Emploi: les chiffres alimenteront la bataille pour la Maison-Blanche

Publié le 03/08/2016 à 11:41

Emploi: les chiffres alimenteront la bataille pour la Maison-Blanche

Publié le 03/08/2016 à 11:41

Par AFP

Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis s'annoncent en demi-teinte pour juillet et risquent d'ajouter à l'incertitude économique dans un contexte électrisé par la campagne électorale américaine.

Avant la publication des chiffres officiels vendredi, les analystes tablent ainsi sur une franche décélération, à 185 000 embauches, après le coup de fouet de juin (+287 000) et le coup de froid de mai (+11 000).

Le taux de chômage devrait certes reculer de 0,1 point par rapport à juin pour s'établir à 4,8%. Mais ce léger déclin n'est pas nécessairement une bonne nouvelle et peut ainsi s'expliquer par un nombre grandissant d'Américains quittant la population active par découragement.

Les chiffres qui seront dévoilés à 7H30 par le département du Travail seront en tout cas scrutés à la loupe à l'heure où l'économie américaine vient de montrer des signes de faiblesse au deuxième trimestre avec une croissance décevante (1,2% en rythme annualisé).

Le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, a aussitôt vu dans cet indicateur morose la confirmation de son sombre diagnostic sur l'économie américaine: "les chiffres sont horribles", a-t-il déclaré lundi lors d'un meeting dans l'Ohio (Cleveland). "1,2%, 1,2%, nous sommes en train de couler".

Dans son discours d'investiture fin juillet, sa rivale démocrate, Hillary Clinton, avait concédé que l'économie ne fonctionnait pas "comme elle le devrait", en dépit d'indéniables progrès pendant les huit années du mandat de Barack Obama.

A trois mois de l'élection présidentielle, des chiffres décevants sur l'emploi ne manqueront pas d'être exploités par le camp républicain d'autant que l'état de santé réel du marché du travail fait, depuis longtemps, débat.

Entre la hausse des emplois à temps partiel contraint et le reflux de la population active, certains mettent en doute la représentativité des chiffres officiels du chômage.

L'ancien rival d'Hillary Clinton dans la primaire démocrate, Bernie Sanders, assurait ainsi que le taux de chômage "réel" était de 10%, soit près du double des chiffres officiels. Donald Trump a été, lui, jusqu'à évoquer un taux de 40% aux origines statistiques incertaines.

La Fed en embuscade

En préambule du rapport officiel de vendredi, le cabinet ADP a toutefois publié mercredi des chiffres plutôt rassurants portant sur le seul secteur privé.

Le nombre d'embauches s'y est ainsi établi à 179.000, marquant une hausse de 1,7% sur un mois et déjouant les prévisions pessimistes des analystes.

"La progression des emplois reste forte mais elle ralentit parce que l'économie approche du plein emploi. Les entreprises ont plus de mal à pourvoir les postes vacants, qui atteignent un nombre record", a commenté Mark Zandi, chef économiste de Standard and Poor's, qui compile ces données pour le cabinet ADP.

Selon ce cabinet, ce sont cette fois les petites et moyennes entreprises qui ont créé le plus d'emplois en juillet (68.000), devant les entreprises de petite taille (moins de 50 employés) avec 61.000 et les grands groupes (+ de 500 salariés) avec 50.000 emplois.

Par secteur, les services sont toujours largement créateurs d'emplois (185.000) alors que le secteur de la production de biens en a détruit 6.000.

"Les données d'ADP continuent de suggérer que la tendance de la progression de l'emploi reste assez forte, et suffisamment solide pour continuer à faire baisser le taux de chômage", a commenté Jim O'Sullivan, de High Frequency Economics.

Les équipes de campagne démocrates et républicaines ne seront pas les seules à se pencher sur les chiffres de l'emploi.

La banque centrale américaine (Fed) y portera également la plus grande attention, elle qui attend d'avoir des garanties suffisantes sur la solidité du marché du travail pour relancer la normalisation de la politique monétaire.

Fin juillet, elle avait décidé de faire une nouvelle pause dans la hausse des taux, après celle historique décidée en décembre, tout en relevant que le marché du travail s'était récemment "renforcé".

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