Le marché de l'emploi est «fissuré», s'inquiètent des économistes

Publié le 12/02/2024 à 07:44, mis à jour le 12/02/2024 à 17:15

Le marché de l'emploi est «fissuré», s'inquiètent des économistes

Publié le 12/02/2024 à 07:44, mis à jour le 12/02/2024 à 17:15

Par Catherine Charron

La province n’échappe pas à ce sombre portrait. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATINNe vous laissez pas berner par les chiffres sur l’emploi publiés le vendredi 9 février 2024: derrière le recul du taux de chômage et le nombre plus important qu’escompté de postes créés se cache un portrait bien plus sombre, d’après des économistes.

C’est d’autant plus inquiétant que dans des circonstances autres, un bond de plus de 37 000 emplois nets et une baisse de 0,1% leur auraient fait «pousser un soupir de soulagement», indiquent Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, respectivement chef économiste adjoint et économiste à la Banque Nationale (BN).

Le hic, c’est que cette augmentation est en fait le fruit d’une progression de 48 900 postes à temps partiel et d’un 10e recul consécutif du nombre d’emplois à temps plein, dont le chiffre a fondu de 11 600.

De plus, ce gain ne suit pas la hausse de la population active, qui a grimpé à un «rythme record de 125 000» nouvelles personnes. Ce sont «77 000 emplois qui auraient été nécessaires pour maintenir le taux d’emploi au même niveau», rapporte la BN.

Ces créations de postes proviennent surtout du secteur public, alors que le secteur privé a sabré dans ses rangs, pour un deuxième mois d’affilée. Un phénomène similaire est d’ailleurs observé au Québec, fait remarquer Florence Jean-Jacobs, économiste principale chez Desjardins.

La baisse du taux de chômage est aussi le fruit d’un recul de 1% par rapport au mois précédent de la population active, qui s'est établie à 65,3%. On est donc loin de ce que les chiffres laissent miroiter à première vue, d’après James Orlando, économiste principal de la Banque TD.

«Le taux de chômage sous-estime probablement la fragilité du marché du travail, préviennent les analystes de la BN. Le taux de participation risque de s'inverser dans les mois à venir, car la pression pour trouver un emploi s'accroît pour certains individus au fil du temps.»

Le nombre d’heures travaillées a augmenté de 0,6% en un mois, tandis que la hausse des salaires a perdu de la vitesse par rapport à décembre 2023: en janvier, le taux de croissance était de 5,3%, alors qu’il était de 5,7% un mois auparavant. Idem pour le Québec, où le taux est passé de 3,6% à 3,3%.

James Orlando rappelle qu’en 2023 aussi, la création de postes avait dépassé les attentes en janvier. Cela n’a pourtant pas été garant de sa performance tout au long de l’exercice. «Ce n’est pas le genre de rapport qui nous laisse croire que le marché de l’emploi canadien est sur le point de changer de cap», écrit-il.

 

Portait tout aussi morose au Québec

La province n’échappe pas à ce sombre portrait, confirme Florence Jean-Jacobs de Desjardins.

«Les pertes d’emploi du secteur privé au cours des six derniers mois se chiffrent à -16 400, contrastant avec les gains [de 52 500] dans le secteur public», rapporte l’économiste principale.

Ici aussi, c’est la baisse du nombre de demandeurs d’emploi qui a glissé de 0,2 point de pourcentage, atteignant désormais 4,5%. L'augmentation du nombre de personnes âgées de 15 ans et plus a plombé le taux d’emploi, qui est passé de 62,5% à 61,6%.

Florence Jean-Jacobs s’inquiète tout particulièrement de voir autant de candidats quitter le marché, alors qu’il faut remonter à 1976 pour observer une hausse pareille du nombre de personnes en âge de travailler dans la province.

«Il faudra surveiller de près le taux d’activité et le taux d’emploi au courant de l’année 2024», estime-t-elle.

 

 

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