Entrevue n°242: Marianne Treschow, ex-directrice générale de la Swedish Post and Telecom Authority


Édition du 04 Avril 2015

Entrevue n°242: Marianne Treschow, ex-directrice générale de la Swedish Post and Telecom Authority


Édition du 04 Avril 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Votre plan a été amorcé avant la pénétration du mobile. Si vous le déployiez aujourd'hui, le mobile en serait-il la pierre angulaire ?

M.T. - Non, le réseau mobile est incontournable, mais la force d'un réseau Internet dépend de sa qualité et de sa capacité, ce qui suppose une combinaison de technologies.

D.B. - Les Canadiens sont parmi les usagers qui paient leur accès Internet le plus cher. Quelle influence le prix joue-t-il dans le déploiement d'Internet ?

M.T. - Une nation Internet est une nation où l'Internet est accessible, sécuritaire et abordable. Les trois éléments sont indissociables. Au sein de l'Union européenne, par exemple, les prix sont très surveillés. Les fournisseurs doivent se conformer à un certain modèle d'établissement des prix. Et les organismes réglementaires s'attendent à ce que les prix baissent à mesure que le nombre d'utilisateurs augmente. J'ignore la situation au Canada, mais en Suède, les fournisseurs de services de télécommunications proposent une grande variété d'offres, et les clients sautent d'un fournisseur à l'autre en un clin d'oeil.

D.B. - Quel rôle les entreprises de télécommunications jouent-elles dans la stratégie numérique ?

M.T. - Leur rôle a changé. Il est devenu plus réactif qu'actif. Il fut un temps où l'innovation était instaurée par les entreprises. Aujourd'hui, l'impulsion vient des consommateurs. Ils réclament un meilleur accès, plus de services et à meilleur coût.

D.B. - Quelles sont les retombées d'une stratégie numérique nationale ?

M.T. - Chaque fois que vous accroissez la couverture Internet de 10 %, vous multipliez le PIB par 1,5.

D.B. - La stratégie numérique de la Suède la place dans le peloton de tête. Quels conseils donneriez-vous au gouvernement du Québec ?

M.T. - Stimulez la concurrence en maintenant un modèle à accès ouvert. Les prix y sont de 25 à 30 % plus bas que dans le modèle traditionnel. Les fournisseurs qui occupent une position dominante doivent permettre aux plus petits d'emprunter leur réseau. Et cela à des conditions similaires à celles dont ces fournisseurs dominants bénéficient eux-mêmes. C'est ce qu'on appelle la séparation des fonctions. Les fournisseurs dominants doivent traiter leurs activités d'infrastructures et leurs activités de détail de façon indépendante. L'un fournit le service à l'autre. Notre agence réglementaire se donne le droit d'imposer cette séparation.

D.B. - Avez-vous une mise en garde à formuler ?

M.T. - Oui, j'en ai une. La gestion des fréquences et des licences exige de la vigilance. Vous pouvez le faire correctement... ou moins correctement. Les autorités de réglementation et le gouvernement ont besoin de connaître l'étendue de fréquences dont les fournisseurs ont vraiment besoin et non celles qu'ils désirent. C'est très différent. Ainsi, un fournisseur peut réclamer davantage de fréquences que ce qu'il compte exploiter simplement pour bloquer l'accès à ses concurrents. Mais ce fournisseur n'a aucune intention d'investir pour développer cette fréquence. Et ce sont les consommateurs qui en paieront le prix. Pour gérer l'allocation des fréquences de façon optimale, les autorités réglementaires et le gouvernement ont besoin de connaître parfaitement la nature et la puissance de la technologie. Cela, afin de s'assurer que les fournisseurs exploitent de façon optimale la technologie pour les fréquences qui leur sont allouées.

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