Entrevue n°242: Marianne Treschow, ex-directrice générale de la Swedish Post and Telecom Authority


Édition du 04 Avril 2015

Entrevue n°242: Marianne Treschow, ex-directrice générale de la Swedish Post and Telecom Authority


Édition du 04 Avril 2015

Par Diane Bérard

«En accroissant la couverture Internet de 10 %, vous multipliez le PIB par 1,5» - Marianne Treschow, ex-directrice générale de la Swedish Post and Telecom Authority. [Photo: jérôme Lavallée]

Marianne Treschow a dirigé l'équivalent du CRTC suédois pendant six ans. Elle a collaboré à l'élaboration et à l'implantation de la politique numérique de la Suède. Ce pays scandinave figure dans le peloton de tête des nations Internet quant à la couverture, l'accès et le coût de ses services. Mme Treschow est de passage à Montréal cette semaine pour faire part de son expérience.

Diane Bérard - Pouvez-vous nous indiquer les raisons de votre passage au Québec ?

Marianne Treschow - J'ai été invitée par Prompt, un regroupement de sociétés québécoises des TIC, pour expliquer comment la Suède a élaboré et déployé sa stratégie Internet. À la fin des années 1990, la Suède a décidé qu'elle deviendrait une nation Internet, c'est-à-dire un pays qui vise à ce que tous les citoyens et toutes les entreprises aient un accès au Web efficace, sécuritaire et abordable.

D.B. - Le ministre québécois de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a annoncé que son gouvernement travaillait sur un plan de développement des télécommunications sur le territoire du Plan Nord. Comment la Suède a-t-elle géré l'accès Internet dans les régions rurales ?

M.T. - Elle l'a géré selon le principe qu'on ne peut pas demander à des entreprises de s'installer en région rurale sans accès Internet adéquat. À partir du moment où un gouvernement effectue cette déclaration, tout le monde, y compris les fournisseurs de services de télécommunications, sait à quoi s'attendre et ce qu'on attend. Un pays passe à côté du potentiel économique et social d'Internet si l'accès de qualité, et même l'accès tout court, se résume à quelques îlots dans les grands centres.

D.B. - La stratégie numérique de la Suède s'est étalée sur 15 ans (2000-2015). Quelle a été la première étape ?

M.T. - Nous avons d'abord visé le développement de la concurrence. Cela comprend la gestion des fréquences et l'attribution des licences. On a alloué la première série selon le principe du «concours de beauté». Les licences ont été consenties à ceux qui ont soumis la meilleure offre. La seconde ronde a été mise aux enchères. Les gagnants étaient ceux qui offraient la somme la plus élevée au gouvernement. Cette stratégie en deux temps nous a bien servis. La méthode «concours de beauté» force les candidats à se commettre pour décrocher les licences. Plusieurs d'entre eux ont élaboré des offres qui dépassaient nos attentes. Une fois celles-ci immortalisées dans le contrat, ils ont dû respecter leur engagement. Cela a donné une bonne impulsion au déploiement du réseau.

D.B. - Vous vous êtes ensuite attaqués au débit. Quels étaient vos objectifs ?

M.T. - Notre objectif était que 90 % des citoyens et des entreprises aient un accès Internet de 100 mégaoctets/seconde (Mo/s) en 2020 et 40 % en 2015. Nous avons dépassé notre objectif : 60 % de la population et des entreprises suédoises ont un accès Internet de 100 Mo/s (NDLR: cela classe la Suède au cinquième rang mondial. La moyenne au Canada est de 28,8 Mo/s).

D.B. - Vous avez dépassé vos objectifs, comment y êtes-vous arrivés ?

M.T. - Nous y sommes parvenus grâce à la collaboration et à la supervision. Nous avons créé un forum rassemblant les quatre parties prenantes : le gouvernement, les associations régionales, les associations de consommateurs et l'industrie des télécoms. Ce comité a pour mission de soutenir et de superviser les travaux de déploiement.

D.B. - Comment la Suède a-t-elle financé son déploiement Internet ?

M.T. - Nous avons combiné l'argent public et l'argent privé. L'argent public n'est pas venu uniquement du gouvernement central. Les régions aussi ont été mises à contribution. Nous avons demandé aux municipalités d'assumer une partie de la responsabilité financière de leur accès Internet. Quant au privé, il a contribué par l'intermédiaire de partenariats public-privé et d'investisseurs qui ont payé pour raccorder leur réseau privé au réseau existant.

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