Entrevue n°202: Malcolm Gladwell, auteur de David et Goliath


Édition du 03 Mai 2014

Entrevue n°202: Malcolm Gladwell, auteur de David et Goliath


Édition du 03 Mai 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Pourquoi avons-nous besoin de survivants autour de nous ?

M.G. - Ils nous enseignent que l'adversité peut être surmontée. Ils sont allés là où nous avons peur de nous aventurer.

D.B. - Qu'est-ce que Lawrence d'Arabie peut apprendre aux David du monde des affaires ?

M.G. - L'armée de Lawrence d'Arabie était peu nombreuse et peu outillée. Elle a misé sur sa connaissance du terrain etla ruse pour gagner la bataille du port d'Aqaba. Plutôt que d'attaquer par la mer, comme les Turcs le prévoyaient, les hommes de Lawrence d'Arabie ont marché des kilomètres dans le désert. Une stratégie que personne n'aurait été assez fou pour déployer. Elle a valu une victoire à Lawrence d'Arabie.

D.B. - Et quelle leçon tirer de la stratégie marketing des peintres impressionnistes du 19e siècle ?

M.G. - Parfois, il vaut mieux être un gros poisson dans un petit étang qu'un petit poisson dans un grand étang. Au 19e siècle, pour connaître la célébrité, il fallait exposer ses toiles au «Salon», la plus importante exposition d'oeuvres d'art de l'Europe. Les oeuvres sélectionnées respectaient des règles précises d'exécution, que les impressionnistes ne respectaient pas. Après des discussions déchirantes, ces peintres ont choisi de créer leur propre exposition. Loin du Salon, ils ont bâti leur identité et exploré leur créativité. On attache beaucoup d'importance au fait d'être reconnu par les grandes institutions. Mais cette reconnaissance est-elle avantageuse pour nous ?

D.B. - Pourquoi n'est-il pas toujours avantageux pour un élève doué de s'inscrire dans les meilleures écoles ?

M.G. - Il a été démontré que notre position relative au sein de notre groupe de référence nous motive davantage à persévérer que notre position absolue au sein de la société. Imaginons un élève doué en science qui s'inscrit dans une école de surdoués. Ce fut le cas de Caroline Sacks. Dès le second semestre, elle traîne la patte. En deuxième année d'université, elle quitte la faculté, découragée de sa performance. Pourtant, Caroline Sacks adorait les sciences et demeure convaincue qu'elle y aurait fait carrière si elle n'avait pas visé l'université la plus réputée.

D.B. - En affaires, Goliath est toujours bien plus riche que David. Comment lutter contre le pouvoir de l'argent ?

M.G. - L'argent constitue un avantage à court terme.Mais pas nécessairement plus tard. Microsoft est l'une des sociétés les plus riches, mais est-ce la plus innovante ? Certaines ressources suivent une courbe en U : elles donnent l'avantage au début, moins par la suite. On verse dans le confort, on cesse d'innover.

La traduction de David et Goliath est publiée par Les Éditions Transcontinental, propriété de TC Media (propriétaire de Les Affaires), tandis que la version originale est publiée par Little, Brown and Company

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