Ne sous-estimez pas le risque financier

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Ne sous-estimez pas le risque financier

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Par François Normand

Nationalisations, faillite d'un fournisseur, terrorisme, crises financières : les entreprises et les investisseurs canadiens sont exposés à des risques multiples. Voici le dernier d'une série de quatre reportages visant à faire mieux connaître ces risques et à proposer des stratégies pour les gérer. 4 de 4

On le sous-estime toujours. Pourtant, il peut nuire à votre compétitivité et même vous pousser à la faillite. Le risque financier menace toutes les entreprises et tous les investisseurs canadiens qui brassent des affaires à l'étranger. Voilà pourquoi il est essentiel de s'en préoccuper.

Les risques financiers sont nombreux. Toutefois, les plus dangereux d'entre eux sont le risque de change et le risque de décote du crédit de votre entreprise, disent les analystes. Le premier touche les revenus des organisations, tandis que le deuxième fait bondir les coûts d'emprunt.

Si ces risques ne défraient pas les manchettes, ils sont aussi critiques que les autres auxquels les exportateurs et les investisseurs sont confrontés, comme une récession ou des attentats terroristes.

Par exemple, l'appréciation du huard par rapport au dollar américain rend moins concurrentiels les produits canadiens exportés aux États-Unis. Au cours dernières années, plusieurs entreprises ont dû déclarer faillite à cause de la forte valeur du dollar canadien. À court terme, les spécialistes conseillent de recourir aux produits dérivés.

Contrats à terme et options

" Ce sont des mécanismes qui gèlent la valeur d'une devise ", dit Pierre Fournier, analyste en gestion du risque à la Financière Banque Nationale. Les contrats à terme et les options sont les produits les plus souvent utilisés.

Un contrat permet de fixer sans frais la valeur du dollar américain par rapport au huard. Valides habituellement pour une période allant d'un mois à deux ans, ces ententes sont négociées avec les institutions financières. Elles protègent les acheteurs contre une envolée du huard, mais pas contre une baisse du taux de change.

Les options offrent à la fois une protection contre l'appréciation ou la dépréciation du dollar canadien par rapport à la devise américaine. Toutefois, ces options ont un coût. On peut les comparer à une police d'assurance : plus la protection est complète, plus la prime est élevée.

L'opération de couverture naturelle est également intéressante pour les entreprises exportatrices. Elle consiste à dépenser dans la même devise les revenus tirés de ventes de produits ou de services à l'étranger.

Par exemple, une PME vend pour 100 000 $ de pièces aux États-Unis. Au lieu de convertir cette vente en dollars canadiens, elle profitera de l'occasion que lui procure cette vente pour acheter les matières premières qu'elle doit importer.

Cette stratégie nécessite une bonne dose de planification, reconnaît Alan D. White, professeur en stratégies internationales à l'Université de Toronto.

Attention à la décote

Les agences de notation baissent la cote de crédit d'une organisation quand celle-ci est trop endettée. Une décote peut être catastrophique pour une entreprise, car cette dernière aura plus de difficulté à trouver du financement.

Les sociétés se financent de trois façons : en émettant des actions, en émettant des obligations, et en contractant un prêt. Quand une décote survient, ces trois modes de financement deviennent plus coûteux. C'est aussi un choc pour l'entreprise.

" Nous pensions que c'était la fin du monde ", dit Shirley Chénier, directrice principale des relations avec les investisseurs chez Bombardier, en parlant de la décote que l'entreprise a subie en 2004. Cependant, puisque que la multinationale n'avait pas besoin de nouveau financement, elle a encaissé le choc sans trop de difficulté.

Même si les conditions du marché sont difficiles, Bombardier est confiante de retrouver un jour sa cote initiale. L'entreprise s'est dotée de 49 indicateurs qui mesurent sa bonne santé financière. Ils s'inspirent de ceux que les agences de notation utilisent pour accorder la cote Investment Grade (cote de crédit de premier rang), qu'elle a perdu en 2004.

Pour d'autres entreprises, une décote peut amplifier des problèmes financiers. " Le danger, c'est la spirale de mauvaises nouvelles pour une entreprise, dit Pierre Fournier. La décote aggrave l'endettement, ce qui provoque une autre décote, et ainsi de suite. "

Dans le cas d'une décote, les entreprises en bonne santé financière ne doivent pas se reposer sur leurs lauriers. " Souvent, une décote n'est pas un vrai problème, souligne Alan White. Une entreprise ne devrait pas hésiter à mener une campagne de relations publiques pour corriger la mauvaise perception dans le marché. "

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