Toujours plus de femmes à la tête d'organisations économiques

Publié le 08/03/2024 à 10:20

Toujours plus de femmes à la tête d'organisations économiques

Publié le 08/03/2024 à 10:20

Par Dominique Talbot

Reena Atanasiadis, Janie Béïque, Bicha Ngo, Kim Thomassin et Isabelle Hudon (Photo: courtoisie)

La route vers l’égalité et l’équité n’est pas terminée dans le milieu des affaires, mais aujourd’hui, Investissement Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Fonds FTQ, Fondaction CSN et la Banque de développement du Canada (BDC) n’ont plus seulement en commun de gérer des actifs de centaines de milliards de dollars. Ces organisations, ou des divisions de celles-ci sont toutes gérées par des femmes. Parcours croisés de celles qui font non seulement fructifier notre avoir collectif, mais qui façonnent l’avenir du Québec.

Consultez notre dossier sur la Journée internationale des droits des femmes

Le 20 décembre dernier, Bicha Ngo était nommée à la tête d’Investissement Québec pour un mandat de trois ans. Auparavant, elle occupait le poste de première vice-présidente exécutive — Placements privés, de l’organisation. Celle que ses parents espéraient plutôt en médecine (comme son père), y était responsable du capital de risque, des fonds d’investissement, du capital de développement et du secteur des ressources. 

«Quand j’ai choisi les services de banque d’investissement, une amie très proche m’avait dit que je ne survivrais pas à cette industrie-là, que c’était un milieu de requins. Mais j’étais passionnée, et je savais que je pouvais recommencer si je me trompais, alors je me suis lancée », confiait-elle à Les Affaires il y a quelques années, rappelant qu’il y a trois décennies, ce type d’environnement de travail était «complètement masculin». 

À l’époque, dans son plan stratégique, soutenir les femmes entrepreneures était un des dossiers qui lui tenaient beaucoup à cœur, faisait-elle valoir. « Nous voulons que la proportion d’entreprises financées directement par Investissement Québec et qui sont dirigées par une femme passe à 15% en 2022, et à 18% en 2023 », disait-elle à l’époque. 

Aujourd’hui, à titre de PDG d’IQ, elle dit vouloir continuer « de travailler à encourager et soutenir les femmes entrepreneures et dirigeantes dans leur projet, notamment pour faciliter l’accès à du financement et de l’accompagnement ».

 

Encore trop peu de femmes en finance 

La médecine a également failli devenir le chemin emprunté par Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec, à la Caisse de dépôt et placement du Québec. 

Mais, par un concours de circonstances, elle a plutôt opté pour le droit, et ensuite les affaires. Celle qui gère un portefeuille qui pourrait atteindre 100 milliards de dollars en 2026 souhaite également voir plus de jeunes femmes choisir le milieu de la finance. 

«C’est une anecdote, mais ma fille avait son bal cet été. Comme d’autres parents, je suis allée la reconduire. J’ai parlé avec plusieurs jeunes filles, mais pas une seule ne m’a dit vouloir aller en finance. J’ai trouvé ça désolant. Il faut se mobiliser, il faut aller dans les écoles, et je m’en fais un défi », nous confiait-elle lors d’une entrevue l’automne dernier, ajoutant qu’elle aimerait impliquer plusieurs professionnelles de l’écosystème pour y arriver. 

Doyenne de l’École de gestion Williams de l’université Bishop’s, Reena Atanasiadis fait le même constat. Encore trop peu de femmes bifurquent vers le milieu de la finance. 

« Il y a beaucoup plus de femmes aujourd’hui, mais il y a un manque d’intérêt qui est surprenant à l’université. Pourtant, en comptabilité, plus de la moitié de la clientèle étudiante est constituée de femmes. En finance, c’est à peine un tiers. Ce sont les mêmes ratios que l’ingénierie. Les femmes hésitent à aller dans ces domaines », constate-t-elle. 

Résultat, même si elle se réjouit des progrès réalisés dans des domaines historiquement masculins, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à l’égalité, dit-elle. 

Sur les marchés des capitaux, par exemple, la représentation féminine compte pour moins du tiers des effectifs, fait remarquer Reena Atanasiadis. « Même principe pour les conseils d’administration », ajoute-t-elle. 

Encore plus de femmes dans des postes de gestion, c’est justement l’un des premiers projets auxquels s’est attaquée Janie Béïque, présidente-directrice générale du Fonds de solidarité FTQ depuis 2021. Surtout au sein des entreprises dans lesquelles le Fonds investit ses capitaux. 

« La plupart des organisations ont ce qu’on appelle en anglais un 'best effort" de 30%. Moi, j’ai plutôt obligé à ce que 40% de nos postes de direction soient occupés par des femmes. Ma recette n’est pas compliquée. Les premiers hommes que mes équipes ont voulu soumettre, je les ai refusés. Ils ont compris que j’étais sérieuse. Pour moi, c’est juste une question de sortir de son réseau naturel », nous confiait-elle l’automne dernier. 

De son côté, Isabelle Hudon, présidente et cheffe de la direction de la Banque du Canada (BDC) depuis août 2021, espère que non seulement les femmes seront plus nombreuses dans des postes de gestion, mais aussi comme entrepreneures. C’est l’une des raisons qui ont poussé la BDC à créer une initiative de 500 millions de dollars pour y arriver. 

Ce fonds vise à « faire rayonner les femmes entrepreneures au pays en leur offrant de meilleures occasions. […] Nous croyons que l’incroyable potentiel de ces femmes peut devenir un important levier de prospérité économique pour le pays », disait-elle au lancement de cette initiative à l’automne 2022.

 

À (re)lire:

Bicha Ngo: l'ambition tranquille d'une femme d'exception

Kim Thomassin: investir au Québec, pour le Québec

Janie Béïque: se donner les moyens de ses ambitions

La PDG de BDC a été parmi les premières à maîtriser les lecteurs de codes-barres 

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