Des écrans flexibles et transparents arrivent sur le marché


Édition du 15 Mars 2014

Des écrans flexibles et transparents arrivent sur le marché


Édition du 15 Mars 2014

e Groupe Viva a commencé à déployer quelque 50 réfrigérateurs équipés d'un écran transparent dans des dépanneurs et des bars de la région de Montréal

Les écrans de nos téléphones ont beau être minces, force est d'admettre qu'ils ont peu évolué depuis l'arrivée de l'iPhone, en 2007. La démocratisation des écrans tactiles qui a suivi a grandement transformé plusieurs industries. Or, les écrans transparents (et tactiles) pourraient bientôt avoir le même effet. Comme quoi le journal The Daily Prophet de l'univers de Harry Potter et l'écran géant mis en scène dans le film Minority Report ne relèvent ni de la magie ni d'un futur lointain.

«Le Saint-Graal est l'ubiquité des écrans qui, par exemple, pourraient être posés sur les murs comme du papier peint ; les écrans pourraient ultimement occuper virtuellement toutes les surfaces», soutient Michael Banach, directeur de la recherche et des partenariats chez Plastic Logic.

Fondée par des chercheurs de l'université Cambridge, la société britannique a développé une technologie qui la place au coeur de cette révolution. En mettant au point des transistors à base de plastique plutôt que de silicium, un matériau rigide, Plastic Logic est en mesure de fabriquer des écrans aussi flexibles qu'un magazine.

«D'ici 12 à 18 mois»

Selon M. Banach, les écrans flexibles seront d'abord utilisés afin de remplacer des documents imprimés dans l'affichage publicitaire et dans les ordinateurs corporels comme les montres intelligentes. «C'est le créneau des ordinateurs corporels qui devrait amener la technologie auprès du grand public d'ici 12 à 18 mois», estime le chercheur.

La technologie de Plastic Logic pourrait être utilisée pour concevoir des écrans à la fois flexibles et transparents. Les écrans transparents rigides, pour leur part, sont déjà sur le marché. Pour l'instant, ils sont surtout utilisés par l'industrie de l'affichage publicitaire. En règle générale, ces écrans sont alimentés par l'intermédiaire d'une couche d'oxyde d'indium-étain, un des rares matériaux conducteurs ayant la propriété d'être transparent. Ce dernier étant à base d'indium, un métal rare, la technologie demeure plutôt coûteuse.

Pierre Gendron, pdg du Groupe Viva, une entreprise de Boisbriand spécialisée dans l'affichage publicitaire, a vu pour la première fois la technologie en février 2013, à l'occasion du Digital Signage Expo, à Las Vegas. Il cherchait le moyen d'en faire quelque chose lorsqu'il a eu l'idée de proposer à Molson Coors Canada de mettre ses bières dans des réfrigérateurs dont la porte serait un écran... laissant apercevoir le produit derrière.

Le 25 février, le Groupe Viva a commencé à déployer quelque 50 réfrigérateurs équipés d'un écran transparent dans des dépanneurs et des bars de la région de Montréal. Le réfrigérateur, que le Groupe Viva a développé avec des fournisseurs asiatiques, coûte de 3 500 à 4 000 $. Ce n'est pas donné, mais le prix ne semble pas décourager les annonceurs, qui y voient un moyen de frapper l'imaginaire de leur clientèle en faisant figure de pionnier. «Je n'ai jamais reçu autant d'appels ; pas plus tard que ce matin, j'ai reçu des commandes potentielles de France et d'Autriche», soutient Pierre Gendron.

e Groupe Viva a commencé à déployer quelque 50 réfrigérateurs équipés d'un écran transparent dans des dépanneurs et des bars de la région de Montréal

Baisse de prix à l'horizon

Pierre Gendron, qui explique que le Groupe Viva pourrait déployer de 1 500 à 2 000 réfrigérateurs à écran transparent pour Molson Coors si les premiers s'avèrent une réussite, prévoit que le prix de la technologie baissera rapidement. «Notre objectif, c'est de réduire le prix de moitié d'ici six mois, en fonction des volumes», explique-t-il.

À terme, les écrans transparents pourraient être utilisés dans des pare-brise ou des lunettes. «Une application évidente [des écrans transparents] est la réalité augmentée, où les informations digitales comme le nom des restaurants ou les itinéraires routiers seraient superposées à la vue réelle», a expliqué dans une entrevue par courriel Zhengyou Zhang, expert en interaction personne-machine chez Microsoft Research, à Redmond.

La technologie sur le marché ne permet pas de telles applications à l'heure actuelle, puisqu'on doit contrôler la luminosité derrière ces écrans, sans quoi ils perdent leurs propriétés. D'autres technologies pourraient toutefois agrandir leur champ d'application, tout en faisant diminuer les coûts.

L'une d'entre elles, qui a été développée par des chercheurs montréalais, pourrait permettre de fabriquer des écrans transparents et flexibles dépourvus d'oxyde d'indium-étain, en remplaçant le coûteux conducteur par des nanotubes de carbone. «Je pense qu'il y a de l'avenir dans le carbone, mais c'est facile de se tromper», soutient Richard Martel, professeur de chimie à l'Université de Montréal. Le chercheur, qui faisait partie de l'équipe ayant publié cette approche dès 2006, ne doute toutefois pas que les écrans transparents et flexibles seront monnaie courante d'ici 10 ans.

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