Pas de retour au capitalisme à Cuba

Publié le 04/08/2009 à 00:00

Pas de retour au capitalisme à Cuba

Publié le 04/08/2009 à 00:00

Par Olivier Schmouker

L'économie cubaine dans une impasse ?

«Il y a quelques semaines, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à engager un dialogue avec Cuba sous réserve de réformes fondamentales du régime cubain. Je tiens à déclarer à l'honorable Mme Clinton et aux responsables de l'Union européenne qui nous incitent à déployer des démarches unilatérales en vue de démanteler notre régime politique et social que je n'ai pas été élu président pour restaurer le capitalisme à Cuba ni pour trahir la Révolution", a lancé M.Castro, qui a succédé à son frère Fidel il y a un an.

«J'ai été élu pour défendre et soutenir le socialisme, pour en poursuivre le perfectionnement et pas pour le détruire», a martelé le président du Conseil d’État, en rappelant le premier article de la constitution qui spécifie que Cuba est un Etat socialiste, indépendant et souverain.

Restrictions budgétaires dans l’éducation et la santé

Aussi, les Cubains sont-ils appelés à se serrer davantage le ceinture. Comme on pouvait s'y attendre, le président Raúl Castro a annoncé samedi une nouvelle série de mesures destinées à lutter contre la crise économique, avec des restrictions budgétaires dans les domaines de l'éducation et de la santé, secteurs qui font pourtant la fierté du régime castriste.

Jugeant le volet dépenses «tout simplement ingérable», le frère cadet des Castro a expliqué que les écoles en milieu rural seraient réorganisées et le système de santé réévalué à la recherche d'économies. Sans entrer dans les détails, il a expliqué que des élèves et enseignants des campagnes seraient réaffectés dans les villes, histoire d'économiser le coût du transport pour 5 000 enseignants sur de longs trajets.

Les députés ont en outre créé un nouvel organe d'Etat, l'Inspection générale, qui aura pour tâche de lutter contre la corruption et de mieux contrôler les affectations de fonds.

Vendredi, le comité central du Parti communiste cubain avait déjà révisé à la baisse ses estimations de croissance annuelle pour 2009 : auparavant évaluée à 2,5%, elle n'est plus désormais que de 1,7% pour l'année en cours. Et, signe supplémentaire de la crise, il a également décidé de suspendre indéfiniment la tenue du premier congrès du PCC depuis 1997, annoncé théoriquement pour le second semestre de 2009.

La récession mondiale se traduit à Cuba, entre autres, par la baisse des revenus du tourisme estimée à 10% cette année, selon. «Les touristes viennent moins longtemps, essaient de venir avec des remises importantes, et cela fait baisser les revenus», a dit Manuel Marrero, le ministre du Tourisme.

Des économies d’énergie drastiques

Des climatisateurs coupés, des entreprises qui s'arrêtent temporairement, des fonctionnaires contraints de travailler moins... Les Cubains sont soumis à des mesures d'économie d'énergie drastiques cet été.

Le régime communiste cubain impose ces mesures d'économie alors même qu'il continue à recevoir du pétrole gratuit du Venezuela en échange de services, certains le soupçonnant de vendre au noir le brut vénézuélien pour se procurer des devises. Alors comment expliquer une telle décision? Surtout à cause de la récession mondiale, mais aussi, en partie, en raison d’un accord récemment conclu entre les autorités cubaines et une société canadienne, Sherritt International Cooperation, établie à Toronto, le plus grand partenaire énergétique de La Havane.

De fait, la production pétrolière de Sherritt sur l'île a reculé de 19% en rythme annuel au deuxième trimestre, principalement parce que la société a suspendu ses opérations de forage lorsque Cuba a cessé d'honorer ses engagements financiers cette année.

Le gouvernement cubain et Sherritt ont récemment élaboré un plan de remboursement des sommes en souffrance, et la société canadienne précise que Cuba s'y est tenu jusqu'à présent. Ce plan pourrait expliquer en partie les économies d'énergies imposées à l'île depuis le 1er juin, qui s’inscrit officiellement dans le cadre d'un plan de réduction du budget national de 6%, selon le Dialogue interaméricain, un centre de recherches établi à Washington.

Pour l'heure, les restrictions énergétiques se limitent aux administrations ainsi qu’aux entreprises et usines contrôlées par l'Etat, mais de nombreux Cubains craignent qu'elles n'affectent bientôt leurs domiciles.

Des entreprises doivent tourner au ralenti

Des ouvriers d'un fabricant de pneus à San José de Las Lajas, à 50 km au sud de La Havane, soulignent que la production est en baisse dans l'usine, qui se retrouve privée de courant lorsque la demande d'électricité est forte. Il en résulte une pénurie de pneus de rechange dans les stations-service et chez les garagistes du pays.

Dans la province de Cienfuegos, une entreprise qui fournit de la crème glacée et d'autres produits laitiers à une grande partie du pays et exporte du fromage a reçu l'ordre de réduire sa production, selon le quotidien des Jeunesses communistes, Juventud Rebelde. Les yaourts sont difficiles à trouver en ce moment à La Havane. Ils sont vendus seulement dans des épiceries haut de gamme ciblant les touristes qui sont hors de portée pour la plupart des Cubains.

Certains employés d'administrations soulignent que leurs horaires de travail quotidiens ont été réduits. D'autres ont reçu pour instruction de ne venir au bureau que deux fois par semaine.

Les compagnies publiques ont cessé de servir à leurs employés des déjeuners à bas prix subventionnés par l'Etat dans des cafétérias d'entreprise, afin d'économiser de l'électricité. Des bureaux, banques, magasins et autres entreprises publiques coupent également la climatisation une bonne partie de la journée, malgré la chaleur.

Avec PC.

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.