Les conseillers en transition de carrière n'ont rien d'un George Clooney

Publié le 18/03/2010 à 13:00

Les conseillers en transition de carrière n'ont rien d'un George Clooney

Publié le 18/03/2010 à 13:00

Ryan Bingham est la caricature cynique des spécialistes en transition de carrière. Photo : Bloomberg

Les Ryan Bingham, ce spécialiste des licenciements joué par George Clooney dans le film Haut dans les airs (version française de Up in the Air), existent-ils chez nous ou même aux États-Unis ?

Pas vraiment. Ryan Bingham est la caricature cynique des spécialistes en transition de carrière. Le film, réalisé par Jason Reitman et en nomination pour l'Oscar du meilleur film, occulte justement la partie transition de carrière pour mettre l'accent sur l'aspect plus spectaculaire des licenciements.

Mais rassurez-vous, même aux États-Unis, pays où tout est possible, les patrons ne confient pas le sale boulot de congédier à un consultant qui passe en coup de vent.

" De toute ma carrière, je n'ai jamais vu un licenciement qui n'était pas annoncé par un supérieur de l'employé, affirme Lucie Vigneault, directrice générale du bureau de Montréal d'André Filion & Associés, spécialisée en gestion de carrière. Et au bureau de Chicago auquel nous sommes associés, on m'a assuré que cela ne se passe pas comme dans le film non plus. " Mme Vigneault a travaillé aux États-Unis pendant trois ans au début des années 2000.

Joseph Anstett, vice-président consultation, de KWA, n'a pas vu le film. " Les commentaires que j'ai entendus m'ont enlevé l'envie de le voir ", raconte le vétéran de la gestion de carrière, qui n'aime pas l'image que le film donne de sa profession.

Ce qu'il a entendu du film Haut dans les airs n'a pas non attiré Louis Verreault, vice-président district de l'Est chez DBM, au cinéma.

Aider les salariés à accuser le choc

Les conseillers en transition de carrière ont pour tâche principale d'aider les personnes licenciées à accuser le choc de la nouvelle et à se trouver un nouvel emploi.

" La direction de l'entreprise prend contact avec nous quelques jours avant, pour annoncer les mises à pied. Nous la conseillons quant aux lois à respecter aux choses à dire et à ne pas dire. C'est la direction qui détermine quels employés seront licenciés ", dit Lucie Vigneault.

Au jour J, c'est généralement le supérieur immédiat des personnes licenciées qui leur annonce la nouvelle, souvent accompagné d'un employé du service des ressources humaines. " C'est très difficile pour les patrons qui font l'annonce, explique M. Anstett. Souvent, ce ne sont pas eux qui ont pris la décision. "

Les spécialistes mandatés attendent dans une salle attenante où défileront un à un les licenciés pour en apprendre plus sur la compensation offerte par l'employeur. " J'ai déjà participé à des licenciements massifs où nous étions 30 spécialistes pour rencontrer les employés ", raconte Louis Verreault.

Oubliez le vendredi

L'annonce faite à l'employé doit être simple, directe et respectueuse. Le supérieur ne doit pas tourner au tour du pot, tenter de justifier la décision ou essayer de gérer les émotions des employés; c'est le travail des spécialistes.

Que disent-ils pour les réconforter ? " Essentiellement, qu'ils sont aussi bons qu'ils l'étaient avant d'être congédiés; qu'ils étaient juste assis sur la mauvaise chaise au mauvais moment, dit Mme Vigneault, qui a vu le film. J'ai trouvé intéressant que George Clooney soit plus attaché aux valeurs humaines que sa jeune partenaire qui voulait tout informatiser. Mais le film ne représente pas la réalité, de toute façon. "

Les travailleurs de 50 ans et plus sont généralement plus touchés par la nouvelle de leur licenciement; ils sont de la génération à qui on a toujours dit que s'ils faisaient ce qu'il faut, ils garderaient leur emploi. Les jeunes sont plus habitués à l'instabilité, mais il est toujours difficile d'encaisser une décision prise par quelqu'un d'autre.

Le spécialiste en transition de carrière passe en moyenne 15 minutes avec l'employé qui vient de se faire licencier, mais la rencontre peut durer jusqu'à une heure s'il a du mal à reprendre le contrôle de ses émotions. Si le spécialiste a des doutes, il peut lui téléphoner le soir même pour prendre de ses nouvelles. Il est d'ailleurs déconseillé de licencier le vendredi; les employés doivent avoir accès à des ressources dès le lendemain.

Généralement, on demande aux employés licenciés de ne pas retourner à leur bureau tout de suite après; ils ne sont pas en état psychologique de le faire, et cela vaut mieux pour les employés qui restent et qui sont eux aussi, à un moindre degré, en état de choc. Dans le cas de cadres qui ont accès à des informations sensibles sur l'entreprise, comme la liste des clients, leur ordinateur sera bloqué immédiatement.

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