Entrevue n°168: George Whitesides, PDG, Virgin Galactic

Publié le 24/08/2013 à 00:00

Entrevue n°168: George Whitesides, PDG, Virgin Galactic

Publié le 24/08/2013 à 00:00

Par Diane Bérard

George Whitesides, PDG, Virgin Galactic

L'Américain George Whitesides attend avec impatience le premier vol spatial commercial de Virgin Galactic. D'abord, parce qu'il a acheté un billet en 2004. Et, surtout, parce qu'il dirige l'entreprise depuis mai 2010. «Nous avons la technologie, le budget et la notoriété qu'il faut pour faire décoller les vols commerciaux dans l'espace», affirme-t-il.

Diane Bérard - Le premier vol commercial de Virgin Galactic dans l'espace, c'est pour quand ?

George Whitesides - En 2014, si tout va bien.

D.B. - Et vous volerez jusqu'à quelle hauteur ?

G.W. - Le gouvernement américain a déclaré qu'il faut franchir plus de 50 milles (81 km) dans l'espace pour décrocher ses ailes d'astronaute. Nous visons 100 km, ce qui devrait donner un vol de deux heures.

D.B. - Vous testez votre véhicule depuis sept ans. Parlez-nous des étapes de ce projet.

G.W. - Notre véhicule n'est pas lancé de la Terre. Il est transporté à bord d'une plateforme, puis relâché à 50 000 pieds d'altitude. Nous avons d'abord effectué quelques douzaines de vols libres : on relâche l'appareil et il descend vers la Terre de lui-même. Puis, nous sommes passés aux vols propulsés, le premier fin avril et le second en juillet. D'ici la fin de 2013, nous aspirons à réaliser un premier vol dans l'espace, soit à plus de 50 milles de la Terre. Ce sera un test, il n'y aura que les deux pilotes à bord.

D.B. - Un vol commercial dans l'espace, c'est de l'innovation extrême. En quoi la commercialisation diffère-t-elle de celle d'une nouvelle boisson ou d'un nouveau véhicule ?

G.W. - Chaque étape de notre projet comporte un précédent, nous ne pouvons nous inspirer du passé. D'abord, la technique. Les fusées ont toujours eu une forme verticale. Et puis, on ne les utilise généralement qu'une fois. Seule une petite portion, la capsule, revient sur Terre ; le reste disparaît dans l'espace ou dans l'océan. Notre véhicule, lui, a la forme horizontale d'un avion. Il doit revenir en entier à son point de départ et être réutilisable à répétition. La réglementation aussi pose un défi. Virgin Galactic sera la première entreprise du monde à offrir des vols spatiaux commerciaux. Le Congrès américain a dû créer une loi pour encadrer cette nouvelle industrie. La Federal Aviation Association (FAA) a pris le relais pour élaborer les détails de cette loi.

D.B. - Quels défis vous reste-t-il à relever d'ici à ce premier vol ?

G.W. - Il faut passer de la phase test à l'exploitation du service. En plus de véhicules fonctionnels, cela suppose un bâtiment, des employés et des clients. Notre «statioport» - nommé Spaceport America - est presque terminé. Il se trouve à Las Cruces, au sud du Nouveau-Mexique. L'État du Nouveau-Mexique y a investi 200 millions de dollars américains. Notre processus de recrutement se poursuit. Quant aux clients, la liste s'allonge. Elle compte déjà 600 noms. Nous développons pour eux un programme de formation ainsi qu'une expérience de vol inoubliable. Il ne nous manque que la licence qui nous permettra d'offrir ces vols. La FAA devrait nous l'accorder d'ici la fin de 2013.

D.B. - Il faut des années pour devenir astronaute. À quoi ressemble la préparation pour voler sur les ailes de Virgin Galactic ?

G.W. - Nous avons prévu une formation de trois jours. Les clients arriveront le lundi et ils seront prêts à voler le jeudi ou le vendredi.

D.B. - Parlons de votre modèle d'affaires. Vos revenus viendront des voyageurs ?

G.W. - Nos revenus viendront de plusieurs produits. Le tourisme spatial - les vols de deux heures dans l'espace - sera l'un d'eux. C'est un marché de plusieurs centaines de millions de dollars par année. Avec une liste préliminaire de 600 clients, qui paieront chacun 250 000 $ US, nous pouvons déjà compter sur 150 M $ US. Et ce, avant même d'avoir lancé une opération formelle de commercialisation. Notre deuxième marché sera le monde de la recherche. Le véhicule utilisé pour le tourisme spatial peut aussi servir de laboratoire scientifique dans l'espace. Notre troisième marché sera le lancement de petits satellites de 500 à 1 000 livres. La plateforme utilisée pour lancer notre véhicule peut aussi propulser des satellites servant à la navigation, aux communications, aux météorologues, etc.

D.B. - Y aura-t-il vraiment une industrie du tourisme spatial ?

G.W. - Je préfère parler du secteur de l'espace (commercial space industries). On compte de 5 à 10 entreprise privées sérieuses et bien capitalisées qui exercent des activités dans ce secteur. Virgin Galactic transportera des gens dans l'espace pour de courts vols. SpaceX, la société d'Elan Musk, lancera des satellites en plus d'offrir du transport de fret vers la Station spatiale internationale. Bigalow Aerospace développe une sorte de station spatiale privée. Jusqu'à maintenant, des milliards de dollars de fonds privés ont été investis dans l'industrie privée de l'espace.

D.B. - Comment voyez-vous le tourisme spatial se développer ?

G.W - Virgin Galactic est un fournisseur milieu de gamme et je crois bien qu'il le restera. Vous pouvez aller dans l'espace avec les Russes pour plusieurs dizaines de millions de dollars. Et vous pouvez payer 5 000 $ pour un vol parabolique qui vous donnera une sensation de microgravité. L'expérience Virgin Galactic, elle, coûte 250 000 $ US. Avec le temps, on assistera au développement d'un créneau haut de gamme. On pourra probablement faire le tour de la Lune ou aller sur Mars pour plusieurs centaines de millions de dollars.

D.B. - Quels sont vos projets à moyen terme ?

G.W. - Notre marché le plus important sera probablement celui du transport de la Terre à la Terre. La technologie que nous développons pour les vols spatiaux commerciaux permettra un jour de créer des véhicules capables de se déplacer très rapidement d'un lieu terrestre à un autre. On pourra, par exemple, traverser le Pacifique en une heure, une heure trente maximum. Ce sera la renaissance du Concorde, en mieux. Ce service viendra compléter le service de jets d'affaires.

D.B. - Aller dans l'espace est le rêve de Richard Branson. Tient-il vraiment à faire de l'argent ?

G.W. - Qu'on ne se méprenne pas : si Virgin Galactic existe, c'est parce qu'elle sera rentable.

D.B. - Quelle est la question la plus étrange qu'on vous a posée à propos de Virgin Galactic ?

G.W. - Y aura-t-il des films projetés à bord ?

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