Le développement durable, un atout face aux investisseurs ?

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Le développement durable, un atout face aux investisseurs ?

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Quand Lise Morissat a voulu agrandir l'entreprise dont elle est une des actionnaires, ses enfants âgés de 28 et 29 ans l'ont encouragée à construire vert. Résultat ? Le groupe Stageline, constructeur de scènes de spectacle mobiles, s'est doté du premier bâtiment industriel durable certifié LEED au Québec. Avec un budget de 6,5 millions de dollars, l'usine répond à des normes rigoureuses en matière d'environnement. Certainement des atouts pour séduire les prêteurs, non ?

" Pas du tout, raconte Lise Morissat, présidente et chef de l'exploitation de la PME de L'Assomption. Les institutions financières ont encore du mal à chiffrer la plus-value d'un bâtiment LEED. La qualité durable de notre projet, démarré en 2006, ne nous a pas spécialement ouvert de portes. "

Tenace, la dirigeante de 52 ans insiste sur l'importance de soutenir davantage les projets écoresponsables.

Aller au-delà du risque environnemental

Aujourd'hui, face aux PME, la seule véritable exigence des banques est d'évaluer le risque environnemental auquel est exposée l'entreprise en raison, par exemple, de la contamination des terrains ou de rejets polluants. " Pour le moment les politiques de développement durable des PME ne bonifient ni ne pénalisent l'octroi des crédits ", reconnaît Pauline D'Amboise, secrétaire générale du Mouvement des caisses Desjardins, une institution pourtant bien connue pour ses prises de position en faveur du développement durable et de la responsabilité sociale.

Même son de cloche du côté de la Banque Royale, dont les 80 000 clients commerciaux sont surtout des PME. " À part le risque environnemental, les pratiques de développement durable n'entrent pas dans la grille d'analyse d'un dossier financier ", dit Raymond Chouinard, directeur, médias et relations publiques, de RBC.

Manifestement, il y a place à l'amélioration chez les banquiers. Mais chez Desjardins, on y pense. " On ouvre cette année un grand chantier sur le sujet, dit Pauline D'Amboise. Les directeurs de compte y sont conviés et on attend les résultats en 2009. "

Des résultats scrutés à la loupe

Si la performance environnementale d'une PME n'est pas encore prise en compte par les investisseurs, il en va autrement du côté des grandes entreprises. Plus question d'appâter la communauté financière juste avec un bilan et de bons résultats financiers. Leur performance en matière d'environnement et de responsabilité sociale est scrutée à la loupe, comme le montre le Carbon Disclosure Project. Cette année, la plupart des grandes entreprises québécoises contactées par ce groupe de 385 investisseurs institutionnels n'ont pas voulu dévoiler la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise par leurs activités. Plusieurs ont même avoué ne pas avoir de plan de réduction des GES...

Sur la place publique, " elles se feront taper sur les doigts par leurs actionnaires ", assure Johanne Gélinas, associée, responsabilité d'entreprise et développement durable, chez Deloitte. Les fonds éthiques, notamment, ne voient pas ces éléments d'un très bon oeil.

Plus les activités de l'entreprise entraînent des risques, plus elle devra redoubler d'efforts pour montrer patte blanche. Olivier Gamache, du Groupe investissement responsable (GIR), en sait quelque chose puisqu'il passe son temps à faire le chien de garde pour ses clients. GIR vérifie une ou deux fois l'an les performances sociales ou environnementales des entreprises qui font partie de son portefeuille. Dans ses chics bureaux du Vieux-Montréal, le gestionnaire confirme que les PME devront bientôt se soumettre aux mêmes exigences que les grandes organisations.

" Il y aura un effet d'entraînement. Bien souvent, les PME sont les fournisseurs des grandes entreprises et elles se verront bientôt imposer les mêmes règles. Elles seront avisées qu'elles devront avoir une longueur d'avance ", croit Olivier Gamache.

dossiers@transcontinental.ca

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