Malgré quelques nuits blanches, ATMA Classique n’a jamais été déficitaire. « J’essaie de naviguer entre les différents projets pour trouver un équilibre, précise Mme Goyette. Résultat, l’ensemble du catalogue est rentable, et chaque année je fais des profits. » Des bénéfices qui sont peu élevés, puisque la présidente déclare que sa société ressemble à un organisme sans but lucratif. Cependant, cette passionnée ne cherche pas à être plus gourmande. « J’aime mon entreprise comme cela, affirme celle qui emploie sept personnes. Certains grands acteurs de l’industrie ont des attentes démesurées. »
Ventes de disques en baisse, hausse du téléchargement légal et illégal… Le marché a bien changé en 20 ans. ATMA Classique s’est adaptée à cette évolution en prenant un virage numérique en 2006. Son site Internet dispose d’un espace boutique qui lui permet notamment de continuer à commercialiser des albums sortis il y a 10 ans.
Aujourd’hui, la moitié de ses ventes provient d’Internet, achats de disques par l’intermédiaire du site inclus. La croissance du marché électronique d’ATMA Classique a ralenti depuis un an, mais l’étiquette compte sur le développement du marché du téléchargement en haute définition, à la qualité sonore supérieure à celle d’un CD. « Nous faisons le maximum avec le numérique, nous sommes présents sur toutes les plateformes, déclare Mme Goyette. Actuellement, nous sommes à cheval entre deux formats, car le modèle de distribution numérique reste encore très lié aux albums achetés en entier sur Internet. »
Elle juge toutefois que c’est à l’ensemble de l’industrie de trouver des solutions pour survivre dans un monde où tout est accessible tout de suite et à peu de frais. « On attend de voir la direction prise par les chefs de file, car nous ne pouvons pas faire cavalier seul », considère-t-elle.
Malgré ces incertitudes, Mme Goyette reste sereine quant à l’avenir de son étiquette. « Il y aura toujours de nouveaux artistes qui arriveront sur le marché et qui auront besoin d’enregistrer un disque, estime-t-elle, et il y aura toujours des amateurs de musique classique. » Selon elle, ce n’est pas le marché qui vieillit, mais les consommateurs qui découvrent la musique classique sur le tard.