Entrevue n°215: James K. Galbraith, économiste et auteur de The End of Normal


Édition du 30 Août 2014

Entrevue n°215: James K. Galbraith, économiste et auteur de The End of Normal


Édition du 30 Août 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Les entreprises et les citoyens sont-ils condamnés à vivre en permanence dans l'instabilité financière ?

J.K.G. - En permanence, je l'ignore. Mais un certain nombre d'années, certainement. Dans une société marquée par la concentration de la richesse et la croissance des inégalités, nos maisons, nos avoirs, nos caisses de retraite sont constamment menacés de perdre leur valeur. Le plancher peut se dérober sous nos pieds à tout moment.

D.B. - À quoi s'attendre exactement ?

J.K.G. - Je ne suis pas devin. Mais pour l'instant, j'entrevois deux scénarios. Au mieux, nous connaîtrons des années de faible croissance. Un niveau à peine supérieur à zéro. Mais au moins un niveau positif et stable. Au pire, nous connaîtrons des périodes de croissance positive et de croissance négative en alternance, qui causeront chaque fois des dommages collatéraux pour une part importante de la société.

D.B. - D'un trimestre à l'autre, les entreprises visent toujours plus de rendement et de revenus. À quoi aspireront-elles à l'avenir ?

J.K.G. - Les entreprises continueront individuellement de viser la maximisation de leur situation. Mais elles sont conscientes d'oeuvrer dans un environnement où, pour l'instant, la possibilité de gains est limitée. Les gens d'affaires sont les acteurs les plus réalistes quant à la situation économique. Plus que les politiciens et certainement plus que les économistes, qui évoquent constamment la possibilité d'un retour à la normale. Les gens d'affaires se montrent très prudents. Ils ont connu les effets de la surcapacité sur l'endettement et ne ne veulent pas revivre l'expérience. Bon, il y a bien quelques secteurs qui affichent l'euphorie du boom, comme le gaz naturel. Mais ils sont l'exception.

D.B. - On augmente les programmes de relance ou on accentue l'austérité ?

J.K.G. - Ni l'un ni l'autre. Cela ne rapporte pas. Les programmes de relance n'ont aucun effet. Et l'austérité fait des ravages.

D.B. - Que proposez-vous ?

J.K.G. - La priorité doit aller à la stabilité. Il faut réduire l'impact des chocs économiques sur la vie des entreprises et des individus. Seuls les programmes d'assurance sociale peuvent y arriver. Ce sont les meilleurs amortisseurs. Ils incluent l'assurance-emploi, l'assurance-dépôts à la banque, l'assurance médicale, etc. Tant que nous n'aurons pas assuré un minimum de stabilité à la population et aux entreprises, nous ne pourrons pas nous attaquer aux vrais problèmes : l'énergie, les changements climatiques, le chômage, etc.

D.B. - Vous avez cité à plusieurs reprises l'importance de contrepoids, comme les syndicats. Mais ceux-ci perdent du terrain...

J.K.G. - Le secteur manufacturier perd du terrain, il compte beaucoup moins d'employés. Il est donc normal que les syndicats associés aient moins de membres. Le secteur des services, lui, prend du poids, mais la syndicalisation y pose problème. Les salaires y sont plus faibles et plusieurs emplois sont à temps partiel.

D.B. - ... alors que les groupes Facebook et les plateformes citoyennes se multiplient. Est-ce un bon remplacement ?

J.K.G. - Pour un effet durable et un impact réel, rien ne remplace une organisation syndicale ayant pignon sur rue et des employés permanents, et qui reçoit des contributions financières régulièrement.

James K. Galbraith sera conférencier au Congrès mondial sur l'investissement responsable (PRI In PERSON), le 24 septembre, qui aura lieu au Hilton Montréal Bonaventure.

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