Se sentir à l'aise avec le risque: un ingrédient clé

Publié le 17/09/2020 à 14:48

Se sentir à l'aise avec le risque: un ingrédient clé

Publié le 17/09/2020 à 14:48

Par Courrier des lecteurs
Jean-François Gagné

Jean-François Gagné (Photo: courtoisie)

Article écrit par Jean-François Gagné, PDG et cofondateur d'Element AI

 

COURRIER DES LECTEURS. Pendant de nombreuses années, le Canada a été une puissance de recherche, et nous avons été mis au défi de commercialiser nos avancées scientifiques ici, chez nous. L’écosystème de l’intelligence artificielle (IA) et de la technologie a énormément évolué pour essayer de fournir les apports nécessaires, qu’il s’agisse de financement, de talent ou de demande. En élaborant des stratégies et en reconstruisant pour la nouvelle ère qui nous attend, nous devons redoubler d’efforts pour résoudre ce défi canadien par excellence en augmentant notre volonté d’innover chez nous.

Nous disposons du capital humain, de la technologie et d’une abondance de ressources naturelles pour créer des chaînes d’approvisionnement résistantes, améliorer la productivité agricole, lutter contre le changement climatique, développer la fabrication de pointe et la transformation des ressources, et transformer numériquement la prestation des services publics. Qu’est-ce qui nous nous retient? Notre appétit pour le risque.

Historiquement, les entreprises canadiennes ont investi relativement moins dans l’innovation risquée par rapport à des économies similaires. Pourquoi prendre le risque supplémentaire de faire des erreurs alors que nous sommes en mesure de bénéficier en aval de la valeur ajoutée des meilleures pratiques de nos homologues américains, d’en hériter et de les adopter une fois qu’elles sont bien établies? 

Ce raisonnement s’affaiblit à la lumière d’une économie numérique en pleine croissance qui favorise les technologies de plateforme gagnantes. Ce sont surtout les entreprises et les secteurs étrangers qui bénéficient des années et des millions de dollars versés dans les institutions de recherche canadiennes. Nous pouvons mieux saisir la valeur de notre recherche en augmentant notre volonté d’accepter le risque d’échec associé à l’innovation, tant en créant nos propres plateformes technologiques qu’en les appliquant à nos atouts traditionnels. 

Le plan de relance ne peut être réalisé sans le replacer dans le contexte de la concurrence mondiale. Chez Element AI, plus de 80 % de notre entreprise est basée au Canada, mais 74% de nos transactions sont internationales. Nous ne sommes guère la seule entreprise canadienne dans cette position, car le Canada dépend fortement du commerce international, qui représentait 66% du PIB avant la crise. 

Nous n’avons pas besoin d’élaborer des concepts révolutionnaires aux possibilités lointaines pour faire une différence significative en matière de compétitivité. Il existe des innovations potentielles avec des technologies existantes ou à court terme. L’IA et les sciences des matériaux peuvent non seulement favoriser la découverte de nouveaux médicaments, mais aussi tirer parti de nos vastes ressources naturelles pour les transformer en précieux intrants clés pour la fabrication de pointe. Le passage accéléré au travail et aux services à distance exigera également une transformation numérique accélérée des organisations pour suivre le rythme.

Le Canada doit être plus à l’aise avec le risque et il sera important que le plan de relance contribue à créer un environnement adéquat. De nombreux entrepreneurs sont prêts et disposés à assumer ces risques pour l’innovation, mais les obstacles à l’innovation sont trop élevés.

Par exemple, travailler avec l’IA n’est plus un problème d’accès aux algorithmes (l’investissement du Canada dans la recherche s’en est chargé), c’est l’infrastructure numérique pour soutenir l’IA à grande échelle qui constitue le défi. Le coût d’accès à une masse critique de données ou à une infrastructure de calcul pour la transformation numérique est prohibitif pour les petites et moyennes entreprises, même pour démarrer des projets qui utilisent des technologies développées localement. Étant donné l’ampleur prévue du plan de relance, le fait d’en consacrer une petite partie à l’infrastructure numérique pourrait avoir des répercussions considérables sur la réduction des obstacles à l’innovation. 

Le plan de relance du gouvernement devrait également passer d’un rôle passif d’octroi de prêts (ce qui était approprié au cours des premiers mois critiques de la crise) à un rôle plus actif d’approvisionnements directs. Cela peut être une situation gagnant-gagnant-gagnant. L’argent va toujours à une entreprise pour créer des emplois, et l’approvisionnement ne va pas seulement faire augmenter les revenus, mais aussi contribuer de manière significative à la valorisation de cette entreprise, ce qui est un ingrédient clé pour soutenir les investissements dans l’innovation canadienne. Les marchés publics de solutions technologiques peuvent alimenter à la fois le développement d’une infrastructure numérique pour soutenir la fourniture de ses propres services, mais aussi de secteurs clés, tels que les bases de données pour l’agriculture et les industries de ressources.

Prendre le risque de commercialiser notre technologie et d’innover chez nous est un pari précieux, tant pour le secteur public que pour le secteur privé. Cela peut signifier une reprise plus rapide et un Canada plus compétitif sur le marché mondial. Oui, il y aura un risque d’échec, mais investir dans l’infrastructure numérique signifie réduire le risque global pour tout le monde, en particulier pour les petits joueurs, et cela en vaut bien les bénéfices.

 

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