants et d'emprunter des capitaux plus «patients». Pour ces investisseurs, le rendement d'une entreprise ne provient pas des intérêts mensuels, mais d'une valorisation de son capital dans les 3 à 5 ans. «En raison de leur expérience en affaires, les anges financiers apportent aussi un regard extérieur et un réseau utile pour étendre ses sources de financement», dit Mme Renault. Mais là encore, il faut tolérer une certaine participation au sein de l'entreprise, bien souvent en attribuant un droit de regard ou un siège au conseil d'administration.

Série 4 de 10

Objectif : croissance

Cette série présente des cas d'entreprises qui ont mis en place des stratégies efficaces pour assurer leur développement.

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