Allergan produit entre autres le botox. (Photo: Bloomberg)

Le titre du laboratoire pharmaceutique Allergan chutait de près de 17% à Wall Street mardi, sa fusion annoncée avec le grand rival Pfizer étant menacée par de nouvelles mesures américaines pour lutter contre les mariages entre entreprises pour des raisons fiscales. 

Vers 10H40, l'action dévissait de 16,53% à 231,68 dollars. Elle avait déjà plongé de près de 22% dans les échanges électroniques de post-séance lundi suivant des nouvelles mesures du Trésor américain pour freiner l'exil fiscal des multinationales américaines, qui fuient l'impôt en transférant leur siège social à l'étranger à la faveur de rachats d'entreprises.

Le titre Pfizer, qui dispose d'un gros trésor de guerre logé hors des États-Unis, prenait, lui, 0,91% à 31 dollars. 

Pfizer et Allergan avaient annoncé leur rapprochement en novembre pour 160 milliards de dollars, une opération censée créer le numéro un mondial de la pharmacie devant le suisse Novartis.

Cette transaction est surtout la plus importante opération d'évitement fiscal jamais réalisée par une entreprise américaine puisqu'elle devrait entraîner la domiciliation hors des États-Unis de la nouvelle entité, Allergan étant basé en Irlande. Le nouveau groupe devrait conserver ses activités et ses structures de direction aux États-Unis.

Ce calcul légal, mais controversé, vise notamment à échapper à l'impôt fédéral sur les sociétés aux États-Unis qui est le plus élevé parmi les pays industrialisés (35%). 

Mais les mesures annoncées lundi par le Trésor pourraient venir contrecarrer ces plans: Le ministère va notamment s'attaquer au mécanisme qui permet, après une «inversion», à la filiale américaine du nouveau groupe de réduire son ardoise fiscale en déduisant de ses impôts les intérêts qu'elle paye sur un prêt accordé par sa maison mère. Le Trésor va précisément cibler ces opérations comptables quand ce prêt ne finance «aucun nouvel investissement» aux États-Unis.

Cette nouvelle offensive s'applique aux fusions qui seront finalisées après le 4 avril. Or le mariage Pfizer-Allergan est censé se conclure d'ici la fin de l'année. Autant dire qu'il pourrait faire les frais de cette offensive anti-évitement fiscal.

Le Trésor s'attaque aussi aux entreprises ayant multiplié les opérations d'«inversion» en rachetant des entreprises américaines sur une courte durée, ce qui est le cas d'Allergan qui a, sous son précédent nom Actavis, acquis successivement Allergan pour 65 milliards de dollars en 2015, Forest Labs pour 25 milliards un an plus tôt et Warner Chilcott pour 5 milliards en 2013. 

Pfizer et Allergan ont aussitôt réagi: «Nous sommes en train de conduire un examen des mesures annoncées aujourd'hui par le département du Trésor (...) Avant de terminer cette revue, nous ne pouvons spéculer sur (leur) potentiel impact», écrivent-ils dans un communiqué commun.