Un missile a frappé un cargo américain au large des côtes du Yémen

Publié le 15/01/2024 à 11:56

Un missile a frappé un cargo américain au large des côtes du Yémen

Publié le 15/01/2024 à 11:56

Par La Presse Canadienne

Carte du Yémen avec sa capitale, Sanaa. (AP Photo)

Un missile tiré par les rebelles houthis du Yémen a frappé lundi un navire américain au large des côtes du Yémen, dans le golfe d'Aden, moins d'un jour après que les rebelles houthis du Yémen eurent tiré un missile de croisière antinavire vers un destroyer américain dans la mer Rouge.

L’attaque contre le Gibraltar Eagle, bien qu’elle n’ait pas été immédiatement revendiquée par les Houthis, aggrave encore davantage les tensions en mer Rouge après les frappes menées par les États-Unis contre les rebelles. Les attaques des Houthis ont perturbé le transport maritime mondial, au milieu de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, ciblant un couloir crucial reliant les expéditions d'énergie et de marchandises depuis l'Asie et le Moyen-Orient jusqu'au canal de Suez, vers l'Europe.

Le bureau des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni, qui supervise les eaux du Moyen-Orient, a déclaré que l'attaque de lundi s'était produite à environ 177 kilomètres au sud-est d'Aden. Il indique que le capitaine du navire a signalé que «le côté bâbord du navire a été touché par le haut par un missile».

Les sociétés de sécurité privées Ambrey et Dryad Global ont déclaré à l'Associated Press (AP) que le navire était l'Eagle Gibraltar, un vraquier battant pavillon des îles Marshall. Le commandement central de l'armée américaine a par la suite reconnu l'attaque, accusant les Houthis d'en être responsables.

«Le navire n'a signalé aucun blessé ni dommage important et poursuit son voyage», a indiqué le commandement central.

Le navire appartient à Eagle Bulk, une société établie à Stamford, dans le Connecticut, cotée à la Bourse de New York. La société n'a pas répondu aux demandes répétées de commentaires.Les données de suivi par satellite analysées par l'AP ont montré que l'Eagle Gibraltar se dirigeait vers le canal de Suez, mais avait rapidement fait demi-tour au moment de l'attaque.

Le commandement central a déclaré avoir détecté lundi un lancement distinct de missile balistique antinavire vers le Sud de la mer Rouge, bien qu'il «ait échoué en vol et ait touché la terre au Yémen».

L'administration maritime américaine, relevant du département des Transports, a également émis un avertissement lundi indiquant qu'il continue d'y avoir «un degré élevé de risque pour les navires commerciaux» voyageant près du Yémen.

«Bien que la décision de transit reste à la discrétion des navires et des entreprises privées, il est recommandé que les navires commerciaux ayant le drapeau américain et appartenant aux États-Unis» restent à l'écart du Yémen dans la mer Rouge et le golfe d'Aden «jusqu'à nouvel ordre», indique l'avertissement.

L'attaque de dimanche contre le navire de guerre américain a également marqué le premier tir des Houthis reconnu par les États-Unis depuis que les Américains et les pays alliés ont commencé vendredi leurs frappes contre les rebelles, après des semaines d'assauts contre des navires dans la mer Rouge.

Les Houthis ont tiré en direction de l'USS Laboon, un destroyer de classe Arleigh Burke établi dans la partie sud de la mer Rouge, a indiqué le commandement central.

Les Houthis n’ont pas immédiatement reconnu cette attaque.

Le missile provenait d'Al-Hodeïda, une ville portuaire de la mer Rouge longtemps détenue par les Houthis, ont précisé les États-Unis.

«Un missile de croisière antinavire a été tiré depuis les zones militantes Houthis du Yémen, soutenues par l'Iran, vers l'USS Laboon, précisait le commandement central. Aucun blessé ni dégât n'a été signalé.»

Il n'était pas encore clair si les États-Unis riposteront aux dernières attaques, bien que le président Joe Biden ait déclaré qu'il «n'hésiterait pas à prendre de nouvelles mesures pour protéger (le peuple américain) et la libre circulation du commerce international si nécessaire».

 

Risques d'escalade

Au premier jour des frappes menées par les États-Unis, vendredi, 28 sites et plus de 60 cibles ont été touchés avec des missiles de croisière et des bombes lancées par des avions de combat, des navires de guerre et un sous-marin. Les sites touchés comprenaient des dépôts d'armes, des radars et des centres de commandement, y compris dans des zones montagneuses isolées, ont indiqué les États-Unis.

Les Houthis n’ont pas encore reconnu la gravité des dégâts causés par les frappes, qui, selon eux, ont tué cinq de leurs soldats et en ont blessé six autres.

Les forces américaines ont enchaîné avec une frappe samedi sur un site de radar des Houthis.

De leur côté, les Houthis ont affirmé, sans fournir de preuves, que les États-Unis avaient frappé dimanche un site près de Hodeida, à peu près au même moment que les missiles de croisière étaient tirés. Les Américains et le Royaume-Uni n’ont pas reconnu avoir mené une quelconque frappe, ce qui suggère que l’explosion pourrait provenir d’un missile houthi raté.

Depuis novembre, les rebelles ont pris pour cible à plusieurs reprises des navires en mer Rouge, affirmant qu’ils visaient à venger l’offensive israélienne contre le Hamas à Gaza. Mais ils ont fréquemment ciblé des navires ayant des liens ténus ou inexistants avec Israël, mettant ainsi en péril le transport maritime sur une route clé du commerce mondial.

Même le chef du groupe militant libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a fait indirectement référence aux attaques croissantes des Houthis contre des navires dans un discours prononcé dimanche, affirmant que «la mer est devenue un champ de bataille de missiles, de drones et de navires de guerre» et accusant les frappes américaines d'être responsables de l'escalade des tensions maritimes.

«La chose la plus dangereuse est ce que les Américains ont fait en mer Rouge, cela va nuire à la sécurité de toute la navigation maritime», a déclaré Hassan Nasrallah.

Bien que l’administration Biden et ses alliés tentent depuis des semaines de calmer les tensions au Moyen-Orient et d’empêcher tout conflit plus large, les frappes en mer Rouge menacent d’en déclencher un.

 

Le transport maritime affecté

Cela affecte également le transport maritime du Qatar, un pays du Moyen-Orient, l'un des principaux fournisseurs mondiaux de gaz naturel. Trois pétroliers de gaz naturel liquéfié, récemment chargés au Qatar et à destination du canal de Suez, restent au ralenti au large d'Oman, tandis qu'un autre en provenance d'Europe vers le Qatar reste au large de l'Arabie saoudite. QatarEnergy et les responsables gouvernementaux n’ont pas répondu à la demande de commentaires de l'Associated Press.

L'Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement yéménite en exil que combattent les Houthis, a cherché à se distancier des attaques contre les sites houthis alors qu'elle tente de maintenir une détente délicate avec l'Iran et un cessez-le-feu au Yémen. La guerre au Yémen menée par l’Arabie saoudite et soutenue par les États-Unis, qui a débuté en 2015, a tué plus de 150 000 personnes, dont des combattants et des civils, et a créé l’une des pires catastrophes humanitaires au monde, tuant des dizaines de milliers d’autres.

L’armée américaine n’a pas précisément indiqué que les tirs visaient le Laboon, suivant un modèle adopté par les États-Unis depuis le début des attaques des Houthis. Cependant, les marins américains ont reçu des rubans de combat pour leurs actions en mer Rouge, remis uniquement à ceux qui font face à des hostilités actives avec une force ennemie.

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