Le taux de chômage canadien s'est maintenu à 5 % en avril

Publié le 05/05/2023 à 09:04, mis à jour le 05/05/2023 à 18:45

Le taux de chômage canadien s'est maintenu à 5 % en avril

Publié le 05/05/2023 à 09:04, mis à jour le 05/05/2023 à 18:45

Par La Presse Canadienne

Le taux de chômage dans la région métropolitaine de Québec s’est maintenu à 1,7%. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — Le marché du travail canadien n’a montré en avril aucun signe du ralentissement espéré par la Banque du Canada pour l’aider à ramener l’inflation à sa cible de 2%, ce qui, selon des économistes, pourrait forcer la banque centrale à revoir sa stratégie et à hausser les taux d’intérêt de nouveau.

La dernière enquête sur la population active de Statistique Canada a révélé vendredi que l’économie avait continué de créer des emplois en avril et que la croissance des salaires avait surpassé l’inflation.

L’économie a créé 41 000 emplois le mois dernier, a indiqué l’agence fédérale, mais tous ces gains étaient des emplois à temps partiel.

Pendant ce temps, le taux de chômage s’est maintenu à 5,0% pour un cinquième mois consécutif. Il reste ainsi légèrement au-dessus de son creux historique de 4,9%, atteint l’été dernier.

Dans une note transmise à ses clients vendredi, l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a indiqué que le dernier rapport sur l’emploi ne montrait une fois de plus «aucun signe de ralentissement pour le marché du travail».

«Si cela perdure ce printemps, la Banque du Canada pourrait encore être forcée de repenser sa pause de hausses de taux, en particulier avec le marché de l’habitation qui donne des signes de reprise.»

La banque centrale a interrompu son cycle de hausse des taux plus tôt cette année, encouragée par le ralentissement de l’inflation. Elle maintient depuis son taux directeur à 4,5%, dans l’idée que les coûts d’emprunt plus élevés devraient obliger les particuliers et les entreprises à réduire leurs dépenses et les employeurs à repenser leurs plans d’embauche.

Cependant, jusqu’à maintenant, le marché du travail est resté résilient, malgré les prévisions économiques qui prévoyaient un ralentissement pour le début de l’année.

La banque centrale a averti qu’un marché du travail tendu rendrait plus difficile le retour de l’inflation à l’objectif de 2%, car des salaires plus élevés pourraient exercer une pression à la hausse sur les prix.

Le directeur des services économiques de la Banque TD, James Orlando, estime que les détails du rapport sur l’emploi sont «mitigés». L’économie a continué à créer des emplois, mais seulement du travail à temps partiel. De plus, la croissance démographique soutient les chiffres de l’emploi depuis des mois, alors que le Canada accueille plus d’immigrants.

Et bien que le taux de chômage n’ait pas bougé, M. Orlando a observé des signes que l’embauche ne se produisait pas aussi largement dans l’économie.

«Au cours des trois derniers mois, nous sommes passés de près de 90% des secteurs qui embauchent à 69% des secteurs qui embauchent actuellement», a-t-il expliqué.

Les gains d’emplois en avril ont été menés par l’industrie du commerce de gros et de détail, tandis que les pertes les plus importantes se sont produites dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien.

Le marché du travail demeurant relativement tendu, les salaires horaires moyens ont augmenté de 5,2% d’une année à l’autre, augmentant plus rapidement que l’inflation.

L’inflation annuelle s’est établie à 4,3% en mars, et devrait ralentir à environ 3,0% d’ici le milieu de l’année, selon les prévisions de la Banque du Canada.

La vigueur persistante du marché du travail pousse la banque centrale à rester dynamique dans ses communications, même si elle maintient son taux d’intérêt directeur inchangé.

Lors d’un discours prononcé jeudi devant la Chambre de commerce du Grand Toronto, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a abordé le resserrement du marché du travail.

«La plupart des mesures de la croissance des salaires demeurent aux alentours de 4% à 5%. À moins que la croissance de la productivité ne devienne étonnamment forte, il sera difficile d’atteindre la cible d’inflation de 2% si la croissance des salaires se maintient dans cette fourchette», a affirmé M. Macklem.

Le mois dernier, le conseil de direction de la Banque du Canada a de nouveau discuté d’une hausse des taux, mais a choisi de rester en attente.

Selon M. Orlando, si l’économie continue de résister au ralentissement que la Banque du Canada tente d’organiser, les taux d’intérêt pourraient ne pas être assez élevés.

«Peut-être que la Banque du Canada doit réévaluer quel est le niveau approprié ou le taux directeur pour amener l’économie au ralentissement économique nécessaire pour faire reculer l’inflation», a affirmé M. Orlando.

Chômage en baisse au Québec

Le nombre de personnes en emploi au Québec a grimpé de 10 500 en avril, ce qui a fait reculer le taux de chômage de 0,1 point de pourcentage, à 4,1%, a indiqué Statistique Canada. Le taux de chômage dans la région métropolitaine de Québec s’est maintenu à 1,7% en avril et est demeuré le plus faible de toutes les régions métropolitaines du Canada.

Ailleurs au pays, un total de 32 700 emplois ont été créés en Ontario, ainsi que 2100 autres en Colombie-Britannique. En Alberta, 1900 emplois ont disparu.

À l’Île-du-Prince-Édouard, le taux de chômage est passé de 6,6% en mars à 7,1% en avril. L’agence fédérale a toutefois observé que l’emploi a augmenté de 2200 dans la province insulaire, ou de 2,5%, ce qui représentait une quatrième hausse dans les cinq derniers mois.

Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage est passé de 5,8% à 6,1% en avril, alors qu’en Nouvelle-Écosse, il a grimpé à 6,3%, après avoir été de 5,7% en mars.

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