L'économie n'a plus de frontières, et les entreprises se doivent d'avoir des leaders qui possèdent une perspective internationale et de l'expérience dans des contextes mondiaux.
C'est d'ailleurs une question qui préoccupait les 37 dirigeants d'entreprise qui ont participé au laboratoire d'idées sur le leadership organisé par le journal Les Affaires en collaboration avec Knightsbridge, en août 2008. Ils se sont demandé si les futurs dirigeants pouvaient avoir un regard international et prendre des responsabilités d'envergure mondiale.
Gérer dans une économie planétaire
"Les occasions d'affaires ainsi que les menaces pour une entreprise prennent leur source dans un contexte qui s'est mondialisé. Comme le leader trace la voie que l'organisation doit suivre, il est essentiel qu'il ait un regard international", estime Pierre Lainey, chargé de formation en management à HEC Montréal.
De plus, dans un contexte où la Chine, l'Inde, Brésil, et la Russie intensifient la concurrence, les leaders n'auront guère le choix d'avoir une perspective internationale, croit Bill Blake, professeur et doyen associé pour les programmes MBA de l'École de gestion de l'Université Queen's, d'Ontario.
Javier San Juan, président et chef de la direction de L'Oréal Canada, mettait d'ailleurs en garde les futurs leaders, lors d'un colloque organisé par la Jeune Chambre de commerce de Montréal, en octobre dernier. Le leader du géant français de la beauté a souligné à plusieurs reprises que des jeunes leaders, ceux provenant du Brésil par exemple, allaient livrer une vive concurrence aux gestionnaires d'ici, et que les Québécois devaient se préparer pour être à la hauteur.
Scott Carson, directeur du programme MBA de l'École de gestion de l'Université Queen's, ne croit pas qu'il s'agisse uniquement d'être en concurrence avec des leaders étrangers, mais de l'être dans leur marché : "C'est pourquoi il faut se familiariser avec leur culture et apprendre à gérer et à faire des affaires dans leur marché."
Bien connaître son marché
La question de l'importance d'avoir ce type de leader ne devrait même plus se poser, estime Bill Blake. Dans notre ère de mondialisation, enchaîne-t-il, les leaders actuels et futurs devraient comprendre que chacun voit le monde différemment et qu'apprendre à gérer dans ce contexte est devenu indispensable. "Le leader doit saisir la dynamique culturelle, géopolitique et économique des pays", dit pour sa part M. Lainey.
Marie Imbault connaît très bien l'importance de voir plus loin que le Québec. Celle qui a créé une entreprise d'exportation de logiciels éducatifs québécois il y a moins d'un an a décidé de concentrer ses activités dans le pays de l'Oncle Sam. "Il y a tellement d'occasions d'affaires aux États-Unis ! Mais il faut connaître le marché", dit-elle.
Depuis 2003, Mme Imbault voyage pendant plusieurs mois par année à travers les États-Unis. Elle assiste à au moins huit conférences et congrès annuellement afin de développer des relations d'affaires, rester à jour et bâtir un réseau. Pour faire des affaires en dehors du Québec, explique-t-elle, c'est essentiel d'avoir l'esprit ouvert et de parler la langue, du moins aux États-Unis, conclut-elle.
Cet article a été publié dans le journal Les Affaires le 14 mars 2009.
