La France veut devenir une «startup nation»

Publié le 20/11/2017 à 17:08

La France veut devenir une «startup nation»

Publié le 20/11/2017 à 17:08

Par François Normand

Le gouvernement français est en train de déployer une série de mesures afin de stimuler l’entrepreneuriat et d'internationaliser davantage les entreprises françaises.

En entretien à Les Affaires lors d’une récente visite au Canada, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, a indiqué que la France voulait devenir une véritable «startup nation».

«Quand on se réfère à l’esprit startup, c’est l’esprit entrepreneur, c’est l’esprit d’audace, c’est l’agilité, c’est la flexibilité. C’est comment faire en sorte que plus de Français se disent : je me jette à l’eau parce que j’ai envie d’entreprendre», dit-il.

Concrètement, le gouvernement français souhaite, pour reprendre l’expression du président de la République Emmanuel Macron, «libérer» et «protéger» le monde du travail en France.

Libérer afin de faciliter la création d’entreprise; protéger afin que ceux qui prennent le risque de se lancer en affaires ne se retrouvent pas à la rue en cas d’échec.

Et pour y arriver, le gouvernement centriste d’Édouard Philippe propose plusieurs mesures :

1. Le gouvernement veut étendre l’assurance-chômage aux «indépendants», c’est-à-dire aux travailleurs autonomes. Paris espère ainsi inciter davantage de personnes à se lancer en affaires, car elles seront protégées par un filet social.

2. Le gouvernement veut aussi abolir, à compter du 1er janvier 2018, l’impôt sur la fortune, qui incite les riches à déménager dans des juridictions voisines.

Paris espère convaincre ces Français bien nantis de demeurer dans le pays et les inciter à réinvestir une partie de la richesse en France, en devenant par exemple des anges financiers.

3. Le gouvernement veut améliorer les relations entre les entrepreneurs et l’État français, en officialisant le «droit à l’erreur». Paris souhaite ainsi que les chefs de PME ne se butent plus à la bureaucratie française s’ils commettent par exemple une erreur dans un formulaire administratif.

Le gouvernement veut plutôt que cette dernière se mette en mode conseil pour aider les Français à se lancer en affaires et à faire grandir leur entreprise.

4. Le gouvernement veut accroître le nombre d’entreprises françaises exportatrices. Actuellement, le pays en compte quelque 125 000, tandis que l’Italie et l’Allemagne en abritent plus de 200 000, selon Jean-Baptiste Lemoyne.

Pour y arriver, Paris souhaite centraliser les ressources et faciliter l’accompagnement des entreprises françaises à l’international. Des spécialistes proposeront bientôt la meilleure structure à implanter afin d’atteindre cet objectif.

Depuis des décennies, les gouvernements successifs en France -de droite et de gauche- ont tenté sans grand succès de réformer le monde du travail afin de faciliter la création d’emplois et d’entreprises.

Jean-Baptiste Lemoyne estime que cette fois est la bonne, car le président de la République a annoncé ses couleurs lors de la campagne présidentielle. «Comme il a tout dit en campagne, on ne prend pas les Français par surprise», souligne le secrétaire d’État.

Durant la campagne, Emmanuel Macron a indiqué qu’il supprimerait l’impôt sur la fortune et qu’il mettrait en œuvre sa réforme du droit du travail par ordonnance (une mesure prévue à l’article 38 de la constitution française) afin d’aller plus vite.

Pour l’essentiel, avec une ordonnance, le parlement français délègue son pouvoir de légiférer au gouvernement. Par conséquent, ce dernier peut prendre, «dans un délai limité», des mesures qui sont normalement assumées par le parlement français.

Jean-Baptiste Lemoyne affirme que la France est du reste déjà en train de changer depuis l’élection d’Emmanuel Macron, notamment au niveau de la perception du pays auprès des investisseurs et des entreprises à l’étranger.

Par exemple, en juin, un mois seulement après l’élection du président de la République, John Chambers, le grand patron du géant américain de technologie Cisco, a déclaré que la France était «the next big thing», rapporte le quotidien français Les Échos.

 

 

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