Combien rapportent les pdg?


Édition du 30 Mai 2015

Combien rapportent les pdg?


Édition du 30 Mai 2015

Par Stéphane Rolland
Des exemples à suivre

Les actionnaires peuvent tout de même trouver des pratiques exemplaires au sein du Québec inc. Encore cette année, Stanley Ma, le fondateur et dirigeant du franchiseur Groupe MTY, trône au sommet du palmarès des pdg offrant le meilleur rapport rendement-prix pour ses actionnaires. Il a obtenu une rémunération totale de 423 478 $ en 2014, soit près de 10 fois moins que la moyenne chez les pdg. À l'exception des 23 415 $ accordés pour sa voiture de fonction, cette rémunération est versée uniquement en salaire. Le dividende ordinaire des actions du franchiseur permet à M. Ma de boucler ses fins de mois. Grâce à sa participation de 25,55 % dans la société, l'homme d'affaires a reçu 1,66 M$ sous forme de dividende en 2014.

Pour Carl Simard, les pratiques de MTY devraient être la norme pour les dirigeants qui sont des actionnaires importants de l'entreprise. Les propriétaires d'entreprise n'ont pas besoin de mesures incitatives pour faire prospérer leur propre société, juge le président de Medici.

Même si elle ne fait pas partie de notre palmarès, Constellation Software est un exemple à suivre, croit Carl Simard. Son dirigeant, Mark Leonard, ne reçoit pas d'options d'achat. Sa prime doit obligatoirement être investie dans les titres de la société et détenue pendant un certain temps.

Les contre-exemples

Pierre Dion, le nouveau pdg de Québecor, se classe au dernier rang de notre palmarès 2014. M. Dion occupe la deuxième place des pdg les mieux payés de notre échantillon, bien qu'il n'ait été promu qu'en juillet 2014, après le départ de Robert Despaties. Ce cas illustre les coûts liés à l'arrivée d'un nouveau dirigeant, note M. Simard.

Le même phénomène est survenu chez Rona en 2013. Le président, Robert Sawyer, avait alors obtenu une rémunération de 6,6 M$, dont 4,4 M$ en actions accordées afin de respecter la politique de rémunération du détaillant. En 2014, sa rémunération totale est «revenue à la normale», à 3,7 M$. Une différence à signaler : Rona devait à l'époque attirer M. Sawyer, qui travaillait chez Metro. Dans le cas de M. Dion, il s'agissait d'une promotion au sein de la même entreprise.

Les actionnaires de Québecor ont sévèrement critiqué la politique de rémunération du propriétaire de Vidéotron et du Journal de Montréal. Parmi les détenteurs des actions de catégorie B, 71,5 % se sont abstenus de voter en faveur de Michel Lavigne, président du comité des ressources humaines, lors de la dernière assemblée annuelle, qui a eu lieu le 7 mai. L'indemnité de départ de 7,8 M$ de Robert Despaties faisait partie des irritants. Le président du conseil, Brian Mulroney, a refusé la démission de M. Lavigne. Il considère que M. Lavigne ne devait pas être le seul puni pour une décision prise à l'unanimité par les membres du conseil d'administration.

Bien que le classement donne une bonne vue d'ensemble, Michel Magnan nous invite à la prudence avant de désigner les dirigeants qui se trouvent au bas du palmarès. Notre démarche peut faire en sorte que certains secteurs sont désavantagés. Dans le dernier quintile de notre palmarès, M. Magnan note que plusieurs sociétés, comme Bombardier, Cascades, Résolu et Transcontinental (éditeur du journal Les Affaires), ont dû composer avec des défis propres à leur secteur d'activité. «On compare des entreprises qui ont dû faire face à des vents contraires avec des entreprises dont le secteur va bien, dit M. Magnan. Pour mieux évaluer leur performance, on aurait peut-être dû les comparer avec des sociétés de leur secteur.»

Même si notre palmarès comporte ses limites, Carl Simard pense que les pdg devraient «se garder une petite gêne» si le fruit ne mûrit pas. «Si une entreprise ne crée pas de valeur, je ne vois pas pourquoi on accorderait une prime à ceux qui la gèrent.»

> La rémunération moyenne du pdg de notre palmarès représente 97 fois le salaire moyen des Québecois. L'an dernier, c'était 90 fois.

> No 1: Stanley Ma, Groupe MTY - La rémunération la moins élevée par rapport à la performance de l'entreprise.

> 110,8 %: Pierre Shoiry WSP Global - La plus forte augmentation de la rémunération totale sur un an.

> 11 480 250 $: George Cope BCE - La rémunération totale la plus élevée du palmarès.

À lire aussi:
-Évaluer la performance, une opération complexe
-La rémunération des PDG décortiquée (fichier PDF également téléchargeable ci-contre à gauche)

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