Le conseil des directeurs de Gazprom s’est réuni hier et a décidé de faire de l’Amérique du Nord «une priorité» pour le développement du géant gazier russe. La question est maintenant de savoir si cela signifie la relance – ou la fin – du projet québécois Rabaska…

Ainsi, «le conseil des directeurs de Gazprom a chargé l'administration de la compagnie de prendre les mesures susceptibles de renforcer les positions de Gazprom sur les marchés gaziers et énergétiques d'Amérique du Nord», selon le service de presse de la compagnie russe.

Gazprom doit donc se faire «plus présent dans les segments de la liquéfaction de gaz naturel, de son acheminement maritime, de la regazéification et de la vente du combustible au consommateur final». Et à cet égard, «le marché de l'Amérique du Nord est une priorité pour Gazprom». Il est maintenant prévu que Gazprom livre en Amérique du Nord du gaz naturel liquéfié (GNL) provenant des gisements Sakhalin-2 et Chtokman.

Bonne ou mauvaise nouvelle pour Rabaska ?

Cette nouvelle orientation stratégique du Gazprom peut-elle avoir un impact sur le projet de port méthanier Rabaska, sur le Saint-Laurent? Sans aucun doute, maus reste à savoir lequel.

La première possibilité est que Gazprom revienne sur sa décision de ne plus participer au projet, annoncée en catimini par Alexei Miller, le pdg de Gazprom, en juin dernier. M. Miller avait alors annoncé qu’il se retirait du projet Rabaska, même s’il avait signé une lettre d’intention un an plus tôt. Pourquoi ce retrait? M. Miller n'avait pas donné d'explication, le jour de sa déclaration.

Mais la veille, Andrei Krouglov, vice-président, de Gazprom, avait dévoilé que le géant gazier russe, confronté à une baisse de la demande mondiale en gaz, envisageait de réduire de 30% son programme d'investissements en 2009, par rapport aux prévisions initiales. Et le projet Rabaska figurait sur la liste des projets qui attendaient une signature finale cette année...

L’autre possibilité, c’est que Gazprom lance son propre projet de port méthanier, avec un ou plusieurs partenaires nord-américains. Un tel projet représenterait une forte concurrence à Rabaska, même s’il se trouvait dans l’Ouest. Une concurrence qui pourrait même aller jusqu’à tuer dans l’œuf le projet québécois, qui d’ailleurs ne donne plus signe de vie auprès des médias depuis le retrait de Gazprom…

Le consortium à la tête du projet Rabaska est aujourd’hui celui du début, à savoir Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France.