La FNCC-CSN dénonce vivement les décisions de Meta et de Google

Publié le 30/06/2023 à 14:32

La FNCC-CSN dénonce vivement les décisions de Meta et de Google

Publié le 30/06/2023 à 14:32

Par La Presse Canadienne

La nouvelle loi oblige les entreprises technologiques telles que Meta et Google à négocier des accords indemnisant les médias pour le contenu d’actualités qu’elles partagent ou réutilisent d’une autre manière sur leurs plateformes. (Photo: La Presse Canadienne)

MONTRÉAL — La réaction de Meta et de Google à l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne continue d’avoir des répercussions dans la sphère médiatique. La Fédération nationale de la culture et des communications−CSN (FNCC−CSN) dénonce vendredi ce qu’elle qualifie de représailles de la part de ces géants numériques. 

L’objectif du projet de loi C−18, qui vient d’être adopté par le Sénat, est d’aider à préserver le journalisme canadien à un moment où les salles de rédaction ont du mal à rivaliser avec les géants du Web pour obtenir des revenus provenant de la publicité en ligne.

La nouvelle loi oblige les entreprises technologiques telles que Meta et Google à négocier des accords indemnisant les médias pour le contenu d’actualités qu’elles partagent ou réutilisent d’une autre manière sur leurs plateformes.

À la suite de l’adoption de C−18, Google et Meta ont rapidement annoncé qu’elles cesseront de relayer les nouvelles canadiennes sur leurs plateformes.

Google n’a pas dit exactement quand les changements se produiront, mais ce sera avant l’entrée en vigueur de la loi, qui a été adoptée la semaine dernière et doit être appliquée d’ici la fin de l’année.

Dans un communiqué dénonçant la réaction de Google et de Meta, la FNCC−CSN — qui regroupe 6000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les communications, le journalisme et la culture — souligne que ces contrecoups surviennent en pleine crise de l’information.

L’organisation syndicale fait valoir que cette loi représente potentiellement une source de revenus nécessaire et équitable pour les professionnels qui produisent de l’information de qualité.

«Je trouve que c’est un comportement extrêmement préjudiciable. C’est vraiment l’illustration de “je suis le plus fort, vous ne m’imposerez rien”, souligne en entrevue Annick Charette, présidente de la FNCC−CSN. Je ne suis pas certaine que la finalité de ces actions de Google et de Meta soit tant au niveau monétaire.»

Selon Mme Charette, Google et Meta envoient le message qu’ils n’ont pas à partager les gains qu’ils font, bien qu’ils soient générés par le travail des médias.

Elle précise par ailleurs que la loi leur demande de négocier, elle ne leur impose pas de tarif. Ces géants du Web pourraient donc faire valoir leurs points au niveau de la négociation des tarifs.

Lutte à la désinformation 

Dans la foulée de l’adoption de C−18, Meta a indiqué qu’il mettait fin à son entente de redevance avec la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i).

Meta a aussi annoncé qu’il mettait fin à un contrat avec La Presse Canadienne qui a vu le géant numérique soutenir l’embauche d’un nombre limité de journalistes émergents au service national de fil de presse.

L’agence de presse a été informée mercredi que Meta mettrait fin au contrat, qui a financé environ 30 postes de bourses de reportage pour les journalistes en début de carrière à La Presse Canadienne depuis la création du programme en 2020.

«L’intention de C−18 est de rééquilibrer le rapport de force entre les gros joueurs des médias et les plus petits. En mettant fin à son entente de redevance avec la CN2i, Meta prouve justement la nécessité d’une telle loi et montre son vrai visage», affirme dans un communiqué Mme Charette.

La chute des revenus publicitaires au cours des dernières années a eu pour effet de désagréger les salles de nouvelle. Mme Charette craint que la décision de Meta et Google engendre de nouvelles suppressions de postes.

Selon elle, la nouvelle réglementation souligne les limites de ces multinationales dans leur engagement social. Facebook s’était engagé à l’époque à lutter contre la désinformation, notamment en investissant dans certains médias canadiens.

Meta a agi ainsi certes pour contrer la désinformation, mais aussi parce qu’il savait qu’un projet de loi fédérale était dans les cartons, dit Mme Charette. Le géant des réseaux sociaux a ainsi voulu montrer qu’il se préoccupe de la diffusion de l’information de qualité, mais ce n’était que de la poudre aux yeux, soutient−elle.

En supprimant les ententes qu’ils avaient avec des médias canadiens, «ils montrent que leur préoccupation au sujet de l’information vérifiée n’était qu’une façade».

«Ils viennent de réduire l’espace des réseaux sociaux au Canada à la portion congrue de la désinformation et de toutes les fausses nouvelles», dit Mme Charette.

Elle ajoute que collectivement, nous aurons des questions à nous poser. «Est−ce qu’on peut se permettre d’avoir une société qui n’a plus de presse régionale ? Est−ce qu’on veut se permettre ça parce qu’il y a quelqu’un à Silicon Valley qui ne veut pas se conformer à une loi qui a été votée par un parlement tout à fait légitime ?» soulève-t-elle.

L’ensemble des syndicats de la FNCC−CSN ont récemment demandé au gouvernement de cesser d’acheter des publicités sur toutes les plateformes des GAFAM, l’acronyme des géants du Web — Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft, tant qu’ils ne se conformeraient pas à la loi.

La présidente de la fédération maintient cela. Elle fait valoir qu’on ne peut pas «se laisser faire» et les laisser décider de l’avenir de nos médias.

 

 

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