Quatre champions québécois, une même vision de l'équipe parfaite !


Édition du 13 Août 2016

Quatre champions québécois, une même vision de l'équipe parfaite !


Édition du 13 Août 2016

Par Olivier Schmouker

[Photo : 123RF/dolgachov]

Kim St-Pierre, Dave Morissette, Étienne Boulay et Francis Bouillon. Quatre champions québécois hors normes. Quatre expériences professionnelles distinctes. Pourtant, tous partagent la même vision de ce qu'est une équipe parfaite !

C'est ce qui est ressorti du panel auquel ils ont récemment participé, à l'occasion de l'événement Hors-Jeu du studio montréalais de jeux vidéo Ludia. Les quatre ont en effet réfléchi ensemble sur ce qui faisait que l'on connaissait du succès ou pas, en équipe, tant dans le domaine du sport que dans le cadre du travail. Et ils en sont arrivés à la conclusion que ce qui permettait à une équipe de voler de succès en succès tenait à trois caractéristiques. Oui, seulement trois caractéristiques.

Ce qu'ils ne savaient pas, c'était que ces trois caractéristiques-là correspondaient très exactement à celles qui définissent une «équipe réelle» - comprendre une équipe réellement efficace - selon Jon Katzenbach, un consultant américain en management devenu célèbre avec son bestseller The Wisdom of Teams: Creating the High-Performance Organization. Explication.

1. L'engagement émotionnel

D'après M. Katzenbach, la première caractéristique d'une équipe réelle concerne le fait que chacun de ses membres est aussi engagé émotionnellement que les autres quant à l'atteinte des objectifs visés. C'est-à-dire que chacun a le coeur et la tête à ce qu'il fait, jour après jour. Et ce, sachant que ce qui importe vraiment n'est pas la performance individuelle, mais la performance collective.

«Igor Oulanov ne jouait pas bien depuis deux semaines, a raconté Dave Morissette. Nous nous demandions tous ce qui se passait et les médias n'arrêtaient pas de le critiquer, mais il restait muet. Et puis, l'entraîneur Alain Vigneault est entré un jour dans le vestiaire, la larme à l'oeil : "Les gars, faut le dire quand il y a quelque chose qui ne va pas", avait-il lancé. Le père d'Oulanov était mourant, et Igor ne l'avait confié à personne parce qu'il croyait que ça ne se faisait pas ! Le problème, c'est que dès qu'il y en a un qui n'a plus le coeur à l'ouvrage, c'est toute l'équipe qui en paye le prix.»

L'engagement émotionnel est d'ailleurs ce qui fait la différence entre deux équipes de haut niveau : «Ce qui compte alors, ce n'est plus l'addition de talents individuels, mais l'esprit d'équipe et les efforts fournis», a expliqué Étienne Boulay.

Kim St-Pierre a ainsi dévoilé son truc personnel pour nourrir son engagement émotionnel, jour après jour : «J'écris l'objectif qui me tient le plus à coeur sur une feuille de papier que je colle ensuite au mur, a-t-elle indiqué. Tous les soirs, sans faute, je me poste devant et je me demande ce que j'ai fait dans la journée pour progresser vers son atteinte. Et pour chaque chose faite, je mets un grain de riz dans le pot Masson à côté. Un grain de riz, c'est rien, mais plus les semaines passent, plus on voit le niveau monter, et c'est incroyable comme ça motive de voir ça !»

2. Le leadership partagé

La deuxième caractéristique d'une équipe réelle a trait au leadership partagé au sein du groupe, selon M. Katzenbach. C'est-à-dire que chacun est appelé à prendre les rênes de l'équipe en fonction de ses compétences et des circonstances, et non en fonction de sa position hiérarchique. Autrement dit, le boss n'est pas celui qui en a le titre, mais plutôt celui qui est le mieux placé pour permettre à l'équipe de surmonter la difficulté qui se présente.

«Il faut vouloir que l'équipe gagne et tout faire pour ça, a dit Kim St-Pierre. Je me souviens de la demi-finale de 2002 contre la Finlande, un match a priori facile pour nous, mais nous nous sommes retrouvées à être menées 3-2 à la fin de la deuxième période. C'était tellement inattendu qu'à la pause il régnait un silence de mort au vestiaire. Des filles se sont même mises à pleurnicher. Nous étions toutes paniquées, ne sachant pas comment renverser la vapeur. C'est alors qu'une fille s'est écriée "Emerald Lake !" pour nous mettre en tête une image de paysage à la fois beau et calme. Ça nous a apaisées, ça nous a regroundées. Comme par magie. Cette fille a fait preuve d'un incroyable leadership, même si elle n'était pas la coach. Résultat : nous l'avons emporté 7-3.»

Pas de leadership partagé possible sans une attitude en conséquence du boss, à savoir «juste, humble et attentionné», selon Étienne Boulay. Et d'illustrer : «Le coordonnateur défensif Chris Jones nous faisait regarder et commenter tous les bons et les mauvais coups de nos matchs. Un jour, il s'apprêtait à nous faire voir une phase de jeu que nous avions raté lamentablement, mais - à la surprise générale - il est aussitôt passé à la suivante. Pourquoi ? "Parce que sur ce coup-là, les gars, c'est moi qui vous ai mis dans la m... avec une tactique qui ne valait rien ; c'était entièrement de ma faute, mea culpa", avait-il expliqué. Ça, c'est le signe d'un vrai leader, c'est-à-dire d'un coach qui se met vraiment au service de l'équipe, et non d'un coach qui pense que l'équipe est à son service».

3. La responsabilisation individuelle

La dernière caractéristique d'une équipe réelle correspond à la responsabilisation de chacun, d'après M. Katzenbach. Ce qui signifie que chaque membre de l'équipe se doit d'assumer la responsabilité de ses faits et gestes au travail. Cela, en sachant que les autres se feront un devoir de lui venir en aide en cas de pépin.

«C'est seulement lorsqu'on est tissé serré qu'on connaît le succès. Parce qu'on est alors responsable de soi, mais aussi des autres : chacun sait qu'il a un rôle à jouer, et que ce rôle-là consiste notamment à permettre aux autres de jouer le leur», a dit Francis Bouillon.

«Quand je regarde des légendes du basketball comme Michael Jordan, Scottie Pippen et Dennis Rodman, je suis frappé par le fait qu'ils avaient tous un point commun : ces joueurs-là avaient le tour pour faire sortir le meilleur de leurs coéquipiers, a souligné Étienne Boulay. Ils se sentaient la responsabilité de faire briller leur talent, mais aussi, et surtout, celui des autres.»

«La clé, c'est de se donner pour mission personnelle d'être meilleur grâce aux autres, et non pas d'être meilleur que les autres. Parce c'est ce qui permet de réaliser le magique 1 + 1 = 3 !», a souligné Dave Morissette.

Kim St-Pierre

Ex-gardienne de but de l'équipe féminine canadienne de hockey

→ 3 médailles d'or aux Jeux olympiques d'hiver de 2002, 2006 et 2010

→ 6 médailles d'or aux championnats du monde

[Photo : notrehistoire.canadiens.com]

Dave Morissette

Ex-joueur de l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal (1998-2000)

[Photo : Alouettes de Montréal]

Étienne Boulay

Ex-joueur des Alouettes de Montréal (2006-2011) et des Argonauts de Toronto (2012), de la Ligue canadienne de football

→ 3 coupes Grey

Francis Bouillon

Ex-joueur de l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal (1999-2009 et 2012-2014)

→ 1 Coupe Memorial

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