Retraité, mais toujours entrepreneur

Publié le 18/02/2012 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 09:11

Retraité, mais toujours entrepreneur

Publié le 18/02/2012 à 00:00, mis à jour le 16/02/2012 à 09:11

Après 35 ans à la barre de TC Transcontinental, comme président fondateur puis président du conseil, Rémi Marcoux vient de prendre officiellement sa retraite, le 16 février. C'est sa fille, Isabelle, qui lui succède à la tête du conseil. L'évolution de l'entreprise qu'il a créée coïncide avec celle du Québec économique moderne. Il revient ici sur les temps forts de sa carrière, tout en jetant un regard sur l'avenir de TC Transcontinental et du Québec dans son ensemble.

Les Affaires - Quand vous regardez ce que vous avez accompli, qu'est-ce qui vous rend particulièrement fier ?

Rémi Marcoux - En premier lieu, c'est d'avoir bâti une entreprise à la grandeur du pays tout en créant des milliers d'emplois. Et je suis également bien fier d'avoir fait la démonstration que les Québécois savent faire des affaires et que nous sommes aussi bons que les autres. Aujourd'hui, TC Transcontinental est une société financièrement très solide, ce qui permet d'assurer sa pérennité. Nous avons des usines efficaces, nous misons sur l'excellence opérationnelle, nos employés sont bien formés, ils sont mobilisés et fiers des produits qu'ils livrent.

L.A. - Quelle était votre vision, à l'origine, pour faire votre place à côté des géants qui étaient déjà dans l'imprimerie ?

R.M. - Nous avions peu de ressources, mais nous avons utilisé nos équipements de façon avant-gardiste. En 1976, nous avons débuté avec l'idée de développer le marché des circulaires, qui était alors pratiquement inexistant. La grosse percée s'est d'abord effectuée par notre entrée sur le marché de Toronto, en 1981, où il y avait une nouvelle génération de presses spécialisées. Nous nous sommes ensuite implantés à Calgary. Un client pouvait donc obtenir un produit uniforme d'un bout à l'autre du pays à coûts avantageux. Et nous avons encore une position de force dans ce marché des circulaires à travers le Canada.

L.A. - Voyez-vous d'autres virages décisifs dans l'évolution de TC Transcontinental ?

R.M. - Avant notre entrée en Bourse, en 1984, il y a eu l'achat du journal Les Affaires. Nous en étions l'imprimeur. Le propriétaire, Jean-Paul Levasseur, avait dû soudainement prendre la relève de son père qui venait de mourir. Il nous devait de l'argent. Nous avons fini par nous entendre sur une transaction. Après un intérim à la direction, Claude Beauchamp est arrivé en fonction, venant du Soleil, à Québec. Claude a monté une équipe, il est allé chercher Jean-Paul Gagné comme rédacteur en chef, tout le monde a travaillé très fort et le journal s'est redressé. Ça a été un moment décisif. Toujours dans le secteur de l'édition, nous avons acheté Télémédia en 2000 [qui édite par exemple Coup de pouce et Elle Québec]. La bouchée était grosse. Heureusement, nous avions de bonnes relations avec la famille de Gaspé Beaubien et la vente s'est bien déroulée. Ça a coïncidé avec notre implication dans les hebdos. Nous en avions peu, mais nous avons eu l'occasion d'en acheter des blocs de Cogeco, Télémédia et Unimédia, et nous avons foncé.

L.A. - Y a-t-il des choses que vous feriez autrement ?

R.M. - Fondamentalement, non. Mais sur le plan personnel, il est beaucoup question aujourd'hui de la conciliation travail-famille. À cette époque, ce n'était pas une préoccupation. J'ai été privilégié, parce que ma femme Carmelle s'est occupée des enfants. Avec tout le travail à faire, je n'étais pas souvent là. Je le regrette un peu.

L.A. - Comment voyez-vous l'avenir pour TC Transcontinental ?

R.M. - Nous avons une position très forte dans l'imprimerie, surtout avec l'autorisation que vient de nous donner le Bureau de la concurrence pour l'acquisition de Quad Graphics. C'est un curieux retour des choses, parce que Quebecor World a déjà été le plus gros imprimeur du monde avant de faire faillite. On ne peut plus s'attendre à de gros taux de croissance, nous sommes réalistes, mais l'industrie va se maintenir. Dans l'édition, nous avons des contenus extraordinaires que nous allons déployer sur des plateformes multiples. Notre futur est en partie là. L'équipe de direction comprend ces enjeux. Nous avons aussi une bonne situation financière, qui nous permet d'expérimenter certaines avenues.

L.A. - Et quels développements entrevoyez-vous pour les médias écrits ?

R.M. - Ils vont demeurer, mais on doit s'attendre à une fusion entre le papier et l'électronique. L'un va alimenter l'autre et vice-versa. Regardez le Globe and Mail, un journal national qui déploie ses contenus sur bien des plateformes et qui est en croissance. C'est une voie d'avenir.

L.A. - Récemment, TC Transcontinental a reconcentré ses activités au Canada. Est-ce à dire qu'elle renonce à l'international ?

R.M. - Nous avons une base solide qui génère de l'argent et qui nous permet d'investir dans les nouvelles technologies. Je suis convaincu que nous allons retourner en force aux États-Unis. Nous aurons les moyens de le faire. Nous aurons autant les sous que l'expertise.

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