«Être un bon leader, c'est être capable de passer de tout faire à tout voir», dit Claude Robichaud.
Président de Caoutchoucs et Plastiques Falpaco, à Granby, Claude Robichaud s'implique au Groupement des chefs d'entreprise du Québec depuis près de 20 ans.
Depuis 2008, il assume la présidence de ce réseau d'entraide qui rassemble près de 1600 chefs propriétaires et aspirants-chefs de PME, dans plus de 200 clubs à travers le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Belgique.
Urgence Leadership : Qu'est-ce qui vous a poussé à assumer un tel mandat?
Claude Robichaud : C'est une façon de vivre, de toujours être prêt à aider quelqu'un, de payer au suivant. C'est justement notre culture au Groupement; l'entraide nous anime.
On a tous une mission. C'est ce qui donne un sens à notre vie. Ma mission personnelle est d'influencer des leaders par mon enthousiasme et mon intégrité et de réaliser des projets mobilisant afin de développer la société.
Les gens pourraient penser que je déploie beaucoup d'énergie, mais c'est le contraire qui se passe. Quand on travaille à accomplir notre mission personnelle, dans ce qu'on a envie de réaliser dans la vie, on en retire des bénéfices. On est énergisé. En vérité, je vais chercher beaucoup plus d'énergie que j'en dépense!
UL : Le thème de votre mandat est : «Oser se développer au-delà de ses frontières, par l'entraide». Pourquoi ce thème?
CR : Mettre le cap sur le développement est très important pour moi. En 2008, il y avait une incertitude extrême au niveau économique. Pour moi, garder le cap sur le développement, c'est prendre le temps d'analyser les valeurs de ton entreprise, de comprendre ce qui te démarque de la compétition et de découvrir qui tu es vraiment.
Ensuite, c'est de regarder quelles sont les opportunités qui peuvent te permettre de grandir, même dans un environnement tumultueux. Nous avons fait prendre conscience à nos membres qu'au lieu d'attendre que la crise passe, il fallait être proactif.
UL : Qu'est-ce qui fait la force du Groupement selon vous?
CR : Le Groupement est l'université des entrepreneurs. Tu as toujours la chance d'avoir des gens au sein de ton club qui ont des forces complémentaires à toi.
Chaque membre fait partie d'un club composé de 8 à 10 personnes qui ne sont ni des compétiteurs, ni des clients. Le gros avantage est que les membres du Groupement sont tous propriétaires, actionnaires ou dirigeants. Ce sont des gens qui sont imputables et qui ont une vision qui leur est propre. Ce qui fait la force du Groupement, c'est qu'on peut échanger avec des gens dont le seul intérêt est de partager leurs expériences pour devenir de meilleurs dirigeants.
On se réunit environ une fois par mois pour échanger. On compare nos chiffres, on challenge nos projets, on visite nos entreprises. Tu sors des rencontres avec des trucs très concrets pour t'aider dans ton entreprise. Il ne faut pas avoir peur de joindre un réseau. Un réseau d'entraide, c'est fantastique!
UL : Et comment le Groupement vous a aidé personnellement?
CR : Le Groupement m'a permis de mieux me connaître; de mieux connaître mes forces et mes faiblesses et de voir sur quoi je devais travailler. L'idée est vraiment de développer le côté humain, qui est très important dans l'entrepreneuriat.
Le Groupement m'a aussi permis d'oser beaucoup plus que si j'avais été seul, en tout cas il m'a permis d'avancer beaucoup plus rapidement. L'expérience de 1600 quelques membres, ça ne s'achète pas. Cela te permet d'entreprendre avec beaucoup plus de sérénité.
UL : Un leader d'affaires a-t-il toujours quelque chose à apprendre?
CR : Oui. Même si cela fait 100 ans que tu es en affaires, tu as quelque chose à apprendre des gens autour de toi. Chacun a une expérience différente, mais l'objectif est le même pour tout le monde: faire avancer son entreprise et être un meilleur leader.
UL : Quels sont les principaux défis des PDG en matière de leadership?
CR : Le principal défi est de trouver les personnes les plus compétentes pour t'assister dans ton entreprise et de leur offrir un environnement qui leur permette de se réaliser. Dans le fond, le défi est de faire grandir les compétences, le savoir-faire et surtout le savoir être au sein de l'entreprise.
Un autre défi est de respecter les nouvelles façons de vivre en équilibre. Il y a plusieurs années, la priorité des gens était le travail. Quand je suis entré au Groupement, en 1992, la question qu'on se posait était : «tu travailles combien d'heures par semaine?». Et si tu travaillais 60 heures et plus, tu étais un héros. Aujourd'hui, si tu travailles 60 heures et plus, on va s'asseoir et regarder ce qui ne fonctionne pas!
UL : Qu'est-ce qu'un leadership efficace à votre avis?
CR : Un bon leader aujourd'hui doit être la personne qui est capable d'avoir une vision claire... et une vision que les gens achètent.
Si les gens n'adhèrent pas aux valeurs principales de l'entreprise, ils ne se sentiront pas bien et ils ne performeront pas dans cette entreprise. L'idée est de s'assurer que chacun a les connaissances, les habiletés et l'attitude pour atteindre les objectifs de l'entreprise.
Le bon leader doit s'entourer de gens compétents, ne pas avoir peur de demander de l'aide et se servir énormément de la synergie du groupe.
L'entrepreneur, c'est l'activateur des projets, le coach de l'équipe, c'est lui qui prend la relève et qui aide ses équipes dans la réalisation de leurs projets. C'est le fun de suivre des gens qui sont convaincus et qui sont vraiment dans leur mission, dans leurs propres valeurs.
